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2 juillet, 2024 - 12:29:40
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Crue du fleuve Congo : “Il faudrait envisager l’exportation de l’excédent éventuel de l’eau du bassin du Congo vers ces bassins assoiffés” (Prof. Kasongo Numbi)

Le fleuve Congo a atteint son niveau le plus élevé depuis plus de soixante ans, provoquant des inondations en République démocratique du Congo (RDC) et en République du Congo. Mercredi 10 janvier, le fleuve a atteint 6,20 mètres au-dessus du niveau de la mer, proche du record de 1961 de 6,26 mètres. Même si le Centre météorologique national a annoncé, en fin de semaine dernière, la décrue du fleuve Congo entre fin janvier et début février, des experts en la matière se penchent sur cette catastrophe. C’est le cas du Professeur Kasongo Numbi, Docteur en sciences hydrogéologie. Ce professeur de géologie de génie civil à l’Université de Kinshasa soutient qu’il faudrait mener des études dont les conclusions pourraient amener la République démocratique du Congo à envisager l’exportation de l’excédent éventuel de l’eau du bassin du fleuve Congo vers ces bassins assoiffés. 

Exclusif

Prof Kasongo Numbi

« En hydrologie, il faut distinguer le niveau limnométrique, qui correspond à la hauteur du cours d’eau à un endroit donné, et le débit, qui représente le volume d’eau qui passe par unité de temps, indépendamment de la forme et de l’étendue du lit du cours d’eau à cet endroit. Ainsi, le niveau de l’eau dépend de la forme géométrique et de l’étendue du lit, tandis que le débit est lié au volume d’eau qui s’écoule.

Pour un même débit, si le lit s’élargit suite à l’érosion, par exemple, le niveau de l’eau va baisser. En revanche, si le lit se rétrécit suite au dépôt de sable ou à des activités humaines, le niveau de l’eau va augmenter. Il est évident que la montée exceptionnelle du niveau d’eau du fleuve observée actuellement aux endroits dont vous parlez n’est pas due à la modification de la forme ou de l’étendue du lit du fleuve, mais visiblement à l’augmentation du débit. Ainsi, il y a bien une crue, comme vous l’avez mentionné.

Cependant, l’analyse fréquentielle qui permet de fournir des réponses chiffrées à vos questions porte sur les débits et non sur les niveaux. Notre laboratoire, le Laboratoire d’Aménagements Hydrauliques et d’Ingénierie de Production Energétique (LAH-IPE) de l’Université de Kinshasa, a effectué, par le travail de mémoire de l’ingénieure agronome Jiveline Bolomba, l’analyse fréquentielle des débits du fleuve Congo. Ce travail peut non seulement donner la probabilité d’atteindre ou de dépasser le débit de cette crue, mais aussi sa récurrence, c’est-à-dire, dans combien d’années une crue égale ou supérieure reviendra.

Ainsi, connaissant sa période de retour, les décideurs peuvent prendre des mesures préventives pour minimiser les dégâts qu’elle causera lorsqu’elle reviendra. Mademoiselle Bolomba obtiendra cette semaine à la Snel le débit de cette crue et pourra déterminer la probabilité d’atteindre ce débit ainsi que le nombre d’années qu’il faudra attendre pour le revoir. Les réponses chiffrées vous seront donc données à la fin de la semaine.

Cependant, l’analyse fréquentielle ne prend pas rigoureusement en compte les effets du changement climatique. Il est donc nécessaire de corriger les données de l’analyse fréquentielle en tenant compte du changement climatique, car elle-même peut mettre en évidence ces effets.

En outre, il est important de mentionner l’exportation d’une partie de l’eau du bassin du fleuve Congo vers des bassins qui en manquent. Au nord, il s’agit du bassin du fleuve Nil et du bassin versant du lac Tchad. Au sud, il s’agit du bassin du fleuve Zambèze et celui du fleuve Okavango. Il est suggéré de mener des études dont les conclusions pourraient amener notre pays à envisager l’exportation de l’excédent éventuel de l’eau du bassin du fleuve Congo vers ces bassins assoiffés.

En effet, l’eau brute peut se vendre à 0,3 dollar par mètre cube. Si notre pays peut vendre l’excédent en moyenne de deux mille mètres cubes par seconde, cela lui rapporterait un chiffre brut de 52 millions de dollars par jour, soit 19 milliards de dollars américains par an. Cela équivaut à ce que lui rapportent aujourd’hui les mines et les hydrocarbures réunis. Il est difficile de comprendre la réticence des décideurs à vendre cet excédent, qui nous cause chaque année des dégâts jusqu’à la perte de vies humaines, alors que cela pourrait nous rapporter annuellement environ 20 milliards de dollars américains, dont nous avons cruellement besoin pour pacifier notre pays, par exemple ».

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