La décision de suspension du directeur général de Congo Airways, José Lueya Dubier, et de son adjointe, Marie Pontshi Lobo, par le ministre du Portefeuille, Jean-Lucien Bussa, ne doit pas masquer l’éclairage attendu, notamment judiciaire, sur les graves dysfonctionnements révélés par un rapport d’audit de l’Inspection générale des finances (IGF), qui soulignent un flou de gestion alarmant. Alors que la compagnie fait face à une crise de confiance, tous les yeux sont désormais tournés vers le directeur général intérimaire, Norbert Sengamuli Lukukwa, dont la mission sera de restaurer la confiance et de relancer les opérations, afin d’assurer la pérennité du Congo Airways dans un secteur aérien congolais en quête de renouveau.
La suspension du directeur général de Congo Airways, José Lueya Dubier, ainsi que celle de son adjointe, Marie Pontshi Lobo, par le ministre du Portefeuille, Jean-Lucien Bussa, a été accueillie avec soulagement par les agents et cadres de la compagnie aérienne nationale. Ces derniers, mobilisés et déterminés, avaient longtemps exprimé leur mécontentement face à une gestion jugée inefficace des ressources financières et humaines de l’entreprise. Néanmoins, il est impératif de souligner que cette suspension ne doit pas occulter l’éclairage sur le flou de gestion qui a été maintes fois dénoncé, et ce, notamment à travers un rapport d’audit réalisé par l’Inspection générale des finances (IGF).
Ce rapport, récemment demandé par le ministre d’Etat en charge de la Justice, met en lumière des dysfonctionnements alarmants au sein de la société. Lors d’une manifestation qui s’est tenue à Kinshasa le 2 octobre, les agents de Congo Airways ont fait entendre leurs voix à travers quatre revendications majeures : la reprise des activités de la compagnie, l’acquisition de moteurs pour l’A320, le paiement de 14 mois d’arriérés de salaire, et la démission immédiate du directeur général, Lueya Dubier. Ces revendications illustrant un profond désespoir et un besoin urgent de changement au sein de l’entreprise.
Il convient également de rappeler qu’il y a peu, dans une correspondance interne datée du 12 septembre 2024, Jean-Bertrand Ewanga, président du Conseil d’administration, a alerté sur la disparition de 1,41 million de dollars américains, somme destinée à la location d’un Airbus 320-200. Cette location avait pour but de relancer les activités de la compagnie, mais deux mois après le virement des fonds, aucun avion n’a été réceptionné, soulevant ainsi de sérieux doutes quant à l’utilisation de cet argent par la direction générale. Cette situation compromet non seulement l’avenir de Congo Airways, mais jette également une ombre sur l’intégrité de sa direction.
Et dans une ultime tentative de fuite en avant, le directeur général suspendu a sollicité l’intervention du ministère du Portefeuille pour une mission auprès de Jordan Aviation, ajoutant ainsi au flou entourant la gestion des fonds engagés pour la location d’un avion qui n’a toujours pas vu le jour. Or, alors que le gouvernement plaçait de grands espoirs dans Congo Airways avec l’adoption, le 19 juillet, d’un business plan quinquennal, le Conseil d’administration, sous la présidence de Jean-Bertrand Ewanga, a fermement désavoué la direction de Lueya Dubier, notant que sous sa conduite, les objectifs de redressement n’ont pas été atteints. La négligence dans la relance des opérations, les abus de pouvoir, et le non-respect des décisions du Conseil d’administration ont été des points de critique récurrents. Fallait-il attendre d’accumuler encore des millions de dollars perdus pour que le ministre du Portefeuille, souvent considéré comme un protecteur du directeur général suspendu, prenne enfin conscience des dégâts causés ? La motivation avancée pour cette suspension, à savoir un contexte de dysfonctionnements révélés par une mission d’audit, met en lumière un environnement de travail malsain et des tensions qui ne sont pas nouvelles.
Entre-temps, tous les regards sont tournés vers le DG intérimaire désigné, Norbert Sengamuli Lukukwa, pour jouer à la stabilisation de la situation dans cette société. Car, la pérennité de Congo Airways dépendra de la capacité de cette nouvelle direction à restaurer la confiance et à relancer efficacement les opérations, tout en s’assurant que les erreurs du passé ne se reproduisent pas.
Dans un contexte où l’industrie aérienne congolaise a besoin de renouveau, il est impératif que des mesures concrètes soient mises en place pour garantir la transparence et la bonne gestion des ressources. Seule une gouvernance rigoureuse pourra permettre à Congo Airways de retrouver son lustre d’antan et de remplir sa mission essentielle au service des Congolais.
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