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20 mai, 2025 - 20:44:24
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Cameroun : une Fête de l’Unité sous tension à l’approche de la présidentielle

Le Cameroun a célébré mardi sa 53ᵉ Fête de l’Unité dans un climat politique particulier, à cinq mois de l’élection présidentielle prévue en octobre. Officiellement placée sous le signe de « l’unité et de la stabilité », la commémoration a été marquée par des défilés militaires et civils dans les grandes villes du pays, notamment à Yaoundé, en présence du président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982.

Des milliers de personnes ont pris part aux cérémonies, encadrées par un dispositif sécuritaire renforcé, dans un contexte de tension dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où les violences entre séparatistes armés et forces gouvernementales se poursuivent. Dans plusieurs localités, la journée a été observée dans la crainte, certains groupes indépendantistes ayant appelé à boycotter les festivités.

À Yaoundé, le défilé s’est déroulé sur le boulevard du 20 mai, devant les principales institutions de l’État. Le président Biya, 92 ans, a assisté à l’événement sans prononcer de discours, laissant une fois de plus planer le doute sur sa candidature à un nouveau mandat.

Une présidentielle à l’horizon, une démocratie sous pression

La proximité du scrutin présidentiel nourrit les interrogations sur la scène politique. Si aucun candidat majeur n’a encore officiellement déclaré sa candidature, plusieurs figures de l’opposition, dont Maurice Kamto (MRC) et Cabral Libii (PCRN), multiplient les prises de parole en faveur de réformes électorales. Ils réclament notamment une refonte du système électoral et un audit indépendant d’Elections Cameroon (Elecam), l’organe chargé d’organiser les élections.

Dans une déclaration publiée à la veille du 20 mai, le Front social démocrate (SDF), principale formation d’opposition anglophone, a dénoncé « l’érosion des libertés civiles » et l’absence de « débat démocratique véritable ». De son côté, le pouvoir continue de défendre un modèle de stabilité basé sur l’ordre et la continuité institutionnelle.

Une jeunesse ambivalente face à la politique

Dans les cortèges et les tribunes, la participation massive des élèves, étudiants et jeunes fonctionnaires a rappelé l’enjeu générationnel. Mais nombre d’entre eux expriment un désintérêt croissant pour la politique, évoquant une défiance vis-à-vis du système électoral et une absence d’alternance. « On nous demande de défiler pour l’unité, mais on ne nous donne aucun espace pour nous exprimer librement », confie une étudiante en droit rencontrée à Yaoundé.

Dans les réseaux sociaux, les hashtags #UnitéSansLiberté et #2025SansChangement ont connu un regain d’activité, traduisant le malaise d’une partie de la jeunesse face à une vie politique jugée figée.

Le dilemme du pouvoir en place

Alors que le président Biya, doyen des chefs d’État africains en exercice, reste officiellement silencieux sur ses intentions, son parti, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), mobilise déjà ses cadres pour la campagne. Le flou autour de sa succession alimente les spéculations, certains observateurs évoquant une possible candidature de son fils, Franck Biya, bien que celui-ci n’ait jamais pris publiquement position.

Pour de nombreux analystes, cette Fête de l’Unité 2025 cristallise les contradictions d’un pays à la croisée des chemins : entre une stabilité revendiquée et un besoin de renouvellement exprimé de plus en plus ouvertement. À cinq mois de l’échéance présidentielle, les signes d’essoufflement du modèle actuel sont palpables, mais le régime semble déterminé à préserver le statu quo. Reste à savoir si les urnes, en octobre, refléteront une aspiration au changement ou une résignation prolongée.

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