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21 novembre, 2024 - 14:58:02
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Législatives françaises 2024 : le Front républicain barre la route au Rassemblement national au second tour

Quatre semaines après la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, les Français étaient appelés aux urnes, dimanche 7 juillet 2024, pour le second tour des élections législatives. Alors qu’aucune majorité absolue ne se dégage, l’alliance de gauche du Nouveau Front populaire (LFI, PS, EELV, PCF) est arrivée en tête devant le Rassemblement national (RN) que tous les sondages donnaient gagnant, avec ou sans majorité absolue. Il arrive en troisième position, derrière Ensemble. Les résultats de dimanche soir montrent que le Rassemblement national inquiète encore une grande partie de la société, qu’une majorité d’électeurs ne veut pas de son arrivée au pouvoir. 

Coup de tonnerre : l’alliance de gauche du Nouveau Front populaire est sortie en tête du deuxième tour des élections législatives, dimanche dernier, devant les macronistes et le Rassemblement national dont la progression est largement endiguée, selon les résultats officiels publiés par le ministère de l’Intérieur.

Le Front républicain, bâti entre les deux tours de ce scrutin pour limiter la vague RN qui devait déferler dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, semble donc avoir porté ses fruits, après 210 désistements de candidats du camp présidentiel ou de gauche.

Avec 182 députés, le Nouveau Front populaire est devenu la première force politique au Palais Bourbon, en progression par rapport aux 151 élus de 2022 sous la bannière de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes).

Autre surprise majeure : la résilience du camp macroniste qui obtient 163 députés. C’est certes 82 sièges de moins qu’il y a deux ans. Mais le pari de la dissolution lancé par Emmanuel Macron il y’a un mois, au soir d’une lourde défaite aux européennes (14,6%), aurait pu se solder par une déroute bien plus importante.

Au RN, le sentiment est forcément à la déception. Certes, le parti à la flamme et ses alliés engrangent de nouveaux élus à un niveau historique, avec 143 députés contre 89 en juin 2022. Mais il voit s’évaporer le rêve de hisser Jordan Bardella à Matignon, porté par une majorité absolue qui lui semblait atteignable au soir du premier tour. Une victoire attendue qui devait ouvrir la voie à la conquête du pouvoir pour Marine Le Pen en vue de la présidentielle de 2027.

Cette tripartition jette cependant la France dans le brouillard, au terme d’un scrutin qui a fortement mobilisé les électeurs avec une participation de 67%, la plus forte depuis 1997. Car faute d’atteindre la barre de 289 députés, ou même de s’en approcher, aucun bloc ne semble en mesure de composer seul un gouvernement. Plusieurs scénarios (ou scenarii, le pluriel savant sorti de l’usage), tous inédits sous la Ve République, se dessinent.

COALITION INÉDITE EN VUE ?    

Les partis de gauche et le camp macroniste trouveront-ils un improbable accord politique, après deux ans à ferrailler pied à pied contre la réforme des retraites ou encore la loi immigration ?

Quelle place dans le prochain dispositif pour la France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon, dont la suprématie à gauche pourrait désormais être contestée par un Parti socialiste (PS) revigoré ? L’union de la gauche, qui paraît si fragile, survivra-t-elle à ce scrutin ?

La question se pose aussi de la stratégie des Républicains (LR), plongés dans la tourmente après le ralliement de leur chef, Éric Ciotti, au RN mais qui conservent un contingent d’élus plus que suffisant (68) pour se présenter comme pivot à l’Assemblée nationale.

À trois semaines de l’ouverture des Jeux olympiques de Paris, qui propulseront la France sous les projecteurs du monde entier, le pays pourrait aussi s’orienter vers l’hypothèse d’un gouvernement technique, comme celui qui avait sauvé l’Italie de la crise de la dette en 2011. À condition de parvenir à un consensus sur des personnalités.

Dans des conditions si floues, « Jupiter » a été amené à temporiser alors que son actuel Premier ministre, Gabriel Attal, lui a remis sa démission, lundi matin, mais s’est déclaré disponible pour assumer ses fonctions « aussi longtemps que le devoir l’exigera ». À cet effet, il vient d’accepter sa demande de rester Premier ministre « pour le moment » afin d’ « assurer la stabilité du pays ».

Le chef de l’État, qui s’est offert son traditionnel bain de foule, dimanche, au Touquet (Pas-de-Calais) après son vote, sort affaibli de cette séquence d’un mois, malgré le résultat honorable de son camp. Lui qui avait dissous au nom d’une nécessaire « clarification » n’aura pas permis de dégager à ce stade une majorité claire. Et la campagne éclair des législatives se sera déroulée dans une atmosphère tendue, marquée par des nombreuses agressions de candidats et militants, révélatrices d’une France à cran et divisée.

« QUI POUR GOUVERNER ? »

La question de l’après est déjà au cœur des interrogations de l’exécutif, tandis que Emmanuel Macron appelle à la « prudence », estimant que les résultats ne répondent pas à la question de « qui pour gouverner ? ».

« La question va être de savoir si une coalition cohérente est capable de se composer pour atteindre les 289 députés », s’interroge l’Élysée, pendant qu’aucun de trois camps n’a atteint le seuil de la majorité absolue.

Emmanuel Macron parviendra-t-il à préserver l’unité de sa propre majorité alors que se profile déjà l’échéance de 2027 pour laquelle plusieurs ténors, à commencer par l’ancien Premier ministre, Édouard Philippe, nourrissent de hautes ambitions ? Vers une union au centre ? Un délitement de la gauche ? Un accord entre la droite et l’extrême droite ? Des doutes et de nombreuses hypothèses sont émis après la publication des résultats.

De son côté, Jean-Luc Mélenchon a souligné, juste après 20h, la « défaite » du président de la République et de sa coalition. « Le président doit s’incliner et admettre cette défaite », a-t-il ajouté. « Le Premier ministre doit s’en aller », a-t-il aussi réclamé. Il voit désormais le NFP gouverner le pays : « Le président a le pouvoir et le devoir d’appeler le Nouveau Front populaire à gouverner », a affirmé le leader de LFI qui dit sa coalition « prête » à prendre Matignon. À la condition d’accepter tout son programme. « Nous refusons d’entrer dans des négociations avec son parti pour faire des combinaisons », a aussi déclaré Jean-Luc Mélenchon, refusant ainsi d’emblée toute coalition avec le gouvernement.

Attendu au sommet de l’Otan à Washington, du 9 au 11 juillet, Emmanuel Macron devra en tout cas s’employer à rassurer les partenaires et les milieux financiers sur la stabilité de la France.

La semaine qui commence va aussi produire son lot d’âpres négociations pour les postes clés à l’Assemblée, avant l’ouverture, le 18 juillet prochain, de la 17ème législature de la Ve République qui débutera par l’élection à la présidence, puis la constitution des groupes politiques.

Alors que 76 députés avaient été élus au premier tour, dimanche 30 juin, les 501 autres ont fait leur entrée, lundi 8 juillet, à l’Assemblée pour récupérer notamment leur kit d’accueil, dont l’écharpe tricolore.

Robert Kongo, correspondant en France

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