Dans une interview exclusive accordée à Infos27, Jean-Aimé Mbiya Bondo Shabanza, Vice-Président fédéral et Représentant Adjoint en charge de la Politique et de la Diplomatie au sein de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS/Tshisekedi), livre une analyse sans concession de l’évolution socio-économique de la République Démocratique du Congo (RDC). Selon lui, malgré des chiffres de croissance flatteurs, la réalité sur le terrain est tout autre : le pays demeure pris au piège d’un modèle économique archaïque et une crise structurelle continue d’alimenter la pauvreté. Il appelle à une rupture radicale avec ce système, en prônant un développement endogène fondé sur la diversification économique, la valorisation des ressources naturelles et une gouvernance plus juste et transparente.
Selon Jean-Aimé Mbiya, la RDC a atteint un tournant historique, mais les récentes statistiques de croissance sont loin de refléter la réalité sur le terrain. Il pointe une crise structurelle qui persiste, où la majorité des Congolais continuent de vivre dans des conditions de pauvreté extrême, privées d’accès aux services de base essentiels comme la santé, l’éducation et les infrastructures de transport. Loin d’être un signe de prospérité, la croissance modeste enregistrée ces dernières années n’est qu’une illusion qui ne profite qu’à une petite élite locale et à des intérêts étrangers, souvent au détriment de la population.
Jean-Aimé Mbiya souligne que la RDC reste piégée dans un modèle économique où l’exportation de matières premières sans valeur ajoutée constitue la principale source de revenus. Une telle dépendance empêche le pays de se diversifier économiquement et empêche la création d’emplois durables et d’une politique publique efficace. La solution, selon lui, réside dans une rupture nette avec ce modèle archaïque, pour se tourner vers un développement endogène qui valorise les ressources humaines et naturelles du pays.
Diversification économique : un urgent besoin de transformation
Pour Mbiya, la diversification de l’économie est la priorité urgente pour le gouvernement. La RDC possède des ressources naturelles et humaines exceptionnelles, mais elles sont sous-exploitées. Si le pays veut se libérer de sa dépendance aux matières premières, il doit investir massivement dans l’agriculture durable, la transformation locale des ressources et le développement de l’entrepreneuriat. Le leadership audacieux nécessaire pour réaliser ces changements doit être soutenu par des réformes profondes et une vision claire qui place la justice sociale et l’équité au cœur de l’action gouvernementale.
L’agriculture durable apparaît comme un secteur stratégique pour le développement de la RDC. Jean-Aimé Mbiya plaide pour une révolution agricole, passant par la véritable modernisation des techniques agricoles, l’implantation de coopératives modernes et la transformation locale des produits agricoles. Ce secteur, vital pour le pays, pourrait devenir un pilier de la croissance économique, tout en permettant de réduire les inégalités entre zones urbaines et rurales.
La valorisation des ressources naturelles est un autre axe central de la vision de Jean-Aimé Mbiya. Actuellement, les minéraux de la RDC sont principalement exportés sous forme brute, mais le pays pourrait bénéficier de politiques incitatives pour la transformation locale de ces ressources. La création de zones industrielles et de pôles de transformation favoriserait non seulement la création d’emplois, mais stimulerait aussi l’innovation et la recherche, permettant à la RDC de capter une plus grande part de la valeur ajoutée de ses ressources.
Gouvernance et lutte contre la corruption : un système à repenser
L’une des principales préoccupations de Jean-Aimé Mbiya est la gouvernance. Il critique sévèrement un système marqué par l’inefficacité, la corruption et un manque flagrant de transparence. L’injustice sociale qui en découle est inacceptable, d’autant plus que les richesses naturelles et humaines du pays restent sous-exploitées au profit d’une petite élite. Mbiya appelle à une réforme en profondeur de l’administration publique, et surtout à une politique de responsabilisation des responsables publics. L’un des défis majeurs sera de mettre en place une justice économique, où les principes de véritable transparence et de responsabilité seront appliqués de manière stricte.
Le gouvernement doit agir rapidement sur plusieurs fronts essentiels. D’abord, la réforme du secteur des infrastructures, en particulier dans les domaines de la santé, de l’éducation et des transports, doit devenir une priorité absolue. Jean-Aimé Mbiya insiste également sur la nécessité d’une décentralisation efficace, permettant aux autorités locales de gérer leurs propres ressources et d’être plus réactives aux besoins des communautés. Cette décentralisation serait la clé d’une gouvernance plus inclusive et d’un développement régional harmonieux.
Jean-Aimé Mbiya souligne que l’éducation et la formation technique doivent devenir un moteur de transformation. La réforme du système éducatif est essentielle pour permettre à la jeunesse congolaise de participer activement à la construction de la nation. En investissant massivement dans la formation professionnelle et en modernisant le système éducatif, la RDC pourrait enfin lutter efficacement contre le chômage des jeunes et les préparer à prendre part à l’essor économique du pays.
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