Face à une population kivutienne meurtrie par la situation sécuritaire, notamment l’agression rwandaise de cette partie du territoire national, la Première ministre Judith Suminwa a brillamment joué son rôle en ravivant, à travers la mission officielle de réconfort à Goma, après son passage de Bukavu (Sud-Kivu), l’espoir et en renforçant la résilience d’un peuple déterminé à défendre son pays coûte que coûte. À Bukavu et à Goma, elle a abordé les problèmes sociaux et sécuritaires, prenant la mesure de ces réalités de première main. Cette mission de réconfort a véritablement incarné l’unité et la cohésion nationales, soulignant l’attention particulière de Kinshasa envers la situation de l’Est du pays. « Il faut absolument que tout le travail qui est en train d’être fait, notamment avec la montée en puissance de l’armée, continue. Car, les déplacés qui sont ici à Goma, ne demandent qu’une chose, rentrer chez eux », a déclaré la Première ministre au cours de la conférence de presse qu’elle a animée à l’hôtel Serena avant de prendre son vol pour Kinshasa.
La Première ministre Judith Suminwa a achevé, jeudi 27 juin 2024, sa mission officielle de réconfort auprès des populations affectées de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu. Dans la ville volcanique, elle a eu une journée chargée, avec à la clé une série d’activités.
La Première Ministre Judith Suminwa a reçu, en séries d’audiences successives, les représentants de plusieurs organisations non gouvernementales œuvrant dans cette partie du territoire national. Avec les agences du système des Nations unies dont l’UNICEF, le PAM, l’OIM l’UNFPA, le HCR, la FAO et OICHA, la cheffe du gouvernement a passé en revue la situation humanitaire dans les Kivu, en général. Les ONG nationales étaient également de la fête. Face à la Première ministre, les responsables de ces ONG ont sollicité l’appui du gouvernement en vue d’optimiser leur capacité opérationnelle.
Mme Judith Suminwa a aussi visité la route du Port en cours d’asphaltage, celle qui mène vers la partie Est de la ville, au pied du Mont Goma. Cette voie est d’une importance capitale pour le chef-lieu du Nord-Kivu, aussi bien sur le plan touristique qu’économique.
La Première ministre s’est ensuite rendue au camp de déplacés de la 8è Cepas du camp Mugunga, dans la périphérie de Goma, province du Nord-Kivu ; où elle s’est adressée aux concernés en ces termes :
« Je suis venue ici pour être avec vous aujourd’hui. Je sais qu’il y a plusieurs autres personnes déplacées ici à Goma et dans d’autres territoires du Nord-Kivu. Vous êtes un symbole. En tant que cheffe du gouvernement, accompagnée des membres de mon gouvernement, nous mettrons tous les moyens possibles pour résoudre vos problèmes. Nous savons qu’il y a des problèmes d’eau, des maladies, nos mamans, nos filles souffrent, elles subissent des violences ici sur le site. En tant que femme et en tant que mère, je sais que ce n’est pas une situation que l’on souhaiterait même à son pire ennemi. Mais puisque nous avons des ennemis qui nous mettent dans ces conditions, nous allons combattre. C’est pourquoi je remercie les FARDC et les Wazalendo. Nous prendrons des stratégies non seulement pour nous défendre, mais aussi pour repousser l’ennemi. Aujourd’hui, j’ai déposé au nom du gouvernement quelques vivres, des médicaments et des lits qui seront acheminés dans les centres de santé pour vous aider… ».
En début d’après-midi du même jeudi, la Première ministre Judith Suminwa a visité l’hôpital militaire régional de Goma, où sont notamment soignés les militaires blessés de guerre. La cheffe du gouvernement avait dans sa gibecière une assistance en vivres, produits hygiéniques et médicaments.
« Nous sommes en train de réfléchir sur un certain nombre de mesures pour la prise en charge, pas seulement des blessés de guerre, mais de toute cette frange de citoyens au service de la République », a lâché Mme Suminwa.
Avant de s’engager sur la route qui mène vers l’aéroport international de Goma pour entamer son voyage retour vers Kinshasa, Judith Suminwa a déposé une gerbe de fleurs au cimetière du Genocost, où reposent les victimes des agressions rwandaises à Kibati (Nord-Kivu). Elle a, par la même occasion, signé le livre de condoléances en mémoire des victimes.
« Ce site Genocost ne sera pas le seul. Avec ce qui se passe dans le Grand Nord avec les ADF, nous penserons à d’autres sites… », a-t-elle déclaré en substance.
Perspectives pour la RDC
Au moment où elle s’apprêtait à quitter la région du Kivu, la Première ministre Judith Suminwa a animé une conférence de presse en début de soir à l’hôtel Serena, quelques heures avant de prendre son vol pour la capitale. C’était l’occasion pour la cheffe du gouvernement de faire le point de sa première mission d’Etat dans ces provinces martyres du Kivu.
« Avec la délégation qui m’accompagne, nous avons rendu hommage aux victimes de Genocost. C’est tout un symbole pour montrer qu’on n’oublie pas ces gens, victimes de ce conflit. Il ne s’agit pas pour nous d’arriver de se battre. Au contraire, la RDC, agressée par le Rwanda, va continuer à se battre par ses vaillants militaires et les volontaires de la patrie », a dit avec conviction la cheffe du gouvernement de la RDC.
Faisant suite aux mémorandums qui lui ont été adressés par les représentants des forces vives et partis politiques, la Première ministre a fait savoir que ces documents l’aideraient à mieux orienter ses actions dans le cadre de mise en œuvre du programme du gouvernement.
« J’ai demandé de recevoir les mémo des forces vives de la province, c’est pour mieux orienter nos actions. Nous devons tirer les leçons du passé pour mieux orienter nos actions dans le cadre de mise en œuvre du programme du gouvernement », a-t-elle confié.
S’agissant des opérations militaires sur le terrain, elle a simplement indiqué que l’objectif, c’est essayer d’endiguer la traversée des terroristes du M23 vers la province voisine du Sud-Kivu.
« On essaie de contrer le M23 en évitant qu’il traverse le Sud-Kivu. C’est vrai qu’on a 3 territoires du Nord-Kivu partiellement occupé », a placé Judith Suminwa.
Par ailleurs, la cheffe du gouvernement est d’avis que si les voies diplomatiques pouvaient mettre fin à la guerre d’agression, le pays réaliserait des économies substantielles qui aideraient au développement des provinces.
« Pour nous, si par des voies diplomatiques, on peut contraindre l’agresseur d’arrêter, cela nous permettra de mettre nos ressources beaucoup plus à disposition de développement et d’investissement. Néanmoins, l’aspect diplomatique ne veut pas dire que nous allons négocier avec nos agresseurs », a-t-elle conclu son échange avec les professionnels des médias.
De Pitshou Mulumba, Envoyé Spécial à Goma (Nord-Kivu)