Dans l’histoire d’un pays, le peuple est toujours le dernier rempart, l’ultime arbitre des choix fondamentaux qui guident l’évolution sociale, politique et économique. En République démocratique du Congo, ce principe est d’autant plus vrai que la Constitution, socle des institutions, ne saurait être figée dans le temps, insensible aux réalités qui évoluent.
C’est dans ce contexte que le président Félix Tshisekedi, lors de son allocution à Kisangani, chef-lieu de la Tshopo, a annoncé la perspective d’une révision constitutionnelle. Un propos qui, bien loin d’être un « péché », traduit une réflexion légitime et nécessaire sur l’adaptabilité de notre Loi fondamentale aux exigences actuelles du pays.
L’idée même d’une révision constitutionnelle n’est pas étrangère à l’histoire congolaise. On se souvient que face au coût astronomique des élections, le prédécesseur de Félix Tshisekedi, Joseph Kabila, n’avait pas hésité à modifier la Constitution en ramenant l’élection présidentielle de deux tours à un seul. Cette décision, motivée par des contraintes objectives, avait fait l’objet de débats tout aussi passionnés. Aujourd’hui encore, ce débat s’ouvre, et il est légitime.
Félix Tshisekedi, en tant que garant du bon fonctionnement des institutions, est peut-être mieux placé que quiconque pour poser un regard critique sur les textes constitutionnels actuels. L’adaptation de ces textes aux réalités congolaises est essentielle. D’ailleurs, il ne manque pas de souligner, devant une foule attentive, que la Constitution actuelle « a été rédigée dans un pays étranger » et qu’elle présente des lourdeurs, notamment dans la mise en place des institutions ou encore dans l’élection des gouverneurs de province. Il est donc légitime que, comme tout citoyen, le président puisse exprimer son opinion sur ces points.
Cependant, le président a rappelé une vérité fondamentale : c’est le peuple qui a le dernier mot.
En annonçant la création d’une commission en 2025 pour rédiger une nouvelle Constitution, Félix Tshisekedi ne s’arroge pas de pouvoir excessif, il place cette décision dans les mains de ceux à qui elle appartient réellement – le peuple congolais. Car, s’il y a bien une certitude dans la dynamique politique d’un pays, c’est que la volonté populaire ne saurait être ignorée.
Le débat sur les matières verrouillées de la Constitution, notamment la limitation du nombre de mandats présidentiels, est un sujet délicat, mais il n’est pas intouchable. Comme l’a clairement indiqué le chef de l’État : « Pour changer le nombre de mandats présidentiels, il faut que vous, le peuple, le décidiez ». Cette affirmation est une véritable leçon de démocratie, rappelant que ce n’est pas au président de trancher sur une telle question, mais au souverain primaire, le peuple.
En somme, la révision constitutionnelle n’est ni un tabou, ni un outil de manipulation politique, mais une nécessité qui peut émerger au gré des réalités nationales. Loin de toute tentative de déstabilisation, cette démarche doit être perçue comme une opportunité de rendre la République démocratique du Congo plus forte, avec des institutions plus efficaces, mieux adaptées à ses défis actuels et futurs.
Ce qui se profile à l’horizon est une responsabilité collective : écrire une Constitution pour demain, une Constitution qui serve le peuple, et non les intérêts individuels. Le peuple congolais, dans sa sagesse, saura saisir cette occasion pour faire entendre sa voix, car, en fin de compte, il est le maître incontestable de son destin.
Pitshou Mulumba