Dans un contexte politique et social sous tension, où chaque décision administrative peut raviver des mécontentements latents, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a choisi d’imposer une régulation stricte des suspensions de mandataires publics. En exigeant son approbation préalable, il entend freiner les actes précipités qui fragilisent les institutions et nourrissent l’instabilité sociale. Cette mesure vise à restaurer une gouvernance responsable, à protéger la paix sociale et à éviter que des règlements de comptes politiques ne dégénèrent en crises ouvertes. L’autorité présidentielle, ainsi affirmée, s’inscrit dans une volonté plus large de consolider l’État face aux tumultes internes et aux ambitions de déstabilisation.
Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a renforcé son contrôle sur la gestion des établissements publics. Réuni vendredi 12 avril à la Cité de l’Union africaine à Kinshasa, le Conseil des ministres a entériné une nouvelle directive : désormais, toute suspension d’un mandataire public devra être soumise à l’approbation préalable du chef de l’État.
La mesure, qui intervient dans un contexte de fortes tensions sociales, vise à « préserver la paix sociale » et à éviter toute décision administrative susceptible d’aggraver le climat social, déjà fragile à l’approche des échéances électorales locales.
Lors de la réunion gouvernementale, Félix Tshisekedi a insisté sur la nécessité d’« éviter des actes précipités », rappelant que plusieurs établissements publics sont des piliers économiques et sociaux stratégiques pour l’État congolais. Le chef de l’État a déploré les nombreuses suspensions observées ces derniers mois, souvent motivées par des conflits internes ou des enjeux politiques locaux, sans prise en compte des conséquences sur la stabilité des institutions.
« Il est impérieux que toute suspension envisagée respecte un processus rigoureux et reçoive l’aval de la haute hiérarchie », a souligné le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, dans son compte rendu du Conseil des ministres.
À travers cette mesure, la présidence entend freiner les initiatives unilatérales des ministres et des présidents de conseils d’administration, accusés par certains observateurs de se livrer à des règlements de comptes au sein des directions générales des établissements publics.
Maintenir la paix sociale
La décision s’inscrit dans une dynamique plus large de stabilisation politique. Alors que le pays reste marqué par des tensions récurrentes dans plusieurs secteurs, notamment dans les provinces de l’Est où l’armée congolaise affronte les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda, le pouvoir central veut éviter que la mauvaise gestion administrative n’alimente de nouvelles revendications.
« Nous devons garantir la sérénité au sein des entreprises et établissements publics », a encore martelé Félix Tshisekedi devant ses ministres. Les syndicats de plusieurs sociétés publiques avaient récemment dénoncé des suspensions arbitraires de mandataires, parfois suivies d’interruptions de services essentiels.
En 2023, des conflits internes avaient paralysé plusieurs grandes entités publiques, notamment dans les secteurs de l’énergie, des transports et des télécommunications. À l’époque, des suspensions et révocations jugées irrégulières avaient provoqué grèves et sit-in, exposant l’État à des pertes financières et à des tensions sociales accrues.
Une volonté de rationaliser la gouvernance
Si la nouvelle règle renforce l’autorité présidentielle, elle participe aussi d’une volonté affichée de rationaliser la gouvernance publique. Dans un contexte où la lutte contre la corruption reste un enjeu majeur, l’encadrement des décisions de suspension pourrait limiter les abus de pouvoir et renforcer la transparence.
Et face aux analystes qui estiment que l’obligation de passer par la présidence pour valider toute suspension pourrait ralentir la prise de décisions urgentes au sein des administrations publiques, le gouvernement affirme que des mécanismes rapides de transmission et de traitement des demandes seront mis en place afin d’éviter les lourdeurs bureaucratiques.
Cette décision vient s’ajouter à d’autres mesures similaires prises récemment pour resserrer la discipline dans l’administration publique, dans l’armée et au sein des entreprises d’État. Lors du Conseil des ministres, le président a d’ailleurs rappelé que le bon fonctionnement des établissements publics est « un indicateur clé de la gouvernance du pays » et que toute décision affectant leur stabilité devait désormais s’inscrire dans une logique de responsabilité politique.
Infos27