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12 mai, 2025 - 17:03:48
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Élections européennes 2024 : l’extrême droite pourra-t-elle bloquer le Parlement européen, après le scrutin ?

Alors que le 9 juin se rapproche, les responsables du camp macroniste continuent de cibler le Rassemblement national (RN) de Jordan Bardella, tête de liste, et le danger que représente l’extrême droite pour l’Union européenne. Marine Le Pen, Giorgia Meloni et Viktor Orban pourront-ils bloquer le Parlement et en bouleverser la physionomie, comme le dit le Premier ministre français, Gabriel Attal ?

Analyse.

Après avoir passé plusieurs semaines à dramatiser les élections « les plus importantes de l’histoire du Parlement européen », selon la formule, le Premier ministre, Gabriel Attal, et, la tête de liste Renaissance, Valérie Hayer, répètent à l’envi que l’extrême droite, en vogue sur tout le continent, pas seulement en France, pourrait sortir renforcée du scrutin au point de bloquer les institutions.

« Les amis de Jordan Bardella en Europe, ils veulent détruire le projet européen », répétait la cheffe de file des macronistes, mercredi 5 juin, sur RTL, dans le sillage de Gabriel Attal, deux jours auparavant, sur Franceinfo, pour qui « le risque d’une extrême droite en capacité de bloquer les institutions européennes n’a jamais été aussi élevé ».

Et à l’occasion de la séance des questions au gouvernement, mercredi 5 juin, à l’Assemblée nationale, Gabriel Attal a une nouvelle fois évoqué la montée des extrêmes en Europe, une déclaration qui ciblait directement le Rassemblement national (RN).

« Ils se drapent dans un discours pro-européen alors que leur projet sera la sortie méthodique de l’Union », a affirme le Premier ministre. « Les extrêmes, s’ils gagnent dimanche en Europe, pourraient avoir une minorité de blocage ce qui paralysera l’Union. Que serait une Europe paralysée ? On ne pourrait pas faire ce qu’on a fait les années précédentes comme le soutien à l’Ukraine et les mesures de lutte contre le Covid ». Qu’en est-il vraiment ? Quel sera le poids de ces formations, après le 9 juin ?

Quand l’extrême droite se divise 

C’est un fait, les forces nationalistes, eurosceptiques et d’extrême droite sont données en progression dans les sondages dans beaucoup de pays. Elles sont pour l’instant en tête en France, en Autriche, en Belgique ou en Italie. Elles sont deuxièmes ou troisièmes en Espagne ou au Portugal. Selon différentes estimations, elles pourraient donc glaner 25% des sièges (contre 20% actuellement) au Parlement européen. Suffisant pour bouleverser les équilibres, sans doute. Mais pas pour former une coalition majoritaire.

Car, les nationalistes sont eux-mêmes divisés en deux groupes dans le Parlement sortant. D’un côté, les Conservateurs et réformistes européens (ECR) avec 69 eurodéputés, issus de Fratelli d’Italia de la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, du parti espagnol Vox, du PiS polonais ou encore de Reconquête ! d’Éric Zemmour. L’autre groupe d’extrême droite, Identité et Démocratie (ID) rassemble une cinquantaine d’élus, notamment les Italiens de la  Lega (Matteo Salvini) et les Français du Rassemblement national.

Rassemblées, ces forces pourraient talonner, voire dépasser le premier groupe du Parlement, le Parti populaire européen (PPE), qui accueille notamment les élus Les Républicains menés par François-Xavier Bellamy en France. Une perspective de nature à raviver l’idée – jamais aboutie jusqu’ici – d’une union : Marine Le Pen souhaite créer un « grand groupe souverainiste », également appelé de ses vœux par le dirigeant nationaliste hongrois, Viktor Orban.

Le coup de poker de Von Der Leyen

Mais l’autre grande figure de l’extrême droite européenne, Giorgia Meloni, a récemment estimé qu’il n’y avait « pas d’unification en vue », en raison notamment de divergences importantes, comme sur le soutien à l’Ukraine face à la Russie.

Dans ce contexte, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a tenté un coup, en se disant ouverte à une entente avec le groupe de Giorgia Meloni, après le 9 juin. En clair, l’Allemande, candidate du PPE pour un deuxième mandat se verrait bien rester en poste avec le soutien d’une partie des forces d’extrême droite.

Problème : les partis sur qui elle s’appuie actuellement (les socialistes, les verts et les libéraux de Renew) ont déjà prévenu qu’il n’en était pas question. Or, une coalition PPE-ECR ne suffira pas à former une majorité au Parlement. Et Ursula von der Leyen, qui avait été élue de justesse (9 voix) en 2019, aura besoin du soutien d’autres partis pour reconduite à la tête de la Commission. À ce stade, la « grande coalition » du centre paraît donc devoir perdurer.

Des alliances de circonstances pour bloquer   

En revanche, le risque de blocage ponctuel évoqué par Gabriel Attal et les macronistes existe bel et bien. Les majorités de « construction » risquent d’être, de fait, plus difficiles à obtenir et des alliances ponctuelles droite – extrême droite sur certains dossiers pourraient se multiplier. Jugeant « très difficile » une fusion des groupes souverainistes, la tête de liste de Vox, Jorge Buxadé Villalba, promeut en ce sens une « alliance politique » sur des points clés avec les autres eurodéputés nationalistes.

En somme, le poids accru de ces forces pourrait influencer l’agenda européen dans le sens d’une approche de plus en plus restrictive en matière d’immigration et d’asile, d’une édulcoration des politiques climatiques et environnementales, d’un conservatisme sur les questions sociétales.

Car, ces mouvements eurosceptiques, s’ils ont dans l’ensemble abandonné leurs revendications d’une sortie de l’Union européenne (UE), seront effectivement enclins à vouloir limiter le champ d’intervention de Bruxelles. De nouveaux équilibres qui ne seront pas sans conséquence, non plus, sur la dénonciation des atteintes à la démocratie et à l’État de droit sur le continent.

Après le 9 juin, la politique française s’annonce mouvementée

Largement en tête des sondages à deux jours des élections européennes, Jordan Bardella a d’ores et déjà en tête une mesure qui pourrait faire grand bruit. En cas de victoire, dimanche 9 juin, le patron et tête de liste du Rassemblement national (RN) pour ce scrutin n’a de cesse de répéter qu’il demanderait une dissolution de l’Assemblée nationale « le soir même ».

Selon lui, les élections européennes ont un pouvoir particulier dans le paysage politique français : « C’est l’unique occasion, la seule élection nationale du quinquennat, qui doit donc permettre aux Français de s’exprimer sur la politique du gouvernement, de faire entendre leur colère à Emmanuel Macron et par conséquent, de désigner le mouvement politique qui sera chargé de préparer l’alternance. » Alors que le RN devance Renaissance dans les différents sondages, Jordan Bardella prévient le chef de l’État qui « n’aura pas d’autre solution que d’en revenir aux urnes ». Après le 9 juin, la politique française s’annonce mouvementée.

Robert Kongo, correspondant en France

 

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