Le phénomène « Kuluna » et autres actes de violence qui gangrènent nos villes, notamment la capitale Kinshasa, sont des plaies ouvertes sur le corps de notre société. Chaque jour, des familles vivent dans la peur, des quartiers sont paralysés par l’insécurité et le tissu social s’effrite face à cette montée de la criminalité. Ce fléau, qui s’enracine profondément dans le désespoir d’une jeunesse marginalisée, ne peut plus être toléré. Le rappel solennel du Chef de l’État, lors du Conseil des ministres du 18 octobre, doit être perçu comme un signal d’urgence : il est temps de passer à l’action.
La criminalité urbaine n’est pas une fatalité. C’est un mal que l’on peut combattre, à condition d’avoir la volonté collective de s’attaquer à ses causes profondes et de mobiliser tous les acteurs de l’État. Le Chef de l’État l’a bien compris en confiant au gouvernement, sous la direction de la Première ministre, la mission cruciale de renforcer l’encadrement des jeunes laissés-pour-compte, ces mêmes jeunes que le désespoir pousse parfois sur le chemin de la délinquance. À travers des structures publiques et privées d’apprentissage des métiers, et un programme de réinsertion sociale ambitieux, il est possible de leur offrir une alternative, de les ramener vers des horizons plus dignes.
Mais cela ne suffira pas. La lutte contre les « Kuluna » doit aussi être une affaire de justice. L’organisation régulière d’audiences foraines pour juger les criminels, confiée au vice-Premier ministre de l’Intérieur, au ministre de la Défense et au ministre de la Justice, en collaboration avec le Conseil supérieur de la magistrature, est une étape essentielle. Il faut que la loi soit appliquée avec rigueur, et que l’impunité cesse. Chaque bandit armé, chaque « Kuluna » qui tombe sous le coup de la justice doit servir d’exemple. L’effet dissuasif ne sera réel que si la société voit que le crime ne paie plus.
Cependant, il serait vain de réprimer sans prévenir. Le contrôle rigoureux de la circulation et de la détention des armes, exigé par le Président, est une condition sine qua non pour restaurer l’ordre. Trop souvent, des éléments incontrôlés parmi les forces de l’ordre prêtent main forte aux criminels ou leur fournissent des armes. C’est un scandale qui doit cesser immédiatement. Nos militaires et policiers doivent être les garants de la sécurité, non ses fossoyeurs.
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