La réception par le ministre Patrick Muyaya d’une mission de la Francophonie symbolise plus qu’un simple geste diplomatique : c’est un appel solennel à la communauté internationale pour qu’elle cesse l’inaction face à l’agonie de l’Est congolais. Alors que des millions de vies sont brisées depuis plus de trois décennies, la RDC, plus grand pays francophone au monde, réclame une solidarité concrète, un soutien ferme et une condamnation sans équivoque des acteurs qui compromettent la paix. Cette mission d’information, fruit d’un engagement longuement porté par les autorités congolaises, doit désormais se transformer en un engagement politique décisif des États francophones, au nom de la justice et de la paix.
Le ministre congolais de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya Katembwe, a reçu jeudi 5 juin dans son cabinet de travail à Kinshasa une mission d’information de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Accompagnée de Bestine Kazadi Ditabala, ministre déléguée chargée de la Coopération internationale et de la Francophonie, la délégation était conduite par Muriel Berset Kohen, représentante personnelle de la Présidente de la Confédération suisse au Comité de Pilotage de la Francophonie (CPF) et cheffe de mission.
Cette visite s’inscrit dans le cadre d’un appui diplomatique à l’initiative régionale de médiation visant à apaiser la crise sécuritaire qui déchire l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis plusieurs décennies. Muriel Berset Kohen a souligné l’importance de cette démarche : « Les chefs d’État et de gouvernement des 93 pays membres de la Francophonie ont décidé d’envoyer cette mission pour s’informer directement auprès des autorités congolaises et des organisations de la société civile sur la situation dans le pays, en particulier dans l’Est. »
La représentante suisse a insisté sur la nécessité de renforcer la coopération entre la Francophonie et la RDC, « plus grand pays francophone au monde », afin de soutenir la voie choisie par les autorités congolaises vers un retour à la paix. Elle a également évoqué la souffrance des populations locales, « éprouvées durement », soulignant le besoin urgent de garantir la sécurité pour que les enfants retrouvent l’école, que les femmes puissent vaquer à leurs occupations sans craindre les agressions, et que le développement économique puisse enfin s’installer durablement dans cette région riche mais ravagée.
Au cours de cette rencontre, le ministre Patrick Muyaya a qualifié les échanges de « fructueux et substantiels », évoquant un dialogue approfondi autour des moyens de renforcer la coopération bilatérale et multilatérale dans plusieurs secteurs.
Présente à Kinshasa depuis le 2 juin, la mission d’information de l’OIF va clôturer son séjour ce vendredi 6 juin avant de regagner Paris pour rédiger un rapport destiné aux autres membres de l’organisation. Ce document devra orienter l’engagement futur des chefs d’État et gouvernements francophones dans la résolution de ce conflit qui, depuis plus de trente ans, a causé plus de douze millions de morts et de déplacés en RDC.
Patrick Muyaya a salué cette initiative, y voyant une victoire diplomatique importante pour la RDC au sein de la Francophonie, portée par la vision du président Félix Tshisekedi. Il a également appelé à une condamnation ferme du Rwanda, désignant la situation actuelle comme une « guerre d’agression » : « Le temps des sanctions symboliques est révolu », a-t-il affirmé.
Cette médiation s’inscrit dans le cadre du processus conjoint entre la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), qui fusionne les initiatives de Nairobi et de Luanda. Ce processus est piloté par Faure Gnassingbé, président togolais et chef du Conseil des ministres de l’Union africaine, assisté d’anciens chefs d’État africains tels que Mokgweetsi Masisi (Botswana), Olusegun Obasanjo (Nigeria), Uhuru Kenyatta (Kenya), Catherine Samba-Panza (Centrafrique) et Sahle-Work Zewde (Éthiopie).
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