Le candidat républicain, Donald Trump, est élu 47ème président des États-Unis. Selon BFMTV, il a dépassé la majorité absolue avec 276 grands électeurs contre 223 pour sa rivale démocrate, Kamala Harris. Il s’est exprimé depuis son QG en Floride, mercredi 6 novembre 2024, et a revendiqué la victoire quelques heures avant l’officialisation des résultats. Une victoire incontestable après s’être imposé dans la plupart des États clés. Kamala Harris, qui a rejoué la partition d’Hillary Clinton, est KO : même moralisme, même soutien des élites, même communautarisme. Une stratégie perdante, qui interroge sur la capacité d’apprentissage des démocrates.
Il a refait le coup de 2016… en plus impressionnant. En regardant les États clés basculer les uns après les autres du côté des républicains, on ne peut s’empêcher de repenser à la victoire de Donald Trump en 2016. Même euphorie chez les partisans de l’homme à la casquette rouge, et même incrédulité chez les démocrates, qui se sont bercés d’illusions à la faveur de sondages redevenus étrangement favorables ces derniers jours.
Quelques heures avant l’officialisation des résultats, Donald Trump s’est exprimé depuis son QG et a revendiqué la victoire : « C’est une victoire jamais vue », a-t-il lancé à la tribune. Sourire éclatant, chevelure blondie…Le voilà qui triomphe à nouveau sur la scène de son QG à West Palm Beach, au nord de Miami. « Four more years » (quatre ans de plus) : le slogan de ses supporteurs sonnait comme une hérésie, aux oreilles de ses millions de détracteurs. Ils vont devoir s’y faire : Donald Trump, le président de toutes les outrances, le populiste en chef, la personnification même du concept de « fake news » redevient le président de la première puissance mondiale.
Un raz de marée
Nul besoin de lancer ses partisans à l’assaut du capitole, c’est de façon démocratique et incontestable que le 47ème président des États-Unis s’apprête à réinventer la Maison-Blanche. Selon les projections des médias américains, Trump a emporté la Pennsylvanie (19 grands électeurs), Caroline du Nord (16 grands électeurs), la Géorgie (16 grands électeurs)…Un raz de marée rouge déferle sur le pays. D’autant plus que le Grand Old Party va être majoritaire au Sénat et à la Chambre des représentants et que les conservateurs dominent aussi la Cour suprême. C’est un Trump plus puissant qu’en 2016 qui s’apprête à reprendre le pouvoir, le 20 janvier 2025, date de son investiture officielle.
Les démocrates sont défaits dans presque toutes les régions disputées. Après avoir voulu maintenir coûte que coûte un Joe Biden à la santé déclinante, le parti semblait s’être uni derrière Kamala Harris lors de la convention de Chicago. Mais on ne pouvait s’empêcher de remarquer que le soutien du couple Obama était timide et que l’ancienne procureure de Californie avait tout d’une candidature par défaut.
Les moments d’enthousiasme autour de sa candidature relevait davantage d’une forme de « pensée magique » ou « wishful thinking ». Une femme à la Maison-Blanche, aux origines variées, le symbole aurait été fort. Il faudra attendre. Le grand parti de gauche américain va devoir se reconstruire. Il est aux abois et son ennemi numéro un est de retour à la Maison-Blanche.
Le chœur des âmes pures
Ce qui est étrange avec les démocrates américains, c’est qu’ils n’apprennent pas. Si Donald Trump l’emporte, on est en droit de dire que c’est à cause de la campagne ratée de Kamala Harris. Comme Hillary Clinton, la concurrente de Trump de 2016, elle aura eu tout faux du début à la fin.
Kamala Harris passe bien, à la télévision. Elle inspire même une certaine sympathie, avec un bon rire dont elle a peut-être abusé, comme si c’était tout ce qu’elle avait. Mais elle a commis l’erreur mortelle de reprendre point par point une stratégie, celle d’Hillary Clinton, qui avait échoué lamentablement il y’a huit ans. D’abord, contre le candidat républicain, elle a fait campagne sur la morale avec le soutien de toutes les « élites » de Hollywood et de la quasi –totalité des médias.
Lors des dernières semaines, la mobilisation des célébrités fut à son comble. De Beyoncé à Richard Gere en passant par Leonard Di Caprio, tous, drapés de probité et de bonne conscience, ont mis en garde contre le « fascisme » en marche. Même Arnold Schwarzenegger s’est joint au chœur des âmes pures. Quant aux journalistes américains, ils semblaient souvent en mission, une mission de sauvetage de la démocratie et de l’Amérique en péril. Certains ont même fini par ressembler, avec un discours opposé, aux grotesques prédicateurs ou télévangélistes du camp trumpiste.
Discours fragmenté
À la fin, la plus grande des fautes de Kamala Harris a été, surtout, d’avoir tenu un discours fragmenté, segmenté, s’adressant à tour de rôles à chacune des communautés du pays alors que Donald Trump, comme Joe Biden qui avait battu ce dernier en 2020, s’adressait au peuple américain dans son ensemble, avec un message national, sinon patriote. C’est peut-être l’une des grandes leçons de ce scrutin : contrairement au patriotisme, le communautarisme ne paye pas ou plus. La preuve, le candidat républicain qui, lui, a d’abord parlé de l’Amérique, a ramassé des électeurs dans tous les milieux et il aurait même, selon certains sondages, sérieusement progressé chez les Noirs.
Sans parler de la classe ouvrière, comme le montrent les résultats de la Pennsylvanie. Avis à ceux qui, en France, jouent la carte communautariste. La gauche française qui, ces derniers temps, tente d’imiter la gauche américaine, avec la même démagogie communautariste et les mêmes tics de langage, va devoir revoir sa stratégie.
Réagissant à l’annonce de cette victoire, le président français, Emmanuel Macron, a adressé ses félicitations à Donald Trump, se disant « prêt à travailler ensemble comme nous avons su le faire durant quatre années », « Avec vos convictions et avec les miennes », « Avec respect et ambition. Pour plus de paix et de prospérité », a-t-il écrit sur son compte X.
Robert Kongo, correspondant en France