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Kinshasa
20 novembre, 2024 - 21:29:45
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Révision ou changement de Constitution : Kabila, Katumbi et Fayulu sur un front commun fragile face à Tshisekedi

Le bloc anti-Tshisekedi formé le 20 novembre à Kinshasa par Joseph Kabila, Moïse Katumbi, Martin Fayulu et d’autres figures de l’opposition s’annonce comme un front de refus catégorique à toute modification constitutionnelle. Cependant, cette coalition, aux ambitions communes mais aux trajectoires politiques divergentes, révèle des fragilités structurelles et des antagonismes latents. Tandis que Kabila demeure une stratégie influente dans l’ombre, Katumbi porte le poids d’un passé controversé, et Fayulu s’enferme dans une posture radicale. En face, Félix Tshisekedi semble consolider une légitimité populaire et une stabilité institutionnelle, laissant planer le doute sur l’efficacité d’une opposition qui, sans programme alternatif clair, pourrait s’avérer davantage symbolique que véritablement opérationnelle.

Joseph Kabila, Moïse Katumbi, Martin Fayulu et d’autres figures de l’opposition congolaise ont formé, mercredi 20 novembre, un bloc destiné à contrer toute tentative de modification de la Constitution par le président Félix Tshisekedi. Leur mot d’ordre, clairement exprimé dans leur déclaration du 20 novembre à Kinshasa, est sans équivoque : “Pas de changement de Constitution, pas de troisième mandat, pas de présidence à vie en RDC.” Une telle coalition, portant le nom de « Forces politiques et sociales contre la dictature et le changement de la Constitution », a été officialisée au Centre interdiocésain de Kinshasa. Bien que cette alliance semble, sur le papier, rassembler une opposition commune face au pouvoir en place, la question cruciale demeure : quelle sera l’efficacité et l’efficience de ce bloc hétérogène, où les divergences idéologiques, personnelles et stratégiques risquent de compliquer toute action coordonnée ? Loin d’être un front uni et cohérent, ce bloc est marqué par des antagonismes profondément enracinés, ce qui laisse planer un doute sur sa capacité à endiguer les ambitions de Félix Tshisekedi.

En effet, la formation de cette alliance soulève une série de questions qui interrogent sur sa solidité. Moïse Katumbi, Joseph Kabila et Martin Fayulu, bien que partageant une commune d’opposition à Tshisekedi, ont des trajectoires politiques et des intérêts parfois diamétralement opposés. Moïse Katumbi, ancien allié de Joseph Kabila, se trouve dans une position particulièrement délicate. Son passé politique, marqué par des alliances avec le régime de Kabila, le place dans une posture ambiguë aux yeux de nombreux Congolais. Bien que son image ait évolué au fil des années, notamment en raison de sa rupture avec le pouvoir Kabila et de son exil prolongé, il demeure un acteur dont les liens avec l’ancien président sont difficilement occultables. En effet, Katumbi a longtemps occupé des fonctions stratégiques dans le gouvernement Kabila, notamment en tant que gouverneur du Katanga, et il a été associé à des décisions controversées qui ont forgé une partie du passif du régime Kabila.

De son côté, Martin Fayulu, figure de l’opposition radicale, représente une toute autre école politique. Défenseur d’un changement systémique. Son parcours, et particulièrement sa lutte acharnée contre l’ancien régime Kabila-Katumbi, ne l’a pas épargné des déboires. De plus, il demeure perçu comme un homme d’un autre temps, enfermé dans une vision radicale du changement, au risque de se couper des évolutions politiques nécessaires dans un pays où la réalité de terrain exige pragmatisme et souplesse dans les alliances.

Quant à Joseph Kabila, malgré son retrait relatif de la scène politique, son influence reste un facteur déterminant dans la configuration politique. Sa capacité à jouer sur les rivalités internes, à manipuler les forces politiques et à orchestrer les manœuvres derrière le rideau fait de lui un acteur qui va guider cette alliance de circonstance à son gré.

C’est dire que l’alignement de ces figures, bien que pour une action commune à court terme, révèle une fragilité structurelle qui pourrait se traduire par une instabilité politique interne.

De surcroît, la posture de Félix Tshisekedi dans ce contexte ne semble pas vulnérable. Son mandat, qui s’étend jusqu’en 2028, ne semble guère menacé, d’autant que la révision constitutionnelle est une question qu’il a abordée de manière précoce et stratégique. En effet, en l’absence d’une contestation populaire massive ou d’une pression réelle venant de l’extérieur, Tshisekedi semble avoir les mains libres pour mener à bien ses projets de révision constitutionnelle. Le Président congolais bénéficie d’un large soutien populaire qui, à ce stade, lui assure une relative stabilité face aux contestations. Ce soutien, renforcé par des attentes sociales profondes de changements radicaux, semble peu susceptible de se détourner de lui, même si la question de la révision constitutionnelle reste un terrain sensible.

Ce qui complique davantage l’action de l’opposition, c’est l’absence d’un véritable programme alternatif ou d’une vision cohérente. Leur méthode d’opposition se résume souvent à une réaction émotionnelle face aux initiatives du pouvoir, sans propositions concrètes et structurées. De plus, la confiance dans les interventions extérieures comme levier de pression apparaît illusoire, car ces dernières sont peu susceptibles de se matérialiser sous la forme d’une ingérence significative, surtout dans un contexte géopolitique où les intérêts des puissances internationales sont souvent divergents.

L’un des défis majeurs pour Tshisekedi, paradoxalement, pourrait provenir de son propre camp. En effet, il est plausible que des calculs électoraux internes, notamment en vue des élections de 2028, créent des dissensions parmi ses alliés.

L’incompétence de certains membres de son entourage ou l’absence de cohésion autour de projets clés pourraient créer des obstacles non négligeables. Cependant, face à la population congolaise, qui aspire à des réformes profondes et à un renouveau politique, Félix Tshisekedi semble bénéficier d’une légitimité solide qui pourrait lui permettre de mener à bien ses projets de révision constitutionnelle sans trop de résistance populaire.

Infos27

 

 

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