Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, a brillamment accueilli la 16ᵉ réunion des ministres en charge du Commerce de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). L’événement s’est tenu en présence du président congolais, Félix-Antoine Tshisekedi, aux côtés de Wamkele Mene, Secrétaire général de la ZLECAf, ainsi que de plusieurs ministres africains venus des quatre coins du continent. À cette occasion, le ministre congolais du Commerce extérieur, Julien Paluku, a longuement développé les enjeux liés à l’intégration de la RDC dans la ZLECAf. Pour lui, située au cœur de l’Afrique, la République démocratique du Congo est appelée à jouer un rôle moteur dans le développement du continent.
La réunion ministérielle de Kinshasa fait suite à une demande formulée par la République démocratique du Congo lors d’une précédente session tenue à Zanzibar, en Tanzanie, en juin 2024, sur instruction du président Félix Antoine Tshisekedi.
À cette occasion, le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku Kahongya, a apporté un éclairage pédagogique sur les tenants et aboutissants de l’Accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), considéré comme le projet phare de l’agenda 2063 de l’Union africaine. Entré en vigueur le 30 mai 2019, cet accord vise à établir un marché unique pour les biens et services, à favoriser la libre circulation des personnes et des capitaux, et à terme, à instaurer une union douanière continentale.
Concrètement, cela signifie que les États africains signataires s’engagent à supprimer les droits de douane sur une large gamme de produits. C’est sous l’impulsion du président Félix Tshisekedi que la RDC a ratifié l’accord et déposé ses instruments de ratification le 20 avril 2022 auprès du Secrétariat de la ZLECAf. Depuis lors, le pays participe activement aux travaux, tout en suscitant certains doutes quant à la capacité de petits pays à résister à la concurrence des économies plus structurées.
Julien Paluku se veut rassurant : ces inquiétudes sont anticipées par l’accord, dont la mise en œuvre est progressive. L’ouverture complète des frontières est prévue sur une période de 15 ans, allant de 2021 à 2036. Les 54 États parties ont convenu de l’établissement, par chaque pays, d’une liste exhaustive des produits concernés par la libéralisation, avec la possibilité d’exclure 3 % de ces produits pour des raisons stratégiques. Pour la RDC, cela représente 209 produits protégés sur un total de 6 439, selon une liste élaborée avec la DGDA.
Les règles d’origine sont également encadrées : un produit est considéré comme originaire d’un pays si au moins 70 % des intrants utilisés dans sa fabrication sont locaux. Ainsi, un simple assemblage de pièces importées ne bénéficie pas des avantages de la ZLECAf. Cela répond aux craintes d’un détournement des règles commerciales par certains pays.
Pour préparer efficacement la RDC à cette ouverture économique, le président Tshisekedi a mis en place une série d’outils stratégiques, notamment : Le Plan National Stratégique de Développement, révisé tous les 4 ans ; Le Plan Stratégique de Transformation Agricole ; Le Plan Directeur d’Industrialisation ; Le Plan National des Infrastructures Routières ; Le Plan Stratégique de Promotion des Exportations et de Diversification des Marchés.
Julien Paluku insiste : « La RDC doit retrousser les manches. » Il appelle à une mobilisation à la fois gouvernementale et privée pour concrétiser la vision du chef de l’État, celle de la « revanche du sol sur le sous-sol ». Une maxime incomprise par certains, que le ministre commente ainsi : « Tous les oiseaux ne volent pas à la hauteur de l’aigle. »
Kinshasa, épicentre stratégique de la ZLECAf
La réunion ministérielle de la ZLECAf à Kinshasa a couronné huit jours d’intenses travaux d’experts et de hauts fonctionnaires, tenus du 7 au 13 avril 2025. Le ministre Paluku a plaidé pour que Kinshasa abrite le siège du Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), une demande officiellement adressée au secrétariat de la ZLECAf.
De nombreux sujets cruciaux ont été abordés : droits de douane, garantie du transit, commerce des services, règlement des différends, pacte africain sur l’automobile, sans oublier les effets potentiels des nouvelles mesures douanières américaines sur les économies africaines.
La RDC, pilier de la transition énergétique africaine
Le président Tshisekedi prépare activement le pays à jouer un rôle central dans l’économie verte du continent. Avec plus de 80 millions d’hectares de terres arables, une immense biodiversité et d’importantes ressources minérales (cobalt, cuivre, lithium, or, coltan, etc.), la RDC est bien placée pour fournir les matières premières de la transition énergétique mondiale.
Un voisin aux ambitions troubles
Dans un passage remarqué, Julien Paluku a dénoncé les visées expansionnistes du Rwanda sur l’Est de la RDC : « Dans cet environnement d’espoir pour l’Afrique, un pays voisin lorgne encore nos terres et nos minerais. Fort heureusement, cette agression est aujourd’hui dénoncée tant par l’Union africaine que par la communauté internationale. En ce 21e siècle, il n’y a plus de place pour l’esprit expansionniste rétrograde hérité des années hitlériennes. La fin est connue. »
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