« Tika muana » (cessez d’harceler les jeunes filles : Ndlr) est un cri de chant qui était lancé, à l’orée de la décennie 1990, par feu l’artiste musicien congolais Pépé Kallé, dans son album « Merci Maman » au rythme de Ndombolo ; danse qui a endiablé plusieurs Kinois et Kinoises. Selon certaines indiscrétions, le chef de l’orchestre Empire Bakuba dénonçait à travers ce cri de chant les anciens dignitaires de régime de feu le Maréchal Mobutu qui couraient derrière les jolies jeunes filles. Ecolières et étudiantes.
A 12 heures ou 17 heures, les heures de sortie de classe, les belles limousines, à l’affût de jolies nanas, parquaient devant les entrées principales des écoles ou des universités. A bord des engins de séduction, se trouvaient soit les chauffeurs de boss ou des chasseurs de jolies filles eux-mêmes. Chers lecteurs, inutile de me demander la destination. Les initiés qui rient sous cape, en sont bien informés.
Visiblement lassé de ce vice qui gangrenait la société congolaise à l’époque, Pépé Kallé n’avait que son morceau musical « Tika muana » pour s’attaquer à ces don juan. Mais, 25 ans après, il a semblé prêcher dans le désert, car la liste de ces hommes sans scrupule pour séduire les femmes ne fait que s’allonger. Si hier, ceux qui se livraient sans vergogne à cette pratique se comptaient parmi les dignitaires du régime Mobutu, aujourd’hui, plusieurs professeurs des universités font la même chose.
Aussi bien à Kinshasa qu’à l’intérieur du pays. Ces hommes qui doivent, en principe, servir de modèle, à nos enfants, l’avenir de notre pays, semblent pousser le bouchon trop loin. L’un d’eux a été appréhendé, jugé et condamné au début du mois de février. Professeur de l’Université de Likasi, ce don juan est condamné à 10 ans de prison pour “viol sur plusieurs étudiantes”.
Si d’autres victimes craignaient de le dénoncer, cette fois-ci, l’une de ses étudiantes, a décidé de le traduire en justice. Le verdict a été salué par plusieurs femmes leaders de Lubumbashi. En vérité, en vérité, cette peine a sa juste valeur, car elle va dissuader ces professeurs véreux qui doivent savoir qu’au-delà d’être pères, sont appelés à être des modèles.
Ce verdict doit décourager les enseignants qui profitent de leur supériorité pour commettre des abus sur les élèves ou les étudiantes. Gare à ces don juan qui envahissent et polluent nos universités. A l’unisson disons « Tika muana », car les enseignants ne doivent pas se détourner de leur mission principale qui est de former la jeunesse.
Cardoso Ludi