La crue du majestueux fleuve Congo, observée depuis quelques semaines dans toutes les zones où il s’écoule, devrait inspirer une réflexion au-delà des explications naturelles liées à la pluviométrie. Elle met en lumière l’urbanisation désordonnée, surtout dans les grandes agglomérations, qui étouffe les différents lits de ce fleuve majestueux ainsi que les autres rivières qui s’y déversent. La baie de Ngaliema à Kinshasa en est une illustration évidente, tout comme la somptueuse et luxueuse Cité du Fleuve, située à Kingabwa, dans la commune de Limete.
Autrefois enviée, cette agglomération artificiellement nantie, érigée sur d’anciens marais asséchés sur les rives du fleuve Congo, est aujourd’hui à l’agonie, engloutie par la colère des eaux du fleuve qui reprennent leurs droits. Les grosses voitures qui défilaient hier sont aujourd’hui remplacées par de modestes pirogues de fortune. Du paradis à l’enfer !
Tout au long de son parcours à Kinshasa, la crue, avec des eaux montées d’environ 7 mètres, a un impact direct sur la vie quotidienne des riverains. À Kinshasa, les habitants des communes de Ngaliema, de Barumbu, etc., tentent en ce début d’année 2024 de composer tant bien que mal avec cette montée des eaux, tandis que plusieurs provinces sont également touchées par des inondations.
Cette situation contraint certains à quitter leur domicile. Pour d’autres, sans autre option, c’est leur santé qui est mise à mal. Certains se retrouvent piégés, ne sachant à quel saint se vouer. C’est l’image d’un monde apocalyptique où des humains, qui se croyaient plus forts, se retrouvent fatalement sans issue face à une nature qui reprend ses droits.
Qu’il pleuve ou non, l’urbanisation en République démocratique du Congo doit impérativement intégrer le respect de la nature. Sinon, celle-ci, comme l’avait si bien dit l’écrivain français Jean Dutourd, se venge toujours de la science, l’homme sous-entendu, qui l’opprime, la défigure et la pollue.
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