Le député Matthias Renault, représentant la Somme, a présenté une lettre officielle au ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, pour attirer l’attention sur des questions liées aux financements et aux activités de la Grande Mosquée de Paris (GMP) ainsi que de fils recteur, M. Chems-Eddine Hafiz. Dans ce courrier daté du 16 janvier, l’élu met en lumière des éléments qui, selon lui, pourraient révéler un risque d’ingérence étrangère et des manquements à la législation française sur la transparence et la neutralité des institutions religieuses.
Parmi les points soulevés, Matthias Renault cite les déclarations publiques de M. Hafiz, affirmant en 2020 que la Grande Mosquée de Paris est « d’abord algérienne et ne sera jamais autre chose. » Il rappelle également qu’en 2022, la GMP aurait reçu un financement de deux millions d’euros de la part du gouvernement algérien. De plus, la GMP, désignée comme mandataire exclusif de la certification halal par les autorités algériennes, pourrait générer des revenus liés à cette activité, renforçant les soupçons de dépendance financière envers l’Algérie.
Le député évoque également la participation de M. Hafiz au colloque annuel des Frères musulmans de France en 2023 et critique son absence de position claire sur certaines organisations comme le Hamas. Ces éléments, combinés à l’implication supposée de la GMP dans la campagne présidentielle algérienne de 2024 depuis le sol français, soulignent, selon Matthias Renault, une influence étrangère préoccupante. Le parlementaire déplore également que la mosquée ait affiché son soutien à des associations telles qu’Awassir, accusées d’avoir pris position contre certaines forces politiques françaises lors des élections européennes de 2024.
Appel à la transparence et à une enquête approfondie
Dans sa lettre, Matthias Renault demande au ministre de l’Intérieur si des enquêtes ont été lancées sur ces allégations. Il se réfère notamment à la loi confortant le respect des principes républicains d’août 2021, qui vise à prévenir toute influence étrangère sur les institutions religieuses françaises. Le député souligne la nécessité de garantir la neutralité et la laïcité, en dénonçant toute forme d’islamisme politique ou d’ingérence étrangère.
Il insiste sur l’importance d’une vigilance accrue : Les éléments portés à votre connaissance laissent-ils supposer des risques d’ingérence ou des violations potentielles du cadre juridique national ? », écrit-il, avant de demander des garanties pour protéger les valeurs républicaines et éviter toute instrumentalisation des institutions religieuses en France.
Pour l’heure, le ministère de l’Intérieur n’a pas encore réagi aux interrogations soulevées par le député. Aucune déclaration officielle n’a été faite quant à l’existence ou non d’enquêtes en cours sur ces violations possibles.
Ce silence, selon certains observateurs, pourrait s’expliquer par la sensibilité des relations diplomatiques entre la France et l’Algérie, souvent marquées par des tensions sur des sujets liés à la communauté algérienne en France et à la gestion des institutions religieuses.
Une affaire sous surveillance
L’intervention de Matthias Renault relance le débat sur la place des financements étrangers dans les institutions religieuses françaises et leurs éventuelles implications politiques. Alors que la lutte contre l’islamisme politique figure parmi les priorités affichées par le gouvernement, cette affaire pourrait entraîner des discussions plus larges sur les moyens de garantir l’indépendance des lieux de culte en France et leur conformité avec les principes républicains.
Les prochains jours pourraient apporter davantage de précisions sur les mesures envisagées par le gouvernement pour répondre à ces préoccupations et préserver la neutralité des institutions religieuses.
Avec barlamane.com