La majorité et l’opposition sont pour la démocratie ce que sont les jambes pour notre corps. Les deux jambes doivent être en place pour l’équilibre du corps. Si un manque, c’est le déséquilibre. S’il y a une majorité, il doit y avoir une opposition.
L’une ne doit pas souhaiter la disparition de l’autre. Pour cette raison, nous devons laisser un couloir à l’opposition. La nôtre est dans une difficulté certaine.
Non seulement elle est désunie face à une forte majorité compacte, mais elle est aussi coupée du peuple. Incapable de mobiliser, elle n’est pas capable de mettre la population dans la rue pour se faire entendre.
Oui, la rue donne un certain crédit à un combat politique. Malgré la dénonciation non fondée de la tricherie, le déferlement de la population dans la rue pour fêter la réélection de Fatshi a battu en brèche ces accusations.
C’est sûrement l’une des raisons pour lesquelles toute la communauté internationale a vite reconnu sa victoire et les félicitations ont commencé à pleuvoir.
L’opposition se retrouve orpheline. Sans l’appui habituel de l’église, sans légitimité populaire et sans crédibilité sur le plan international.
Or, nous avons besoin que cette opposition existe pour que notre démocratie ait de la saveur. Pour le moment, elle est agonisante. Nous n’avons pas besoin de continuer à tirer impitoyablement sur elle alors qu’elle est dans une ambulance.
Ce n’est pas humain de tirer sur l’ambulance qui transporte un adversaire. Avec un peu d’humanité, nous devons l’aider à atteindre l’hôpital. Oui, notre opposition est dans une ambulance. Ne continuons pas à vider nos chargeurs sur elle. La loi portant organisation de l’opposition prévoit qu’elle doit avoir un porte-parole et un budget est prévu pour son fonctionnement.
L’élection de son porte-parole doit être facilitée par le Parlement ; C’est-à-dire par la majorité qui contrôle les deux chambres.
Jusque-là, ça n’a jamais été fait. Nous plaidons pour que notre majorité le fasse et que le chef de file de l’opposition soit honoré.
Dans le même ordre d’idées nous conseillons d’atténuer la teneur du feu déversé sur les opposants dans les réseaux sociaux.
Nous l’avons constaté avec la sortie ratée de Moïse Katumbi. Beaucoup sont revenus sur la forme très ratée de son adresse, allant de l’accoutrement aux gestuelles. Il a lui-même raté l’occasion de féliciter le gagnant de l’élection présidentielle en vue porter le costume d’un leader de l’opposition responsable.
Il s’est contenté de lire un texte qui ne tient pas compte de la réalité tant nationale qu’internationale.
Martin Fayulu avait aussi raté sa communication postélectorale. Il s’est davantage engouffré dans son radicalisme hyperbolique. Sans aucun élu dans les Assemblées législatives, ni Ministre ni mandataire, il va bientôt se retrouver politiquement seul. Un vide va se créer autour de lui.
Le docteur Mukwege s’y est frotté et s’y est brûlé. Il a vendu la crédibilité que lui avait procurée le prix Nobel de la paix. Comme avait déclaré Fatshi pendant la campagne électorale, » prix Nobel azuaki wana nde languisaki ye ».
Matata Ponyo technocrate de son état, il a broyé du noir. Le dossier Bukangalonzo qui poursuit son cours à la Cour Constitutionnelle lui colle à la peau et ne lui facilitera pas la tâche en politique.
Quant à Delly Sesanga, la déception qu’il avait connue dans la majorité lors de la redistribution des cartes, à l’instar de Franck Diongo, l’avait précipité dans l’opposition.
Tout en sachant que son espace géographique est totalement acquis à Fatshi, il a choisi de l’affronter à l’élection présidentielle.
Un très mauvais calcul qui a joué contre lui. Il n’a pas voulu emboîter le pas à son ami Lubaya qui dans sa déception est passé à l’opposition et est resté stoïque.
Il est clair que notre opposition manque de leader et aura du mal à se relever. Elle est presque morte de sa belle mort. Plutôt que de l’accompagner à la tombe, amenons-la à la salle d’urgence.
Ne continuons pas à tirer sur l’ambulance qui la transporte.
Humanité oblige.
MBIKAYI MABULUKI Steve