Dans un climat économique sous tension et face à des attentes sociales croissantes, Félix Tshisekedi entend conjuguer dialogue social et transformation structurelle du territoire. En présidant, à Lubumbashi, la 40ᵉ réunion du Conseil des ministres, le chef de l’État a réaffirmé sa volonté d’ancrer son action dans la justice sociale, à travers un Conseil national du travail qu’il veut résolument tourné vers des solutions concrètes pour améliorer les conditions de vie des Congolais. Parallèlement, il a esquissé les contours d’un vaste programme de développement des corridors économiques, au sud du pays, incluant la modernisation de l’aéroport de Luano et la création de centres médicaux ultramodernes. Deux chantiers complémentaires, portés par une même ambition : garantir la dignité des citoyens et inscrire le pays dans une trajectoire de croissance inclusive et durable.
Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a présidé, vendredi 18 avril, la 40ᵉ réunion ordinaire du Conseil des ministres, tenue exceptionnellement dans la ville de Lubumbashi. Au centre de sa communication : les enjeux de justice sociale, la dynamique de développement régional et la santé publique.
Parmi les priorités énoncées par le chef de l’État figure la tenue prochaine de la 37ᵉ session du Conseil national du travail, prévue du 21 au 24 avril à Kinshasa. Une session dont les travaux préparatoires se sont clôturés le 17 avril, et qui devrait rassembler les partenaires sociaux autour de questions cruciales touchant aux conditions de vie des travailleurs.
Dialogue social et équité
Selon le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, qui a livré le compte rendu à l’issue du Conseil, le président Tshisekedi a insisté sur la portée symbolique et politique de ce forum tripartite réunissant le gouvernement, les syndicats de travailleurs et les représentants du patronat. « Il ne doit pas s’agir d’un simple rituel institutionnel, mais d’un espace d’écoute sincère, de propositions audacieuses et d’engagements fermes », a-t-il déclaré.
Dans un contexte économique marqué par une inflation persistante et une précarisation croissante des classes moyennes et populaires, le chef de l’État a appelé à des mesures « concrètes, réalistes et applicables » pour renforcer le pouvoir d’achat, garantir la dignité du travail, réguler l’emploi des étrangers et consolider la protection sociale. Une attention particulière est portée à l’amélioration des revenus, jugée essentielle pour « redonner à chacun une perspective de justice sociale », selon les mots rapportés du président.
« L’emploi demeure le socle prioritaire de son mandat », a souligné Patrick Muyaya, évoquant une « clé de voûte du développement durable et de la paix sociale ». L’objectif affiché : offrir à la jeunesse congolaise des perspectives réelles à travers un accès équitable à un emploi digne et productif.
Modernisation des infrastructures et santé de proximité
L’autre pan important de la communication présidentielle a porté sur l’aménagement du territoire et le développement du corridor sud, axe stratégique pour l’intégration régionale avec la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
Le président Tshisekedi a rappelé que les corridors économiques, souvent perçus comme de simples voies de transit, doivent désormais être conçus comme « des artères vitales du développement », intégrant infrastructures de transport, énergie, télécommunications, services sociaux et logistique.
Dans cette perspective, la modernisation de l’aéroport de Luano, à Lubumbashi, est présentée comme un projet emblématique. « Il s’agit de bien plus qu’un chantier d’infrastructure. C’est un symbole de notre ambition d’aligner notre pays sur les standards internationaux », a martelé le chef de l’État. Les travaux, qui incluent la construction d’un nouvel aérogare et l’aménagement de pistes, devront être achevés au plus tard à la fin de l’année 2026. Un rapport semestriel est exigé afin de suivre de près l’évolution du chantier.
Vers un réseaux national de centres médicaux
Dans le même élan, le président de la République a annoncé la construction d’un centre médical ultramoderne à Lubumbashi, présenté comme « le premier de cette envergure en Afrique centrale ». Ce projet s’inscrit dans une volonté plus large de mise en œuvre d’un programme national de couverture santé universelle, visant à mailler l’ensemble du territoire d’équipements sanitaires de pointe.
La réalisation de ces infrastructures sociosanitaires s’appuiera notamment sur l’expertise de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), forte de son expérience pilote au Haut-Katanga. Il est attendu du gouvernement, en particulier des ministres en charge de la Santé, du Budget, des Finances et du Plan, une mise en œuvre accélérée de ce programme à vocation inclusive.
Un comité national de suivi du développement des corridors, coordonné par la Première ministre, sera mis sur pied pour assurer la planification, la coordination et le contrôle de l’ensemble des projets liés à l’aménagement territorial.
Appel à la mobilisation
Clôturant sa communication, le président Félix Tshisekedi a appelé à la mobilisation de l’ensemble du gouvernement pour traduire en actes les ambitions énoncées. Chaque ministre est invité à suivre de près les dynamiques en cours, à favoriser les synergies intersectorielles et à veiller à l’exécution effective des décisions prises.
Dans une conjoncture marquée par de fortes attentes sociales et des défis structurels, le président congolais entend faire de cette nouvelle phase de son mandat un moment décisif de transformation. « L’histoire devra retenir que nous avons su, dans un moment critique, faire le choix du dialogue, de la justice sociale et de l’action », a-t-il déclaré.
Par Pitshou Mulumba (Envoyé spécial à Lubumbashi)