Lors d’une conférence de presse tenue jeudi 19 octobre 2023 à Kinshasa, les Reporters Sans Frontières (RSF) , à côté de l’organisme Journaliste en danger (JD), ont estimé que l’arrestation du correspondant de Jeune Afrique est « anachronique », pendant cette période cruciale où la République démocratique du Congo est lancée dans un processus électoral.
Pour les RSF, le cas de Stanis Bujakera vient relancer le débat sur la protection de droits de journaliste en RDC, tout en indiquant que ce cas met en mal l’image du régime politique en place.
En effet, M. Sadibou Marong, directeur Afrique subaérienne des Reporters Sans Frontières, l’arrestation et la détention arbitraire du journaliste de l’Actualité.cd pourra faire perdre à la RDC les points de ranking sur la liberté de la presse, un recul. Cela, par rapport aux acquis enregistrés entre 2019 et 2020. Il a dénoncé également “l’ingérence politique” dans la situation de Stanis Bujakera, en affirmant que ce journaliste est un prisonnier qui gêne.
« …La situation des journalistes en RD-Congo n’est pas très reluisante. Il est anachronique de voir des journalistes en prison à l’orée d’un processus électoral crucial pour la vie de la nation… il y a ce qu’il va se passer dans l’arène juridique et les avocats vont faire en sorte que le droit soit dit, mais on a conscience que c’est un dossier d’une nature éminemment politique », a fait savoir Sadibou Marong.
Par ailleurs, les RSF appellent les autorités congolaises à la libération de ce chevalier de la plume et à la justice d’abandonner toute charge portée contre lui, car ils estiment que les accusations initiées contre Stanis Bujakera sont « intolérables ».
« …On accuse un journaliste d’avoir été à l’initiative d’un complot ourdi à l’extérieur pour diffuser des informations qui seraient compromettantes pour le régime. L’accusation aura bien du mal à se sortir de ces charges, qui sont complètement grotesques », a, pour sa part, argué Arnaud Froger, responsable de desk investigation au Bureau de Paris des RSF.
Pour rappel, Stanis Bujakera a été arrêté le 8 septembre 2023 à l’aéroport international de N’Djili, où il voulait voyager . Depuis lors, il reste incarcéré à la prison centrale de Makala à Kinshasa. La justice l’accuse de « propagation de faux bruits » et « diffusion de fausses informations », dans la publication d’un article de Jeune Afrique, sur les renseignements de meurtre de Chérubin Okende, député national, ancien ministre des Transports, Voies de Communication et Désenclavement, et porte-parole de parti Ensemble pour la République de l’opposant Moïse Katumbi, candidat à la présidentielle de 2023.
Jean-Baptiste Leni