Quatorze ans après la tragique disparition de Floribert Chebeya et de Fidèle Bazana, assassinés en 2010, leurs familles ont commémoré à Kinshasa, le 1er juin, cet anniversaire douloureux, tout en réclamant l’ouverture d’un second procès mettant en cause des hauts gradés militaires.
Pour marquer cet événement, l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains (une collaboration entre la Fédération internationale pour les droits humains – FIDH et l’Organisation mondiale contre la torture – OMCT), l’Association africaine des droits de l’Homme (Asadho), le Groupe Lotus, la Ligue des électeurs et la Voix des sans-voix (VSV) se sont mobilisés. Ensemble, ils appellent à la tenue d’un procès pour le Général Djadjidja et le Général Numbi, ce dernier étant considéré comme le commanditaire principal des meurtres de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana. D’autres policiers impliqués attendent également leur jugement.
Le 1er juin 2024, les familles de Floribert Chebeya – ancien directeur exécutif de la VSV et membre de l’Assemblée générale de l’OMCT – et de Fidèle Bazana, son chauffeur également membre de la VSV, principalement exilées en France ou au Canada, se sont recueillies lors d’une cérémonie à l’Église Notre-Dame de Fatima à Kinshasa, honorant la mémoire de ces deux défenseurs des droits humains.
Le corps de Floribert Chebeya avait été découvert le lendemain de son assassinat, tandis que celui de Fidèle Bazana, bien qu’officiellement déclaré mort en mars 2011, n’a jamais été retrouvé. Les parties civiles et leurs avocats, réunis à Kinshasa pour cette commémoration, ont sollicité une analyse de la composition du sol de la parcelle appartenant au Général Zelwa Katanga, dit Djadjidja, où ils soupçonnent que les restes de Fidèle Bazana pourraient être enfouis, s’appuyant sur divers témoignages recueillis lors du procès en 2021.
En octobre 2020, une nouvelle plainte a été déposée contre le Général John Numbi, le Général Zelwa Katanga alias Djadjidja et les policiers impliqués dans l’exécution des deux défenseurs. Transmis à la Haute cour militaire, le dossier n’a toujours pas vu de date de procès fixée, malgré un mandat d’arrêt international émis par l’Auditorat général de RDC à l’encontre de John Numbi, qui demeure en fuite.
Les organisations impliquées, avec les avocats des familles Chebeya et Bazana, pressent les autorités congolaises de disjoindre les procédures contre les militaires et policiers accusés afin de permettre un jugement des prévenus déjà en détention préventive, en l’absence du Général Numbi sur le territoire congolais. Ils réitèrent la nécessité d’un second procès, essentiel pour la poursuite de leur quête de justice et de vérité.
Ces mêmes organisations exhortent également le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, à révoquer le Général John Numbi des forces armées, afin qu’il puisse, une fois appréhendé, être jugé par les juridictions congolaises compétentes. Actuellement, aucun magistrat de la Haute cour militaire n’a le grade équivalent ou supérieur à celui du Général Numbi pour le juger.
Enfin, lors de son arrestation, un important lot d’armes avait été découvert dans le véhicule conduit par le Colonel Daniel Mukalay, qui a affirmé lors de son interrogatoire que ces armes lui avaient été fournies par le Général John Numbi. Condamné en 2015 à 15 ans de prison par la Haute cour militaire, le Colonel Mukalay, incarcéré depuis 2010, purge actuellement sa dernière année de détention pour ce double assassinat, soulignant l’urgence d’un nouveau procès pour continuer à lutter contre l’impunité des crimes liés à cette affaire.
Infos27