La mondialisation, auparavant associée à une américanisation ou une européanisation, a évolué. La croissance démographique en Afrique, l’émergence économique en Asie et la montée en puissance du monde musulman remettent en question la domination occidentale. Les pays émergents, notamment les BRICS, rejettent désormais l’hégémonie occidentale et aspirent à se développer de manière autonome. Dans cette perspective, Henry Mutombo Mikenyi, écrivain et chercheur en fiscalité, suggère que la RDC, sous la présidence de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, puisse reconsidérer ses alliances traditionnelles et choisir une coopération conforme à ses intérêts, afin de s’affirmer en tant que leader africain dans un monde multipolaire.
Infos27
Tribune
La République démocratique du Congo face à sa géostratégie
Depuis l’époque coloniale, la République démocratique du Congo (RDC) a toujours été le domaine réservé des puissances occidentales, avec en tête les États-Unis. Nous savons que les États-Unis ont pris la tête du leadership mondial à la fin de la guerre froide, avant d’entrer en compétition avec l’Union soviétique (URSS). L’effondrement de cette dernière a donné l’illusion de l’émergence d’un monde unipolaire dominé uniquement par les États-Unis. Cependant, la mondialisation, l’émergence d’autres puissances et la diversification des formes de pouvoir ont mis à mal cette théorie. La croyance en l’existence d’une hyperpuissance américaine a conduit Georges Bush à adopter des politiques unilatérales, dont la guerre en Irak a été l’exemple le plus abouti, accélérant ainsi le déclin relatif des États-Unis. Barack Obama a reconnu la multipolarisation du monde et la fin de la suprématie américaine, affirmant que les États-Unis ne peuvent résoudre seuls les grands défis mondiaux, mais que sans eux, ces défis ne peuvent être relevés.
Si la mondialisation des années 1990 a été perçue comme une américanisation de la planète, tout comme celle du XVIe siècle avait été vue comme son européanisation, les choses ont rapidement changé depuis lors. La poussée démographique de l’Afrique, la montée en puissance économique de l’Asie et la montée en puissance stratégique du monde musulman remettent en question la domination occidentale à de nombreux égards. Les pays émergents ou du Sud global, regroupés sous l’acronyme BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), constituent une catégorie comprenant des dizaines de pays, principalement non occidentaux. Ces pays n’attendent pas la permission des nations occidentales pour se développer ; ils le font par leurs propres moyens. Cependant, ils n’acceptent plus que le monde occidental détermine seul, au nom de ses intérêts ou de l’universalité de ses valeurs, l’agenda et les règles internationales. Le monde occidental, habitué à diriger depuis cinq siècles, est donc confronté à un défi profond et doit faire face à une situation inédite depuis des générations.
Sous la présidence de l’Excellence Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, la RDC doit réévaluer son amitié avec ceux que nous avons qualifiés de “partenaires privilégiés”, car avec eux, nous sommes opprimés depuis 30 ans ! Aujourd’hui, le monde est multipolaire. Optons pour une coopération efficace et efficiente qui intègre nos véritables intérêts, afin de réaliser la vocation de la RDC en tant que leader africain.
Vive la République.
Henry Mutombo Mikenyi
Écrivain et chercheur en fiscalité