Derrière les coupures récurrentes d’électricité en République démocratique du Congo se dissimule une crise systémique, fruit de décennies d’inaction, d’infrastructures vétustes et d’un retard dramatique en matière d’investissements. Alors que la demande explose, notamment à Kinshasa, les capacités stagnent, menaçant la stabilité économique et sociale du pays. Dans cet imbroglio énergétique, les récentes initiatives de la SNEL, portées par des voix techniques comme celle de Denis Tukuzu, Directeur du département de distribution de Kinshasa (DDK), laissent entrevoir des pistes de redressement. Mais sans une volonté politique claire et une synergie nationale autour de l’enjeu, l’espoir d’un redressement durable risque de rester lettre morte.
La genèse des défis énergétiques en RDC
L’histoire du secteur électrique de la RDC est marquée par une stagnation dans les capacités de production. Depuis la construction des centrales d’Inga I et II, respectivement en 1972 et 1982, peu d’investissements significatifs ont été réalisés pour répondre à l’évolution des besoins.
Kinshasa, par exemple, reçoit entre 550 et 630 mégawatts d’électricité, alors que sa demande est estimée à trois fois plus.
En parallèle, les réseaux électriques datent souvent de l’époque coloniale, comme l’a souligné Denis Tukuzu. Ces infrastructures, pensées pour une population bien inférieure à celle d’aujourd’hui, sont devenues inadéquates. Cette obsolescence entraîne des risques pour la sécurité, mais limite aussi considérablement la capacité de distribution.
Le poids de la démographie et du manque d’investissements
La croissance démographique rapide exacerbe le déséquilibre entre l’offre et la demande.
Avec près de 20 millions d’habitants à Kinshasa et une urbanisation galopante, les besoins en électricité continuent de croître. Cependant, le directeur du Département de Distribution rappelle que le pays n’a pas investi dans la construction de nouvelles centrales depuis plus de trois décennies.
Denis Tukuzu a déploré cette situation : “Nous devrions construire Inga 3, 4, 5 et le Grand Inga pour transformer les ressources primaires en électricité réelle et répondre à la demande”.
Les efforts de la SNEL pour inverser la tendance
Malgré les défis structurels, des initiatives sont en cours pour moderniser le secteur. Parmi les mesures phares :
Projets d’infrastructures : construction de nouveaux postes électriques à Kinshasa et lancement du projet d’appui à la gouvernance et à l’amélioration de secteur électrique (PAGASE) pour réhabiliter les infrastructures de Kinshasa en commençant par sa partie Nord.
Modernisation de la gestion de la consommation : introduction de compteurs intelligents permettant aux abonnés de gérer leur consommation et d’éviter les gaspillages.
Pour d’autres régions comme Kisangani, dans la partie Nord-est du pays, où la capacité de production est limitée, la SNEL prévoit de développer les centrales de Tshopo 2 et Wanyalukula. Ces efforts s’inscrivent dans une vision à long terme pour réduire les délestages et améliorer la qualité du service.
Au-delà des infrastructures, la SNEL mise sur des réformes internes pour restaurer la confiance et maximiser ses performances. Denis Tukuzu a annoncé : “D’ici deux ans, la SNEL fonctionnera sans journalier. Tous nos agents seront matriculés pour garantir une meilleure efficacité et une gestion transparente”.
La lutte contre la corruption et les pertes financières reste aussi une priorité, avec des programmes comme « SNEL & moi » et l’introduction progressive des compteurs à prépaiement.
La crise énergétique en RDC est complexe et multiforme, mais elle n’est pas sans solutions. Les efforts de la SNEL, bien que limités par les contraintes historiques, témoignent d’un engagement à moderniser les infrastructures et à répondre aux besoins croissants de la population. Pour avancer, une collaboration étroite entre l’État, les citoyens et les institutions internationales sera essentielle. Il en va de l’avenir énergétique du pays.
Infos27 avec africactu.net


