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21 novembre, 2024 - 21:38:24
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Guerre de 6 jours à Kisangani : Des témoignages poignants de violences inouïes

Du 5 au 10 juin 2000, Kisangani a été le théâtre d’une horreur inimaginable lorsque les armées rwandaise et ougandaise se sont affrontées au cœur de la ville, plongeant la République Démocratique du Congo dans un chaos dévastateur. Plus de 1000 civils ont perdu la vie dans ces combats acharnés, laissant derrière eux des milliers de blessés et des cicatrices indélébiles. Aujourd’hui, vingt-quatre ans plus tard, Kisangani continue de porter les stigmates de cette barbarie. Les témoignages poignants des survivants révèlent des scènes d’une cruauté insoutenable : des personnes amputées, des jeunes filles violées et réduites en esclavage, et des familles entières victimes d’exécutions sommaires. Ces récits déchirants plongent l’assistance dans une émotion profonde, rappelant les souffrances indicibles endurées par les victimes de cette tragédie.

Le 5 juin 2000, à 10 heures du matin, Théthé NSoni, alors âgée de 9 ans et en troisième année primaire, se retrouve prise au piège dans l’horreur. Alors que les balles crépitent autour d’elle, elle et ses sœurs cherchent refuge dans un orphelinat. « Je me suis dit que je ne pouvais pas retourner chez ma mère, c’était trop loin. Nous avons donc trouvé refuge sous un lit », se souvient-elle, la voix brisée.

Les combats entre les armées rwandaise et ougandaise se rapprochent, et une explosion déchire les jambes de Théthé. Déplacée dans une autre pièce, elle constate que l’une des bombes a détruit ses espoirs de survie avec une seule jambe.

Dans la confusion et la douleur, elle tente de se déplacer vers le salon en touchant sa jambe en feu. Sa grande sœur, trouvant encore un souffle de vie, lui apporte de l’eau pour apaiser la brûlure et se dépêche d’aller chercher leur mère. Lorsque cette dernière arrive, Théthé est transportée à l’hôpital général de Kisangani, où, enveloppée dans une natte, elle est la première victime à être traitée.

Le médecin, face à l’ampleur des blessures, procède à l’amputation de la première jambe de Théthé, espérant qu’elle pourra survivre avec une seule jambe. Mais, avec les médecins fuyant la menace des balles persistantes, Théthé est finalement envoyée dans une clinique voisine, où la situation est tout aussi désespérée. Les médecins ayant également pris la fuite, ses parents sont contraints de soigner eux-mêmes les blessures de leur fille. Sa jambe, déjà gravement endommagée, commence à pourrir, entraînant des infections.

Lorsque le médecin de l’hôpital général revient, il constate que la situation est irréversible et procède à l’amputation de la deuxième jambe. À l’âge de neuf ans, Théthé voit sa vie bouleversée à jamais.

Aujourd’hui, Théthé NSoni, avec ses prothèses coûtant 5 000 USD, se bat pour survivre dans une famille pauvre. « Je pensais que l’indemnisation de l’Ouganda me soulagerait et m’aiderait à obtenir des prothèses, mais cela reste un rêve », confie-t-elle, les larmes aux yeux. Cependant, elle garde espoir grâce aux initiatives du Fonarev au cimetière, espérant que leur aide pourrait améliorer sa situation.

D’autres victimes, comme Léon Kalume Mutomali, expriment également leur douleur et leur désespoir. « Si je suis encore en vie aujourd’hui, c’est grâce à Dieu », dit-il, les larmes aux yeux. « L’État doit nous venir en aide. Notre président, que Dieu bénisse vos actions. Aidez-moi, car je suis complètement anéanti. »

Ces témoignages poignants illustrent la souffrance persistante des Congolais et soulignent la nécessité de maintenir la mémoire vivante des atrocités subies. La commémoration du Génocide congolais pour des gains économiques (Genocost) à Kisangani témoigne de la détermination du gouvernement congolais à réparer les torts infligés par ces actes barbares.

Selon le gouverneur de la Tshopo, Paulin Lendongolia, sa province aspire uniquement à la paix.

Le message de « Plus jamais ça, plus jamais seuls » résonne comme un appel puissant adressé à la communauté internationale à travers le Genocost.

De ville martyre, Kisangani se transforme en un symbole d’espoir. La ministre des Droits humains, Chantal Chambu Mwavita, a appelé à une mobilisation nationale et internationale pour mettre fin aux génocides liés aux guerres économiques. « Nous devons sensibiliser et mobiliser pour rallier d’autres à notre cause. Avançons, clamant haut et fort pour mettre fin au génocide dans notre pays », a-t-elle affirmé.

Pitshou Mulumba

Envoyé Spécial à Kisangani (Tshopo)

 

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