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3 décembre, 2024 - 11:53:16
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International

Attentat à Moscou : Poutine met en cause les « islamistes radicaux », tout en incriminant l’Ukraine

Trois jours après l’attaque sanglante contre une salle de concert près de Moscou, qui a fait 143 morts (selon le dernier bilan) , vendredi 22 mars, le président russe, Vladimir Poutine, a pointé du doigt la responsabilité d’ « islamistes radicaux », persistant également à faire un lien avec l’Ukraine, où les assaillants auraient, selon lui, tenté de fuir. Ce, malgré les dénégations officielles de Kiev. En France, le gouvernement a rehaussé le plan Vigipirate à son niveau le plus élevé et Emmanuel Macron a confirmé que la branche Daesh « impliquée » avait mené « plusieurs tentatives » sur le territoire. 

Pour la première fois, Vladimir Poutine a affirmé, lundi 25 mars, que l’attentat contre le Crocus City Hall, une salle de spectacle située à 20 kilomètres au nord-ouest du centre de la capitale russe, avait été commis par « des islamistes radicaux », mais persiste sur un lien avec l’Ukraine.

« Nous savons qui a commis cette atrocité contre la Russie et son peuple. Ce qui nous intéresse, c’est le commanditaire », a-t-il expliqué. « Il est important de répondre à la question de savoir pourquoi les terroristes, après leur crime, ont essayé de partir en Ukraine ? Qui les attendait là-bas ? Ceux qui soutiennent le régime de Kiev ne veulent pas être des complices de la terreur et des soutiens du terrorisme, mais beaucoup de questions se posent », a dit le président russe. « Immédiatement, on se demande à qui cela profite ? Cette atrocité peut être un nouvel épisode de la série de tentatives de ceux qui, depuis 2014, combattent notre pays à travers le régime néonazi de Kiev », a-t-il affirmé. « Et les nazis, c’est bien connu, n’ont jamais dédaigné utiliser les méthodes les plus sales et les plus inhumaines pour atteindre leurs objectifs », a-t-il déclaré.

Selon Vladimir Poutine, les auteurs de l’attentat voulait « semer la panique et la discorde dans notre société, mais ils se sont heurtés à l’unité et la détermination pour tenir tête à ce mal ».

Le week-end dernier, Vladimir Poutine et ses puissants services de sécurité, le FSB, se refusaient toujours à mentionner la piste djihadiste, évoquant de concert une piste ukrainienne vigoureusement démentie par Kiev et les Occidentaux. « L’enquête est en cours, pas de commentaires », a déclaré en substance, lundi 25 mars, le porte-parole de la présidence, Dmitri Peskov.

Malgré une légère inflexion de Vladimir Poutine, pour Moscou, c’est sans conteste l’Ukraine qui est derrière cet attentat considéré comme le plus sanglant qu’ait connu la capitale russe, dépassant même en nombre de victimes celui du théâtre de la Doubrovka commis en 2012 par des terroristes tchétchènes, alors que l’État islamique apporte une nouvelle preuve de son rôle dans le massacre du Crocus City Hall. Le groupe terroriste a publié sur son organe de propagande des images filmées par les assaillants.

Dimanche 24 mars, la réponse du gouvernement ukrainien ne s’est fait pas attendre. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a affirmé que le président russe « est menteur pathologique ». « Il tente maintenant de lier l’Ukraine ou des pays occidentaux au massacre de Moscou, sans aucune preuve (…) Son but est de motiver les Russes pour mourir dans leur guerre insensée et criminelle contre l’Ukraine », a-t-il ajouté.

Les accusations de Vladimir Poutine ont été vertement balayées par Volodymyr Zelensky. « Poutine et les autres salauds essaient juste de rejeter la faute sur quelqu’un d’autre, de trouver un coupable, leur méthode de trouver un coupable est toujours la même », a déclaré le président ukrainien dans une vidéo.

L’armée ukrainienne continue, quant à elle, de frapper des positions russes dans le port de Sébastopol, en Crimée occupée, où deux navires de la flotte russe de la mer Noire ont été touchés dans la nuit de samedi à dimanche.

Le choc provoqué en Russie évoque immanquablement les heures sombres du 13 novembre 2015, après l’attentat du Bataclan à Paris. C’était là aussi, une veille de week-end, dans une salle de spectacle où un public nombreux était venu assister à un concert de rock.

DÉTENTION PROVISOIRE

72 heures après le drame, de nombreuses questions restent en suspens, notamment sur l’identité et les motivations des quatre principaux suspects. Ces derniers, dont au moins un est originaire du Tadjikistan en Asie centrale, ont déjà été placés en détention provisoire jusqu’au 22 mai. Ils encourent une peine de prison à perpétuité.

Après de brèves audiences, trois autres suspects ont été placés, lundi 25 mars, en détention provisoire jusqu’à la même date. Selon l’agence de presse RIA Novosti, il s’agit d’un père et deux de ses fils, dont l’un, né à Tadjikistan, a la nationalité russe. Les autorités russes avaient annoncé, samedi 23 mars, avoir arrêté au total onze personnes et n’ont pas confirmé dans l’immédiat que ces trois suspects en faisaient partie.

KIEV ET LVIV PILONNÉES 

Depuis vendredi 22 mars, les Ukrainiens s’attendaient à de bombardements massifs. Samedi soir, dans le ciel de Kiev, des missiles ont été interceptés par la défense anti-aérienne. L’attaque a été lancée depuis la région de Saratov, en direction de Kiev et de Lviv, la grande ville de l’ouest située seulement à une cinquantaine de kilomètres de la Pologne. Plusieurs missiles et drones ont été abattus, selon les autorités ukrainiennes.

Dans le même temps, la Pologne, membre de l’OTAN, a relevé son niveau d’alerte. Un missile de croisière russe a violé son espace aérien, et des avions de chasse ont immédiatement décollé. Cette offensive russe est sans doute la première réponse du Kremlin pour se venger du prétendu rôle de l’Ukraine dans cet attentat.

LE PLAN VIGIPIRATE RELEVÉ À SON NIVEAU MAXIMUM EN FRANCE

« Compte tenu de la revendication de l’attentat par l’État islamique et des menaces qui pèsent sur notre pays, nous avons décidé de rehausser la posture Vigipirate à son niveau le plus élevé : urgence attentat », a indiqué le Premier ministre, Gabriel Attal, sur X (ex-tweeter) à l’issue d’un conseil de défense à l’Élysée. Le plan Vigipirate avait été rétrogradé au niveau 2 (« Sécurité renforcée – risque attentats »), le 15 janvier.

« La revendication de l’attentat de Moscou provient de l’État islamique au Khorassan. Or, cette organisation menace la France et a été impliquée dans plusieurs projets d’attentats récents déjoués dans plusieurs pays d’Europe, dont l’Allemagne et la France », a précisé Matignon. « Le Premier ministre a demandé au Secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale, placé sous son autorité, de convoquer demain lundi (NDLR : 25 mars) à la première heure une réunion associant l’ensemble des services de sécurité impactés par le rehaussement du niveau Vigipirate », ajoute-t-on.

Et à quatre mois des Jeux Olympiques de Paris (26 juillet -11 août), Emmanuel Macron a présidé, dimanche 24 mars, à l’Élysée, un Conseil de défense sur « l’attentat de Moscou et ses conséquences ». Le « risque zéro » n’existe « jamais dans la vie ». « On est prêts et on sera prêts », a-t-il cependant assuré depuis la Guyane où il est arrivé, lundi 25 mars. Il y a annoncé que la branche « impliquée » dans l’attentat de Moscou avait mené « plusieurs tentatives » d’attaques en France.

« Nous avons proposé aux services russes, comme à nos partenaires de la région, une coopération accrue », a dit le président français. « Il faut se garder de toute instrumentalisation ou déformation, mais être exigeants et efficaces. C’est dans cet esprit que la Russie fera de même », a-t-il ajouté devant la presse, alors que Vladimir Poutine a pointé une responsabilité de l’Ukraine.

Deux projets d’attentat ont été « déjoués » en France depuis le début de l’année, a indiqué Gabriel Attal, lundi 25 mars, en marge d’une visite aux militaires de la force Sentinelle à la gare Saint-Lazare à Paris. À cette occasion, il a annoncé des « moyens exceptionnels », « partout sur le territoire », pour faire face à la « menace terroriste islamiste ».

Robert Kongo, correspondant en France

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