Un technocrate vient d’être nommé à la tête du gouvernement. Qu’en dites-vous ?
Un technocrate oui, c’est très bien. Je pense qu’il y a une réalité, c’est qu’à l’heure actuelle les Congolais n’attendent pas la technocratie, mais plutôt la concrétisation des promesses faites par les autorités. Ce qui est important et notre souhait est que le Premier ministre soit à même de résoudre les problèmes sociaux. C’est un défi majeur. Il devra par la suite voir comment relancer effectivement la coopération. L’amélioration du climat des affaires est aussi importante, dans la mesure où elle pourra permettre de bénéficier des investissements. Et cela sera profitable pour réduire, tant soit peu, le chômage qui bat son plein en RDC.
Pensez-vous que le Premier ministre Matata aura la tâche facile ?
La tâche du Premier ministre n’est pas si facile que ça. Le Congo, disons-le, se trouve encore dans un gouffre. Cependant, il y a des chances que si tout est fait dans l’intérêt général de la nation, de vite sortir de ce gouffre pour se remettre à l’espace plat, et ainsi envisager un quelconque décollage. C’est comme une personne atteinte de la septicémie, il faut un peu plus de temps pour des soins appropriés. Depuis un bout de temps, les Congolais ont pris patience pour observer l’évolution de la situation. Rappelez-vous, depuis 2010, on a parlé de l’annulation de la dette du pays. C’est maintenant que tous les Congolais attendent voir les effets de cette annulation, et c’est à cela que le gouvernement doit s’employer.
La nomination de Matata répond-elle à la volonté extérieure ?
Les pays d’Afrique ont toujours des pions qui oeuvrent au profit des puissances internationales. Nous espérons que ce ne soit pas le cas avec Matata Ponyo pour les institutions de Bretton Woods. Dans l’hypothèse que sa nomination réponde à la volonté de ces institutions. Ce qui va nous intéresser ne serait que l’aptitude de son gouvernement à répondre aux minima des attentes des Congolais. Les conditions de vie, de transport, l’eau et l’électricité… On peut tout faire pour plaire à la communauté internationale, mais quand le peuple se décide autrement tout s’arrête. Les exemples sont légions…
Qu’est-ce qui explique, selon vous, le choix de Matata ?
Je crois que le choix du Premier ministre actuel peut s’expliquer. Le concerné a pris part au mandat précédent. Il a participé à plusieurs forums économiques, en représentant le pays. Il a évolué dans le secteur bancaire, sans compter son passage au BECCO. Il est parmi les acteurs principaux du processus qui a conduit à l’annulation de la dette extérieure. Dans la logique, il fallait prendre quelqu’un qui est resté dans ce rouage, pour voir comment actionner les choses par rapport à l’avenir. Il dispose d’atouts nécessaires pour faire un bon mandat, s’il peut être à l’abri des influences politiques.
Peut-on s’attendre à un gouvernement d’ouverture ?
Le président de la République devra tenir parole sur l’ouverture annoncée lors de son investiture. A mon avis, il ne sera pas question de prendre les partis d’Opposition, mais je pense, au-delà des partis, il y a des individus compétents au sein de l’Opposition qui peuvent aussi servir la nation et le peuple. Vous savez que nous sommes habitués, depuis un certain temps, à ne voir que des politiques occuper des postes ministériels. Je pense qu’il est temps qu’on nous présente des personnes soucieuses du pays, plutôt que de politiciens soucieux de faire la volonté des partis pour lesquels ils ont eu le quota de participer au gouvernement. Une chose est vraie, le président de la République, cette fois-ci, n’aura pas de contraintes d’alliance comme en 2006. Il pourra être seul décideur, et surtout décider à temps en faveur du peuple. Matata ne formera pas un gouvernement d’alliance comme celui de 2006. Il a ainsi toutes les chances d’avoir autour de lui une équipe réellement homogène.