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30 juin, 2024 - 19:43:00
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La lutte contre les pandémies ne relève pas uniquement du ministère de la santé

Lorsqu’en 2017, j’ai pris l’initiative d’organiser un Forum sur la lutte contre la maladie à virus Ebolai et autres pandémies, dans le but de faire profiter à notre pays et à notre population de l’expérience et de l’expertise des autres nations dans la lutte contre ces maladies graves qui nous menacent tous, j’ai rencontré, tout au long des entretiens que j’ai eu avec plusieurs de mes interlocuteurs, ce premier réflexe de penser qu’il ne s’agissait que d’une question sanitaire, destinée à être traitée au niveau du Ministère de la Santé. Il m’a fallu faire preuve de patience et multiplier les explications pour que, peu à peu, les différentes personnalités auxquels je me suis adressé se rendent compte que, dans le traitement de ce genre de menaces, l’impulsion ne peut venir que du sommet et impliquer l’ensemble des acteurs liés à la Sécurité nationale, le Ministère de la santé n’étant qu’un rouage parmi d’autres.

La grande catastrophe du Covid 19ii qui a paralysé toute la planète il n’y a pas si longtemps, et dont les effets continuent à être une préoccupation majeure pour tous les Etats du monde, a révélé au grand jour, qu’en ce qui concerne la lutte contre les pandémies (la maladie a virus Ebola, le covid 19, le choléra, le sida, la méningite, etc.), il s’agit, d’abord et avant tout, de faire face à une menace grave contre la société toute entière. De ce fait, c’est une question de Sécurité Nationale, comme peuvent l’être, une catastrophe naturelle, une attaque terroriste (qui peut d’ailleurs utiliser ce moyen pour agir en inoculant aux innocentes populations diverses maladies), une agression armée contre un territoire national ou toute autre menace qui pèserait sur toute ou une partie de la population. Par conséquent, la lutte contre les pandémies doit être traitée avec le plus grand sérieux et mobiliser toutes les énergies, au plus haut niveau des instances nationales (et internationales), et devrait impliquer, au niveau national, notamment les Ministères suivants :
1. Le Ministère de l’intérieur : C’est lui qui en charge l’administration du territoire et sous sa tutelle la police nationale pour administrer et encadrer la population en toute circonstance, et particulièrement en temps de crise. En tout temps, et particulièrement en période de crise, il a l’obligation de garantir l’intégrité et le bon fonctionnement des institutions publiques. C’est donc lui qui doit veiller au respect des libertés locales et des compétences des collectivités territoriales dans la gestion d’une crise sanitaire. Il est ainsi à même de répartir les tâches et de faire appliquer les recommandations du Ministère de la Santé pour faire face à la lutte contre les pandémies.
2. Le Ministère de la Défense : Dans sa mission d’assurer la protection du territoire, de la population et des intérêts de l’Etat, il est responsable de la sécurité des moyens militaires de défense et de la préparation des armées face à des menaces de type biologique. Il est donc impérieux que nos forces de défense soient dotées d’équipements et moyens militaires pour faire face à des pandémies. Elles peuvent mobilisées pour venir en appui aux forces de polices et de sécurité afin d’encadrer et sécuriser la population en cas de crise sanitaire d’envergure.
3. Le Ministère des Affaires Etrangères : Puisque la lutte contre les pandémies constitue une menace à l’échelle internationale, Il appartient au Ministère des Affaires Etrangères de faire le suivi de la politique étrangère et de la diplomatie de la République Démocratique du Congo au sein des instances internationales tout comme au niveau bilatéral. La lutte contre les pandémies ne peut être menée que par la coopération et la solidarité internationales. Dans ce sens, notre pays, la République Démocratique du Congo, a intérêt à collaborer avec les autres nations pour la transmission des messages à la communauté internationale et devraient également apporter des contributions concrètes, tant au niveau multilatéral que bilatéral, comme cela a été le cas lors de la crise sanitaire en Guinée et en Sierra-Léone quand nos experts sont allés prêter main forte à ces pays frères.
Le Ministère des Affaires Etrangères devraient également se tenir aux cotés des citoyens congolais à l’étranger, en leur faisant bénéficier des possibilités offertes par nos Ambassades, quand elles existent. Il doit en outre déployer des efforts pour répondre aux besoins de nos ressortissants à l’étranger et à leur rapatriement en cas de nécessité.
4. le Ministère de la Santé : Son rôle est essentiel dans la lutte contre les pandémies, notamment dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques, des plans et des stratégies en matière de santé, conformément aux orientations du Gouvernement et aux recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.). En cas de crise sanitaire, il doit surveiller et comprendre la dynamique de cette épidémie, anticiper les différents scénarios et proposer au Gouvernement des actions à mettre en place auprès du grand public et des professionnels de santé. Il devrait également prévenir et proposer des mesures à prendre pour limiter la propagation de la menace sur le territoire national.
5. Le Ministère des Affaires Sociales : En cas de crise sanitaire, ce sont les populations vulnérables qui sont les plus affectées. C’est ainsi qu’en période de pandémie, ce Ministère, en coordination avec les autres institutions, devrait participer à l’élaboration et à la mise en œuvre de la politique du Gouvernement en matière de prévention, d’assistance et de protection des personnes socialement vulnérables. En cas de crise sanitaire, il aura pour mission de coordonner l’action des services et des établissements concernés de l’État ainsi que leurs relations avec les milieux hospitaliers, d’organisation et de régulation du système de santé et de prise en charge médico- sociale.
6. les organisations non gouvernementales (ONG) : Les organisations non gouvernementales (ONG) jouent un rôle très important en cas de crise sanitaire, notamment dans l’aide apportée aux catégories vulnérables et dans la sensibilisation des populations, pour faire face aux effets des épidémies. Elles suppléent bien souvent au manque de moyens et de coordination des politiques d’État. Elles ont une plus grande capacité de concentration sur les conséquences majeures des pandémies dans des domaines très spécifiques, comme l’accueil et l’encadrement de populations déplacées, la prise en charge des personnes âgées, des femmes enceintes et des enfants non accompagnés, etc. Les organisations de la société civile suppléent à l’absence ou à la défaillance des réponses gouvernementales. En plus de fournir une assistance continue aux personnes vulnérables, les ONG expérimentent de nouveaux espaces publics ouverts par la pandémie pour promouvoir le débat et l’appel à des réformes politiques de ces différents secteurs.

La liste des intervenants n’est pas exhaustive. En effet, les experts dans toutes les disciplines, les milieux d’affaires, sans oublier les industries pharmaceutiques doivent être impliquées dans la réponse qu’il faut apporter en cas de crise sanitaire. Il s’agit d’une priorité nationale.

En 2016, lorsqu’il est agi d’évaluer et de tirer les leçons de l’intervention russe en Guinée, dans le cadre de la lutte contre la maladie à virus Ebola, les autorités de la Fédération de Russie ont convié à la Table-Ronde organisée à cet effet, et à la laquelle j’ai participé, outre les Représentants des missions diplomatiques africaines installées à Moscou, le Ministère de la santé de la Fédération de Russie, le Service fédéral « ROSPOTREBNADZORiii», le consortium industriel russe UC RUSALiv, les Représentants des Ministres de la santé et de l’Education de la République de Guinée, l’Institut Pasteur de Conakryv, l’Instituts de recherche pilote en microbiologie et en épidémiologie de la Fédération de Russie, les organisations non-gouvernementales engagées dans la médecine, le Ministère russe des Affaires Etrangères, le Ministère russe de la Défense, les pays qui ont eu à faire face aux maladies à fièvres transmissibles, les milieux scientifiques et politiques, les organisations internationales impliquées dans la lutte contre la maladie à virus Ebola. Cet exemple de Table-Ronde démontre à suffisance la nécessite d’impliquer de toutes ces structures lorsqu’il s’agit de lutter contre les pandémies. C’est, du moins, la façon dont la grande puissance qu’est la Fédération de Russie conçoit le combat qu’il faut mener contre ces menaces.

La collaboration bilatérale dans la lutte contre les épidémies peut avoir des retombées positives :

Collaborer avec des partenaires fiables dans la lutte contre les pandémies peut avoir des retombées positives. En effet, pour ne prendre l’exemple de la collaboration russo-guinéenne, nous pouvons retenir les acquis suivants :

1. Le mercredi 12 avril 2017 : Le ministère de la Santé et celui de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique de la République de Guinée ont signé un MEMORANDUM D’ENTENTE entre le ministère de la santé de la Guinée et celui de la Russie dans le domaine de la recherche, de l’enseignement et de la santé Plusieurs secteurs concernés ;
2. Les russes et les guinées ont échangés des documents ad hoc en vue des autorisations de la mise sur le marché guinéen du vaccin ;
3. Octroi des bourses d’étude pour la médecine ;
4. Accompagnement des secteurs de la santé et de l’éducation en Guinée, particulièrement après le passage de la fièvre Ebola ;
5. Possibilité de coopération dans le domaine de la recherche, de l’enseignement et de la santé.
6. Construction d’un centre de recherche épidémiologique construit et mis en place à Kindiavi par RUSAL (CREMS) de plus de 10 millions de dollars et qui permet de soigner les maladies infectieuses.
7. Don de 40.000 doses contre la rougeole par RUSAL ;
8. Les laboratoires mobiles et de leurs équipements de dernière génération et exceptionnels offerts par la Fédération de la Russie à la Guinée dans le cadre de la lutte contre Ebola ont été transférés, le vendredi 22 janvier 2016 à l’Institut Pasteur de Guinée sis à Kindia (Basse Guinée). Ce transfert a été fait après la formation des chercheurs guinéens par des scientifiques russes à l’utilisation de ce nouvel équipement de recherche et de découverte de nouveaux vaccins ;
9. Possibilité de faire un essai vaccinal par la Russie dans le cadre de cette coopération ;
10. Formation des cadres guinéens.
11. outre la transmission des savoirs et de compétences russes en matière de lutte contre les pandémies, tous les équipements qui ont été utilisés par les russes sont resté en Guinée utilisé par des cadres guinéens qui ont été formés à cet effet.

Il existe donc de réelles possibilités de tirer profit d’une collaboration à l’échelle internationale dans la lutte contre les pandémies.

La lutte contre les pandémies doit être une priorité nationale et internationale :
La lutte contre les pandémies doit devenir une priorité pour chaque Etat et pour toute la communauté internationale. Des ressources humaines, matérielles et financières devraient permettre aux Etats et aux instances internationales de redéfinir leurs stratégies en fonction de la façon dont ils auront à lutter contre les menaces que constituent ses maladies graves qui ne connaissent pas de frontières et dont l’origine est souvent suspecte, comme on l’a vu avec la controverse au sujet de l’origine du Covid 19. Les uns accusant les autres d’en être à la source.

A ce sujet, comme cela a été souligné plus haut, des exemples de collaboration à l’échelle internationale nous ont été fournis, notamment dans la lutte contre la maladie à virus Ebola, au Sierra Léone et en Guinée, où, ce sont, entre autres acteurs, les armées russe et américaine qui sont intervenues pour aider ces pays à faire face à ce grave péril et mener à bien cette lourde tâche. C’est dire à quel point ces pays, bien informés sur les dangers de ces pandémies, ne lésinent pas sur les moyens lorsqu’il s’agit de faire face à de telles menaces qui, en très peu de temps, peuvent causer des dommages irréparables sur des vaste étendues et faire des millions, voire des milliards de victimes, allant jusqu’à décimer des populations entières.

Comme indiqué ci-haut, la lutte contre les pandémies n’est pas seulement une affaire du Ministère de la santé. Cette précision et cet éclairage salutaire, j’ai ressenti la nécessité de le faire, pour informer nos décideurs de l’impérieuse nécessité à conjuguer les efforts, à tous les niveaux, pour être prêt à faire face à ce qui n’arrive pas qu’aux autres.

Nous sommes tous concernés et nous devons tous être prêts, car comme plusieurs personnalités du monde internationale nous avait prévenu, il y a péril en la demeure. Les éruptions dont nous sommes les victimes actuellement (Covid 19, choléra, Ebola, sida, etc.) ne sont que les préludes à des menaces plus graves qui pèsent sur nous. Cet appel à la prise de conscience et à la prévention que je fais à ma petite échelle, le richissime homme d’affaires américain Bill Gates le fait à l’échelle planétaire. En effet comme l’a publié l’Express/l’Expansion du 18 février 2017 : « Bill Gates juge “probable” une catastrophe à l’échelle du globe qui laisserait derrière elle des dizaines de millions de morts. Le fondateur de Microsoft a conseillé de se préparer à la propagation d’un virus créé à des fins terroristes.

Bill Gates se disait inquiet. « La communauté internationale doit réaliser qu’elle doit au plus vite se préparer à une pandémie mondiale », avait jugé le fondateur de Microsoft, devant la Conférence de sécurité de Munich »vii. Bill Gates est une des personnalités mondiales les mieux informées qui aient jamais existées sur cette terre. S’il le dit, il sait de quoi il parle. On a vu ce que le Covid 19 a eu pour conséquence.

C’est pourquoi, comme le conseille si bien les experts : « Dans un contexte de mondialisation et de risque accru de diffusion de maladies émergentes, la définition d’un plan de crise pour une pandémie est devenue une préoccupation partagée par de nombreux acteurs (autorités politiques et sanitaires, certaines entreprises…), car l’intégration croissante des réseaux et des flux et l’accélération des moyens de transport laissent craindre des conséquences différentes de ce que furent les pandémies précédentes. La nature du risque pandémique, exige une planification coordonnée, des échelles locales à planétaires » .

J’invite donc, les autorités nationales et provinciales, les organisations de la société civile, les leaders d’opinion à prendre en compte le caractère transversal de la lutte contre les pandémies. Quant à nous, nous allons continuer nos recherches pour faire profiter à notre pays et à notre population de l’expérience et de l’expertise des autres en matière de lutte contre les pandémies qui nous menacent tous (Covid 19, Choléra, Ebola, Sida, Méningite, etc.). Il faut garder à l’esprit que ce genre de menaces ne connait pas de frontières !!!

En attendant, j’invite le lecteur à consulter la page web de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour être préparer à une riposte aux situations d’urgence.

Moscou, le 06/05/2024
Joseph KINDUNDU MUKOMBO
Enseignant, Diplomate, Chercheur et poète
Téléphone : +7(985)0626254 jmkindundu@gmail.com

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