Dans le souci d’augmenter les flux internationaux de financements climatiques et de la biodiversité en faveur des forêts du bassin du Congo, le ministère de l’Environnement et Développement durable organise, mercredi 17 juillet 2024 au Cercle Elaeis de Kinshasa, un atelier national de socialisation et d’appropriation de l’Initiative COMIFAC-WWF.
Cet atelier s’assigne, entre autres objectifs, de susciter les engagements politiques et de consolider la synergie autour de la COMIFAC pour améliorer les capacités de négociations de la sous-région et parvenir à augmenter les flux internationaux de financements climatiques et de la biodiversité en faveur des forêts du bassin du Congo.
Et de manière spécifique, il s’agit de faciliter la compréhension partagée du contexte, des enjeux et des défis pour les financements climatiques et de la biodiversité en faveur des forêts du Bassin du Congo ; d’explorer et internaliser les options de financement identifiées dans le cadre de l’étude commise par la COMIFAC-WWF et réalisée par Climate Focus ; de présenter les étapes futures de l’Initiative devant aboutir à termes à des accords équitables pour les financements climatiques et de la biodiversité en faveur des forêts du Bassin du Congo ; de susciter l’adhésion, l’appropriation et l’engagement politique du gouvernement et des partenaires techniques et financiers ; de favoriser les synergies avec les initiatives de financements climatiques et de la biodiversité dans le pays et dans le Bassin du Congo.
Contexte de l’atelier
Le processus de mise en œuvre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) est ponctué depuis plusieurs années par des discussions, des négociations et des engagements pour le financement par les pays développés des actions d’adaptation et d’atténuation au changement climatique. En effet, les forêts tropicales et particulièrement celles du Bassin du Congo en tant que puits de carbone et habitat de la biodiversité, jouent un rôle majeur dans la régulation du climat mondial.
Selon le premier rapport de Climate Focus, en regardant les flux de financements de trois bassins des forêts tropicales (Amazonie, Mékong-Bornéo et Congo), on constate que le Bassin du Congo ne bénéficie que de 4% des financements, lesquels sont constitués des aides publiques au développement pour plus de 68% et des prêts pour plus de 24%.
Au-delà de ce tableau peu reluisant, il existe une pléthore de mécanismes de financements, dont les procédures sont complexes.
Du côté du marché du carbone, s’il semble pertinent pour les forêts dégradées et les processus de restauration, il est à contrario inadapté pour les forêts du bassin du Congo dont le taux de dégradation est inférieur à 2%.
Depuis le Sommet de Rio sur le développement durable et celui de Kyoto sur le climat, les pays du Bassin du Congo ont consenti d’énormes efforts en termes de politique, de législation et d’actions ayant permis de conserver leurs écosystèmes forestiers qui sont parmi les plus riches en carbone et en biodiversité du monde. Ces efforts ont permis de limiter le taux de déforestation entre 0,01 à 0,33%. Aussi, si les forêts à haute intégrité du bassin du Congo sont engagées dans des initiatives pour le marché du carbone, les revenus indexés aux flux de séquestration du carbone ne suffisent pas à couvrir les charges d’investissement, encore moins à contribuer au développement économique de ses pays.
Face aux nécessités de répondre aux attentes légitimes de développement socioéconomique, les pays du Bassin du Congo se trouvent confrontés à des choix difficiles. D’une part, la nécessité de mettre leur potentiel forestier au centre du développement économique, ce qui suggère des conversions de forêts à grandes échelles, et d’autre part de répondre à la problématique mondiale de conserver ce potentiel forestier afin qu’il continue de jouer le rôle de poumon vert de notre planète.
S’il n’est pas question pour les pays du Bassin du Congo de sacrifier leur développement socioéconomique, il est plus nécessaire, pour eux, de développer de nouvelles approches de financement de leurs forêts qui reconnaissent leurs efforts de conservation, de protection et de gestion durable des écosystèmes forestiers. Ces nouvelles approches, objet de l’Initiative COMIFAC- WWF, permettent de définir des options visant à augmenter les flux de financements des forêts afin de soutenir la transition pour le développement de l’économie verte tout en évitant la dégradation des forêts et en maintenant des écosystèmes forestiers intacts qui contribuent à la stabilisation du climat.
Cette Initiative a été lancée par M. Jules Doret NDONGO, Ministre des Forêts et de la Faune du Cameroun et Président en exercice de la COMIFAC (à cette période) en marge de la 27ème Conférence des Parties (CoP27) sous la CCNUCC tenue à Sharm El-Cheikh en Egypte en 2022. A la suite de ce lancement, une première étude a été menée dressant un état des lieux et faisant ressortir des options de financement ainsi que des étapes d’actions permettant d’envisager, à terme, des accords de financements équitables avec toute la souplesse requise et adaptée au contexte des pays de l’espace COMIFAC.
Collaboration COMIFAC-WWF
Les premières conclusions de cette étude ont été présentées lors du Sommet de trois bassins des forêts tropicales tenu à Brazzaville au Congo en octobre 2023 et en marge de la 28è Conférence des Parties (COP28) sous la CCNUCC tenue à Dubaï en novembre et décembre 2023 au cours des side-évents présidés par le président en exercice de la COMIFAC, M. Prosper Dodiko, ministre de l’Environnement, de l’Agriculture et de la Pêche du Burundi.
C’est dans cette dynamique de collaboration et de dialogue que la COMIFAC et le WWF ont signé en date du 19 décembre 2023, un Mémorandum de collaboration visant, entre autres, à développer cette Initiative, mais également à renforcer la COMIFAC dans le processus de gouvernance des initiatives de financement climatique et de la biodiversité en faveur des forêts du Bassin du Congo.
A la suite de l’atelier de coordination de l’Initiative COMIFAC-WWF tenu à Douala au Cameroun les 27 et 28 février 2024, les participants ont convenu de l’organisation des ateliers nationaux de socialisation et d’appropriation de l’Initiative COMIFAC-WWF dans chaque pays du Bassin du Congo.
St Augustin K.