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24 mars, 2025 - 05:19:20
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L’hypocrisie des résolutions SADC-EAC face à la crise en RDC : Un nouveau chapitre d’inaction traditionnelle

Introduction

La récente réunion mixte entre la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe) et la EAC (Communauté de l’Afrique de l’Est), tenue le 8 février 2025 en Tanzanie, a débouché sur un chapelet de bonnes intentions qui ne fait que masquer l’échec collectif des dirigeants régionaux devant la crise persistante en République Démocratique du Congo (RDC). Alors que les dirigeants expriment leur volonté d’aider le pays, les recommandations annoncées semblent être bien éloignées des réalités les plus pressantes. Malgré la menace d’actes d’agression perpétrés sur le sol congolais, le consensus qui se dégage des réunions ne fait que renforcer le sentiment de déception parmi les Congolais. Cela soulève des interrogations légitimes : qui sont réellement nos amis dans la région et pourquoi n’avons-nous pas tissé des liens plus forts avec d’autres pays de la sous-région ? En examinant les circonstances, il est difficile de ne pas s’interroger sur l’engagement concret de la communauté internationale, en particulier avec le souvenir des soutiens passés d’autres nations lors des crises majeures que le pays a connues. L’absence d’actions substantielles, en particulier dans un contexte où des acteurs historiques tels que la Belgique, la France et même le Maroc semblent désintéressés des réalités congolaises actuelles, renforce l’idée d’une communauté internationale à deux vitesses. Cet article vise à démontrer comment ces résolutions fragilisent davantage la position de la RDC tout en renforçant la méfiance envers les organisations sous-régionales.

Un aveuglement face à la réalité

Les mesures annoncées, telles que le cessez-le-feu immédiat et la réouverture de l’aéroport de Goma, semblent être plus des promesses vagues que des engagements fermes. Historiquement, les leaders de la région se rencontrent pour débattre des défis semblables, adoptant à chaque fois des formules d’apaisement qui n’ont jamais véritablement abordé la source du problème : l’ingérence de l’armée rwandaise et l’impunité dont bénéficient les groupes armés comme le M23. Cette dynamique ne fait qu’alimenter un cercle vicieux de violences et d’injustices qui pèsent lourdement sur le peuple congolais. La RDC se retrouve souvent plus isolée face à l’hostilité régionale, alors que son territoire subit les effets dévastateurs de conflits engendrés par des intérêts géopolitiques étrangers.

En dépit des diverses initiatives diplomatiques, l’inaction prolongée de la communauté internationale face à l’agression rwandaise soulève un questionnement fondamental sur la sincérité de ces engagements. Les promesses répétées de soutien semblent n’être que des mots, dépourvus de mesures concrètes. Il devient évident que le Rwanda, avec sa capacité à opérer librement sur le sol congolais, représente un défi que les instances sous-régionales ferment les yeux dessus. Cette complaisance à l’égard de la menace rwandaise soulève la question du pourquoi de l’absence d’un dispositif militaire crédible, structuré et solidaire entre les nations africaines.

Les raisons d’une coopération militaire absente

La RDC, malgré son potentiel stratégique et ses ressources naturelles abondantes, n’a pas réussi à établir des relations militaires solides avec les pays de l’Afrique de l’Ouest. Cela s’explique, en partie, par des considérations géopolitiques et historiques. Les nations d’ l’Afrique de l’ouest, bien qu’ayant leur propre histoire de conflits et de luttes contre le terrorisme régional, semblent souvent plus préoccupées par leurs propres enjeux internes que par la situation congolaise. Il existe également une méfiance persistante envers la capacité de la RDC à gérer ses propres crises, alimentée par des images de corruption et d’instabilité politique.

De plus, le manque d’un cadre de coopération militaire attrayant et concret pour les pays de l’Afrique de l’Ouest pourrait également expliquer cette distance. Le Maroc, l’Égypte et le Mali, par exemple, semblent plus enclins à établir des relations basées sur des intérêts bilatéraux précis plutôt que de s’engager dans une solidarité multilatérale. La peur des implications potentielles d’un engagement dans la vallée du grand Kivu, où la situation est complexe et volatile, décourage de nombreux pays d’agir.

La quête de soutien international face à l’agression rwandaise

Il est tout aussi alarmant de noter que la RDC n’a pas reçu d’aide militaire significative de la part de pays tels que la Belgique, la France ou la Russie lors de la grave escalade des tensions avec le Rwanda. Les raisons peuvent varier, allant des considérations politiques internes à un manque d’engagement stratégique envers la RDC. Ces nations semblent hésiter à s’impliquer dans un conflit qui pourrait compromettre leurs relations diplomatiques avec le Rwanda. Au lieu de rechercher des alliances qui pourraient renforcer sa position, la RDC se retrouve à gérer une situation d’insécurité quasi-permanente, ce qui est préjudiciable à ses aspirations de développement.

Le modèle historiquement colonial des rapports entre les pays européens et la RDC apparaît contesté, des acteurs européens semblent préférer un statu quo qui leur assure l’accès aux ressources naturelles, tout en minimisant leur implication dans les conflits locaux. Ce paradigme de relations asymétriques encourage les puissances étrangères à ne pas intervenir tout en laissant la RDC face à ses propres défis, alors que la communauté internationale aurait une responsabilité morale d’intervenir, considérant les engagements passés pour la paix et la sécurité.

Conclusion

Le statu quo perdurant face à la tragédie congolaise est un témoignage de l’inefficacité des structures sous-régionales et de la myopie de la communauté internationale. Les résolutions issues des conférences régionales ne répondent pas au besoin urgent d’un véritable partenariat militaire et stratégique, décourageant la RDC dans sa lutte contre les agressions extérieures. Il est impératif que les pays de l’Afrique de l’Ouest, ainsi que la communauté internationale, prennent Conscience de la crise en RDC, non pas comme un phénomène isolé, mais comme une menace qui pourrait avoir des conséquences dramatiques pour la stabilité régionale. Seule une véritable volonté de solidarité et d’action collective pourra inverser la tendance fatidique qui conduit la RDC vers une précarité sans fin.

Par Jean Aimé Mbiya Bondo Shabanza

Candidat député national honoraire de la circonscription électorale de la Tshangu/2023

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