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17 mai, 2025 - 16:42:46
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Kabila à Goma ? Pour Kinshasa, « la symbolique n’est pas anodine »

L’éventualité d’un retour de Joseph Kabila à Goma, ville sous occupation ennemie, soulève de sérieuses interrogations sur les responsabilités passées et la portée symbolique d’un tel geste. Le gouvernement, par la voix de son porte-parole Patrick Muyaya, n’élude pas la gravité du contexte. Au cours d’un briefing presse depuis Lubumbashi, consacré au séjour du président Félix Tshisekedi dans le Haut-Katanga, samedi 19 avril, le ministre de la Communication et Médias a dressé les lignes rouges de l’heure tout en rappelant l’urgence des priorités intérieures. Pour Patrick Muyaya, la réapparition de l’ancien président dans une ville meurtrie et toujours sous le joug des forces hostiles ne relèverait pas de l’anodin : elle porterait en elle une charge politique lourde.

Dans un contexte national toujours marqué par l’instabilité persistante dans l’est de la République démocratique du Congo, les spéculations sur une éventuelle présence de l’ancien président Joseph Kabila à Goma, dans le Nord-Kivu, n’ont pas manqué de susciter de vives réactions au sein de l’exécutif. En déplacement à Lubumbashi, dans le cadre du séjour officiel du chef de l’État Félix Tshisekedi dans le Haut-Katanga, le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, a répondu, à ces rumeurs lors d’un briefing de presse samedi 19 avril, tout en dressant un panorama des grandes priorités du gouvernement dans un pays en proie à une guerre qualifiée d’« imposée ».
« Il faut faire attention dans la symbolique », a averti le porte-parole du gouvernement, interrogé sur des informations non confirmées faisant état d’un retour de Joseph Kabila en provenance de Kigali. « Goma reste une base connue des supplétifs du Rwanda », a rappelé M. Muyaya, en référence aux accusations portées par Kinshasa contre Kigali pour son soutien au mouvement du M23, qui occupe une partie de la province du Nord-Kivu.

Pour le ministre, dans une ville meurtrie par les violences et toujours occupée par des forces hostiles, une telle apparition ne serait pas sans résonance politique. « Il faut regarder dans la symbolique des actes qui sont posés et les conséquences qu’ils peuvent avoir », a-t-il souligné, en appelant à la vigilance. « Nous savons tous — et je n’ai pas besoin de le rappeler — qu’aujourd’hui, nous connaissons l’ennemi. Nous connaissons les complices de l’ennemi… »
Bien que l’exécutif n’ait, à ce stade, reçu aucune confirmation officielle du retour de l’ancien président, Patrick Muyaya a rappelé que le chef de l’État avait, à plusieurs reprises, évoqué publiquement les liens supposés entre Joseph Kabila et l’Alliance Fleuve Congo (AFC), un mouvement politico-militaire accusé de collusion avec le M23. « Le Président de la République en avait parlé depuis plusieurs semaines. Il disait que son prédécesseur était lié à l’AFC. Maintenant qu’il décide de revenir, on verra ce qui sera dit », a-t-il déclaré.

Une guerre de trente ans qui pèse sur toutes les institutions

Revenant sur le cœur du briefing, le ministre a élargi son propos à l’ampleur du conflit qui secoue l’est de la RDC depuis trois décennies, une guerre qui, selon lui, a transcendé les mandats et les appartenances politiques. « Le président Kabila, quand il était là, il a fait face à cette situation. Son père, avant lui, y a été confronté. Le président Tshisekedi y fait face aujourd’hui. Est-ce qu’il faudrait que tous les présidents qui se succéderont à la tête de la République fassent la même guerre ? Non. Cette fois-ci, il faut que ça se termine une bonne fois pour toutes », a plaidé Patrick Muyaya.

Il a également attiré l’attention sur les pertes multiples que le pays continue de subir : « Vous ne vous rendez pas compte de ce que nous perdons — pas seulement en termes d’hommes. Mais regardez les gâchis qu’il y a à Goma. Tout ce qu’il y a comme activité économique là-bas est paralysé. Mais c’est qui qui perd ? Est-ce que ce n’est pas le Congo qui perd ? », a-t-il lancé.

Des priorités intérieures malgré le contexte sécuritaire

Malgré cette situation, le ministre a réaffirmé que le gouvernement reste mobilisé sur ses priorités internes. À Lubumbashi, il a mis en avant plusieurs projets visant à améliorer la qualité de vie des citoyens, notamment dans le domaine de la santé. Il a cité en exemple la construction d’un centre de santé ultramoderne dans la capitale économique du sud-est du pays : « Le plus important pour nous aujourd’hui, comme gouvernement, c’est de nous assurer d’abord que, par exemple ici à Lubumbashi, il y a ce centre de santé qui permet de donner des soins avec les matériaux de dernière génération. »

Dans le même esprit, M. Muyaya a souligné l’importance de l’appui aux initiatives privées comme levier de développement économique. Il a évoqué le partenariat stratégique avec Expo Béton, une plateforme de promotion des investissements, pour « créer une synergie durable entre l’État et les zones économiques en expansion ».

Au terme de son intervention, le ministre a appelé à un sursaut collectif, insistant sur la nécessité d’unir les efforts pour sortir de l’impasse sécuritaire et relancer le pays sur des bases solides. « L’enjeu, ici, c’est comment nous travaillons à régler les problèmes des Congolais », a-t-il conclu, appelant à « la responsabilité de chacun, y compris de ceux qui ont exercé le pouvoir, face à l’histoire et à l’avenir de la nation ».

Pitshou Mulumba

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