Le chef du M23, Bertrand Bisimwa, tente de redéfinir le rôle de son mouvement dans le processus de paix de Nairobi, mais sa sortie médiatique à la chaîne Al Jazeera reflète plus une tentative désespérée de repositionnement qu’une véritable stratégie. En réalité, le M23 se retrouve acculé, tant sur le front militaire que diplomatique. La voix de Kinshasa, qui a triomphé à travers une démonstration implacable des ingérences rwandaises, continue de dicter le tempo. Le processus de Nairobi reste la seule planche de salut pour un mouvement dont les prétentions s’amenuisent face à une RDC déterminée à défendre son intégrité territoriale et à rétablir la paix durablement. À défaut d’y adhérer, le M23 risque de disparaître, emporté par la montée en puissance des FARDC et la nouvelle dynamique régionale.
Une tentative de repositionnement désespéré
Dans une interview accordée le mercredi 1er janvier à la chaîne Al Jazeera, Bertrand Bisimwa, leader du M23, a affirmé que “désormais le processus de Nairobi devrait concerner son mouvement et le gouvernement congolais”. En arguant que “tous les groupes armés ont été intégrés dans les FARDC en tant que réservistes”, il cherche à faire passer le M23 pour le seul interlocuteur légitime face à Kinshasa. Pourtant, cette déclaration révèle davantage la posture d’un mouvement dos au mur que celle d’un acteur en position de force.
Le M23, que de nombreux observateurs considèrent comme un supplétif du Rwanda, se trouve désormais dans une impasse stratégique. Sur le terrain militaire, la montée en puissance des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) a réduit considérablement sa marge de manœuvre. Les récentes offensives congolaises, combinées aux pressions internationales croissantes sur Kigali, ont affaibli les capacités opérationnelles du M23, rendant ses revendications de plus en plus insoutenables.
Sur le plan diplomatique, Kinshasa a réussi à convaincre la communauté internationale que le M23 n’est qu’un outil de déstabilisation utilisé par le Rwanda pour poursuivre des objectifs économiques et géostratégiques en RDC. La démonstration des ingérences rwandaises a été si éloquente que Kigali, sous la médiation angolaise, n’a pas pu signer l’accord de paix attendu le 15 décembre dernier à Luanda. Cette incapacité à obtenir un règlement favorable illustre l’isolement croissant de Kigali et de ses marionnettes.
Le processus de Nairobi : une planche de salut pour le M23
Dans ce contexte, le processus de Nairobi reste la seule issue possible pour le M23. Ce cadre, conçu pour intégrer les groupes armés dans un processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), édicte des lignes claires pour le retour de la paix en RDC. En insistant pour être le seul groupe armé reconnu dans ce processus, Bertrand Bisimwa tente de masquer une réalité : son mouvement n’a plus d’autre choix que de se soumettre à cette dernière chance.
Cependant, les propos du chef du M23 traduisent aussi une tentative de redorer le blason d’un mouvement largement discrédité. La vérité est que Kinshasa a imposé sa voix dans ce processus, consolidant sa position comme le principal acteur légitime dans la résolution de la crise sécuritaire.
Bien plus, la dynamique actuelle en Afrique centrale ne joue pas en faveur du M23 ni de son parrain rwandais. La RDC a renforcé ses alliances diplomatiques, notamment avec des acteurs tels que l’Angola et l’Afrique du Sud, qui soutiennent fermement la souveraineté congolaise. De plus, la pression exercée sur Kigali par des partenaires internationaux comme les États-Unis et l’Union européenne a contribué à isoler davantage le Rwanda sur la scène régionale.
Infos27