Il aurait été surprenant que certains candidats à la présidence de la République se lancent dans la course, étant donné qu’ils n’ont aucun poids politique pour rivaliser avec le chef de l’État Félix-Antoine Tshisekedi, qui vise un second mandat. Ses réalisations durant son premier quinquennat lui confèrent un avantage certain.
Ces candidats, conscients de leur inévitable échec retentissant lors de la présidentielle du 20 décembre 2023, se précipitent déjà pour contester les résultats de ce scrutin et semer le chaos. Il est ironique de constater que cela se produit avant même le début officiel de la campagne électorale et l’organisation des élections.
En effet, jeudi 16 novembre, dans un communiqué conjoint, 10 d’entre eux ont accusé sans scrupule la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de vouloir organiser “des élections non crédibles et apaisées”.
Selon ces candidats à la présidence, “il est évident que la CENI se prépare à organiser un simulacre d’élections aux conséquences dangereusement chaotiques, dont la CENI et le pouvoir en place assumeront seuls la responsabilité”.
Les signataires de ce document affirment que la CENI ne les a pas convaincus lors de leur concertation, lundi 13 novembre, sur leurs préoccupations relatives à la fiabilité du fichier électoral, aux duplicatas des cartes d’électeurs, à la disponibilité de la cartographie électorale, et au déploiement à temps des dispositifs électoraux de vote (DEV) dans tous les bureaux de vote. Par conséquent, “ces candidats à la présidence de la République appellent la CENI à organiser, avec eux, dans les vingt-quatre heures, une nouvelle réunion de concertation. Dans le cas contraire, ils prendront leurs responsabilités devant Dieu, la nation et l’histoire”.
Étant donné que ces candidats sont déjà engagés dans une démarche de contestation, ils ne changeront pas d’avis même si cette institution d’appui à la démocratie leur avait offert un autre cadre pour discuter de leurs préoccupations. De plus, de nombreuses personnes estiment que ces candidats cherchent simplement à retarder les choses, d’autant plus qu’ils ne sont pas prêts pour les élections.
Il convient également de souligner que la mission d’observation électorale Cenco-Ecc, qui avait soulevé les mêmes préoccupations par le passé, a été pleinement informée par la CENI lors de la réunion du jeudi 16 novembre, abordant toutes les questions relatives à la cartographie électorale, à l’affichage des résultats des élections bureau par bureau de vote, ainsi qu’au prétendu deuxième enrôlement des électeurs, etc.
À l’issue de ces travaux, Monseigneur Donatien Nshole, membre de la délégation de la mission d’observation Cenco-Ecc, a exprimé sa satisfaction, notamment concernant le prétendu deuxième enrôlement des électeurs, faussement imputé à l’organisation.
“Je viens d’apprendre qu’il y a à distinguer entre le FO 1 et le FO 6. Le FO 1 c’est le formulaire qu’on remplit quand on est enrôlé. Le FO 6 est celui que l’on remplit quand on a perdu la carte d’électeur. Donc, ce n’est pas la même chose. La CENI n’a pas organisé un deuxième enrôlement, et ça nous rassure”, a-t-il déclaré.
Il convient de se demander si la mission d’observation électorale Cenco-Ecc, à laquelle participe une personnalité de la stature de Monseigneur Donatien Nshole, peut se tromper à un tel niveau, d’autant plus que ces candidats, qui ne bénéficient pas de l’expérience d’observateurs électoraux aguerris, pourraient être encore plus susceptibles de commettre des erreurs.
La CENI recadre et assure
Par ailleurs, la CENI a récemment réfuté les doutes émis par ces 10 candidats concernant la fiabilité du nombre d’électeurs repris dans le fichier électoral, soulevés par la mission d’observation électorale Cenco-Ecc.
Selon la centrale électorale, les allégations de la mission d’observation électorale CENCO-ECC concernant la multiplicité du nombre d’électeurs repris dans le fichier électoral sont “non fondées”. Dans un communiqué rendu public le jeudi 16 novembre, la CENI a confirmé que le nombre d’électeurs repris dans son communiqué de presse n° 024/CENI/2023 du 22 mai 2023 est effectivement de 43 955 181, incluant les électeurs enrôlés dans les 5 pays à l’étranger.
Après avoir effectué une « analyse approfondie » de la cartographie des bureaux de vote, consultée sur son site web, la CENI a précisé que 43 941 891 électeurs ont été enregistrés dans les 26 provinces de la RDC, alors que la loi N°23/025 du 15 juin 2023 portant répartition des sièges mentionne un total de 43 491 891 électeurs en RDC, soit une différence de 450 000 électeurs. De plus, la répartition des votants dans la cartographie des bureaux de vote indique 44 541 683 d’électeurs inscrits, soit une différence de 1 049 792 électeurs par rapport aux statistiques ayant déterminé la répartition des sièges.
En revanche, la CENI a détaillé que sur les 43 955 181 électeurs enrôlés, y compris ceux de 5 pays à l’étranger, il convient de soustraire les 13 290 électeurs enrôlés dans la diaspora, qui ne sont pas pris en compte dans la répartition des sièges au niveau des Assemblées à tous les niveaux. En définitive, 43 955 181 (Total enrôlés sur le territoire national + Diaspora) – 13 290 (Total enrôlés dans la Diaspora) = 43 941 891, qui est le total d’électeurs enrôlés dans les 26 provinces de la République démocratique du Congo. La CENI a affirmé que ce nombre est conforme au communiqué de presse susmentionné et à l’avant-projet de loi portant répartition des sièges transmis au Parlement. Elle a également invité toute personne ayant des doutes à vérifier ces chiffres au Parlement.
En ce qui concerne la question de la répartition des sièges, la centrale électorale a précisé qu’elle avait déjà relevé une erreur de transcription dans sa loi afférente. Selon elle, les allégations de la MOE CENCO-ECC à ce sujet se rapportent à cette « coquille ».
La CENI a souligné que « La CENI n’a jamais communiqué le nombre de 44 541 683 électeurs. Il découlerait des combinaisons mathématiques que la MOE CENCO-ECC seule pourrait clarifier ».
En ce qui concerne le déploiement dans le délai des dispositifs électroniques de vote (DEV), la centrale électorale a récemment rassuré que les matériels attendus de la Corée vont arriver incessamment en RDC et seront répartis sur différents sites retenus pour l’installation des bureaux de vote.
Par ailleurs, le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, a assuré le financement de son gouvernement pour la tenue effective des élections générales au pays à la date prévue, lors d’une interview accordée à RFI et France 24 le jeudi 16 novembre. Il a fait savoir que le gouvernement et la CENI discutent sur le décaissement de 30 millions de dollars américains dont cette institution d’appui à la démocratie a besoin pour l’organisation des élections. Il a rassuré en précisant que les fonds ne viendront pas d’un coup, mais s’étaleront jusqu’à la période électorale, et qu’il n’y a pas d’inquiétude à ce sujet.
Malgré ces assurances, certains candidats à la présidence de la République continuent de douter que les élections seront organisées dans le délai. Et pourtant, la campagne électorale, qu’ils ne pensaient pas autrefois débuter aussi dans le délai, sera lancée officiellement ce dimanche 19 novembre sur toute l’étendue du territoire national.
Face à ces développements, les candidats à la présidence de la République ne peuvent plus continuer à proférer des menaces. Plus d’un observateur estime que ces candidats, qui sont loin d’avoir achevé leurs manœuvres dilatoires, se trouvent confrontés à une situation inéluctable. Ils sont rattrapés par le temps perdu. Au lieu de se préparer aux élections, ils ont passé leur temps à accuser faussement le pouvoir en place de vouloir écarter certains candidats à la présidentielle, de vouloir reporter les élections, etc. Maintenant qu’ils réalisent qu’ils ne peuvent plus rattraper le temps perdu, ils s’inscrivent dans le schéma de la contestation et du chaos.
La Rédaction