C’était une décision bâclée, révélatrice d’un pouvoir à court de solutions face à une ville à bout de souffle. En renonçant à imposer une circulation alternée fondée sur les plaques minéralogiques, l’exécutif provincial de Kinshasa admet, à demi-mot, l’absurdité d’une mesure punitive qui aurait davantage illustré son impuissance à gérer la mobilité urbaine que sa volonté de résoudre les embouteillages. Ce recul, salué, ouvre la voie à une approche plus réaliste : cibler les véritables facteurs du chaos routier, à commencer par les poids lourds qui asphyxient les grands axes. Mais au-delà de l’annonce, c’est un changement de méthode qu’il faut saluer : substituer à l’arbitraire une forme d’écoute et de rationalité, dans l’espoir qu’un jour, enfin, Kinshasa soit pensée comme une ville — et non subie comme un désordre.
Le gouvernement provincial de Kinshasa a finalement renoncé à l’instauration de la circulation alternée par plaques paires et impaires, initialement présentée comme une réponse aux embouteillages monstres qui paralysent la capitale. Cette mesure, impopulaire et jugée inadaptée, est abandonnée au profit d’un nouveau dispositif, plus ciblé, annoncé ce mercredi 21 mai par le ministre provincial des Transports, Bob Amisso.
Fin d’une fausse solution
Le retour en arrière est significatif : en renonçant à la circulation alternée, l’exécutif provincial reconnaît, de fait, l’inanité d’une mesure qui allait pénaliser les usagers sans résoudre les causes réelles du désordre urbain. L’idée de réguler la circulation en fonction des plaques minéralogiques était une fausse solution à un vrai problème. Une tentative hasardeuse qui aurait illustré davantage l’impuissance du gouvernement à penser la ville, et son mépris latent envers des habitants livrés à eux-mêmes dans un chaos routier chronique.
Car ce ne sont pas les voitures qui engorgent Kinshasa. Ce qui étrangle la capitale, c’est l’absence de planification, de volonté et d’infrastructures. Ce sont les routes cabossées, les carrefours sans signalisation fonctionnelle, les transports en commun quasi inexistants, les travaux sans coordination, les marchés anarchiques. En l’absence d’alternatives viables, restreindre l’usage de la voiture personnelle revenait à punir ceux qui, dans la débrouille quotidienne, tentent de pallier les carences de l’État.
Nouvelles mesures dès ce mercredi
Le ministre provincial des Transports a donc présenté une série de mesures ciblées, dont l’entrée en vigueur est immédiate : Interdiction de circulation pour les véhicules de 20 tonnes ou plus entre 5h et 22h sur les principaux axes de la ville ; Autorisation de circuler uniquement entre 22h et 5h du matin pour ces poids lourds.
Selon Bob Amisso, ces décisions visent à réduire significativement la congestion urbaine, particulièrement dans les zones à forte densité de trafic, où le passage des camions accentue l’embouteillage et détériore les chaussées.
Application stricte et sanctions
Le ministre a promis une application stricte de ces nouvelles directives, assortie de sanctions prévues par la loi pour tout contrevenant. Des équipes de contrôle seront déployées dès ce jour dans les points névralgiques de la capitale pour assurer le respect des restrictions de circulation.
Un virage attendu
En revenant sur une mesure inefficace et impopulaire, le gouverneur Daniel Bumba et son équipe semblent avoir entendu les critiques de la société civile et des experts en mobilité. Mieux vaut tard que jamais. Ce revirement peut marquer un premier pas vers une politique de transport plus cohérente, fondée sur des choix techniques et une volonté réelle d’améliorer la qualité de vie dans la capitale.
Encore faudra-t-il aller plus loin. Penser la ville, c’est planifier. C’est investir dans les transports en commun, réparer les routes, équiper les carrefours, mettre fin au désordre des parkings sauvages et des marchés sur la chaussée. En somme, agir sur les causes, pas sur les symptômes.
Infos27