La campagne électorale avant l’heure dans les réseaux sociaux en République démocratique du Congo est une menace pour la démocratie. Cette pratique viole les règles électorales, crée des déséquilibres entre les acteurs politiques, polarise la société et favorise la diffusion de fausses informations. Il est essentiel de réguler les réseaux sociaux, de renforcer les lois sur la diffamation et la désinformation, et de mener des campagnes d’éducation et de sensibilisation pour protéger la démocratie en RDC. Seule une participation équitable et éclairée de tous les citoyens permettra de consolider la démocratie et de garantir des élections libres et justes. Les candidats enregistrés doivent ainsi comprendre que convaincre les potentiels électeurs, oui, mais pas avant l’heure.
Dans toute tentative de conquête du pouvoir, l’usage des moyens de communication revêt une dimension stratégique fondamentale. La République démocratique du Congo ne fait pas exception à cette évidence avec les élections prévues en décembre 2023. La nouveauté c’est que les effets produits par les nouvelles technologies de l’information et de la communication sur la démocratie congolaise risquent de servir d’influence majeure et dicter les comportements des acteurs. Kinshasa et les autres grandes villes du pays subissent déjà le coup avec, notamment, une campagne avant l’heure sur les réseaux sociaux. Le phénomène est bien préoccupant avec la montée de diffusion massive de messages politiques et de propagande, bien avant le début officiel de la campagne électorale dans un pays où la population est caractérisée par l’importance de sa jeunesse 60 % sur les estimations des 100 millions d’habitants et où le taux de pénétration de l’internet est estimé 20 % (17,6 % en 2022 selon un des rapports Kepios).
Le constat aujourd’hui c’est qu’avec la publication par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) des listes définitives des candidats aux législatives nationales, les candidats sont tous déjà en campagne dès lors que la présentation de la candidature est déjà une forme de campagne. Via des comptes Facebook et twitter, chacun prend soin d’afficher son numéro, diffuse un message, etc., une pratique qui vise à influencer l’opinion publique.
Pour rappel, le calendrier électoral fixe la période de campagne électorale du 19 novembre 2023 au 18 décembre 2023. C’est dire qu’avant cette période, toute campagne électorale, tel est le cas, est illégale. Surtout que la campagne électorale avant l’heure peut également conduire à la diffusion de fausses informations et de discours de haine, ce qui nuit à la cohésion sociale et à la stabilité du pays.
La campagne électorale précoce est sanctionnée par des amendes fixées par la Loi. En outre, le Conseil Supérieur de l’Audio-Visuel (CSAC) peut s’opposer à la diffusion de campagnes électorales précoces si elles enfreignent les dispositions légales concernant les délais de campagne. Mais quelles seront les limites, mieux, les marges d’action concernant les réseaux sociaux ? Face à cette situation préoccupante, il est nécessaire de mettre en place des mesures de régulation des réseaux sociaux en RDC. Ces mesures devraient viser à limiter la diffusion de messages politiques et de propagande avant le début officiel de la campagne électorale. Il est également essentiel de renforcer les lois sur la diffamation, la désinformation et les discours de haine, afin de protéger la démocratie et la cohésion sociale.
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