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20 avril, 2025 - 08:49:50
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Les consultations s’achèvent : la main tendue du Président Tshisekedi reste en suspens

Après douze jours d’échanges intenses, les consultations politiques initiées par le président Félix-Antoine Tshisekedi et conduites par son conseiller spécial en matière de sécurité, Désiré-Cashmir Eberande Kolongele, se sont officiellement clôturées mardi. L’initiative présidentielle, ambitieuse et pleine d’espoir, a achevé sa course sans obtenir l’adhésion espérée. Dès le premier jour, le ton avait été donné : il s’agissait d’un appel solennel aux forces vives de la nation — partis politiques, organisations de la société civile, personnalités indépendantes — pour construire, ensemble, un gouvernement d’union nationale. À travers cette dynamique nouvelle, le chef de l’État espérait forger une réponse commune aux défis pressants de la République démocratique du Congo, en premier lieu l’insécurité chronique dans l’Est du pays.

À Kinshasa, le ballet des délégations n’a pas cessé. Ministres sortants, chefs de partis, représentants d’associations citoyennes, figures religieuses et culturelles ont franchi tour à tour le seuil des consultations, certains porteurs de cahiers de doléances, d’autres animés par la prudence. Le dispositif mis en place par la présidence voulait être ouvert, respectueux et attentif. Aucun sujet n’était tabou ; toutes les sensibilités étaient invitées à s’exprimer.
Ce large appel au dialogue aurait dû être une opportunité historique : celle de transcender les querelles partisanes pour répondre à l’urgence nationale. Mais très vite, des fissures sont apparues. Méfiance, calculs politiques, refus d’une légitimité partagée… La majorité des grandes forces politiques, en particulier celles issues de l’opposition, ont accueilli avec circonspection la main tendue du président.

Une méfiance persistante

Malgré l’ouverture affichée par le pouvoir, la dynamique de consensus a peiné à prendre racine. Certains acteurs politiques ont dénoncé une démarche unilatérale, soupçonnant une tentative de capter les énergies en vue d’un simple élargissement de la majorité présidentielle. D’autres, plus radicaux, ont estimé que les conditions politiques et sécuritaires minimales pour un véritable dialogue national n’étaient pas réunies.

Le souvenir des précédents dialogues avortés ou instrumentalisés plane lourdement sur la scène congolaise. Beaucoup craignent de revivre des épisodes où les engagements pris dans l’enthousiasme des premières heures s’effacent rapidement face aux réalités d’un pouvoir jaloux de ses prérogatives. À cela s’ajoute le contexte sécuritaire extrêmement tendu à l’Est, où les appels au cessez-le-feu restent sans réponse tangible.

Un président en quête d’alliés

Le président Tshisekedi n’ignore rien de ces écueils. Son initiative, par son ambition même, portait la marque d’un aveu : gouverner seul ne suffit plus. Face à une situation sécuritaire qui s’enlise, aux attentes sociales qui s’exacerbent, il fallait rassembler, élargir, réinventer. Mais rassembler suppose de convaincre, et convaincre en RDC est un art difficile.
À l’issue de ces consultations, la réponse politique est contrastée. Quelques voix se sont élevées pour saluer l’effort présidentiel, proposant leur concours pour “un sursaut national”. Mais elles restent isolées. Des partis d’opposition ont préféré garder leurs distances, voire décliner toute participation. La route vers un gouvernement d’union nationale semble donc plus incertaine que jamais. S’il persiste dans cette voie, Félix Tshisekedi devra composer avec une réalité politique fragmentée.

L’appel du 9 avril : un signal fort malgré tout

En politique, l’échec apparent d’une initiative ne doit jamais faire oublier son utilité stratégique. Le président Tshisekedi a, en tendant la main, envoyé un message clair : il se pose en homme de dialogue, soucieux de la paix et de l’unité nationale. Il prend date. L’histoire jugera s’il s’agissait d’un geste sincère ou d’une posture.

En attendant, la RDC continue d’avancer sur une ligne de crête. À l’Est, les populations attendent des actes forts pour restaurer la paix. À Kinshasa, les citoyens réclament une gouvernance exemplaire. La politique, elle, continue de faire son œuvre, tissée d’espoirs, de méfiances et de calculs.
Une chose est sûre : en appelant au rassemblement, Félix Tshisekedi a montré qu’il a compris la gravité de l’heure. Reste à savoir si le pays répondra demain à un nouvel appel, plus fort, plus fédérateur — et surtout, mieux entendu.

Infos27

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