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Kinshasa
24 septembre, 2025 - 22:34:39
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Ce mardi à New York, Tshisekedi attendu sur la paix et la sécurité en RDC

À New York, Félix Tshisekedi ne vient pas seulement représenter la République démocratique du Congo dans le cadre protocolaire de l’ONU : il devra porter sur la scène mondiale l’urgence sécuritaire qui ronge l’Est de son pays. Alors que le cessez-le-feu conclu avec l’AFC/M23 reste largement ignoré sur les lignes de front, le président congolais entend défendre deux processus de paix essentiels, à Washington et à Doha, et mobiliser la communauté internationale autour d’une sortie de crise durable. Son intervention devra s’inscrire dans une logique double : dénoncer les violences persistantes et les motivations économiques qui les sous-tendent, tout en inscrivant la RDC comme acteur capable de transformer sa fragilité en levier diplomatique. Entre le terrain, où la sécurité demeure précaire, et la tribune mondiale, où la parole peut peser, le président congolais doit concilier urgence et stratégie, mémoire et projection.

Félix Tshisekedi, arrivé à New York dimanche 21 septembre, se lance dans une semaine diplomatique d’envergure. La 80ᵉ session de l’Assemblée générale des Nations Unies offre au président congolais une tribune stratégique, dans un contexte international où les tensions géopolitiques et les crises régionales se multiplient.

Dès ce lundi, la participation aux commémorations du 80ᵉ anniversaire de l’ONU, sous le thème « Mieux ensemble : plus de 80 ans au service de la paix, du développement et des droits humains », souligne la volonté de Kinshasa d’inscrire la RDC dans une perspective globale, au-delà des crises immédiates. Mais c’est surtout l’intervention prévue ce mardi devant l’Assemblée générale qui retiendra l’attention. Dans un contexte où le cessez-le-feu avec l’AFC/M23 reste fragile et largement ignoré sur le terrain, le président Tshisekedi devrait clarifier la position de la RDC sur les deux processus de médiation internationaux, à Washington et à Doha, et définir les conditions d’un engagement durable pour la paix.

Au-delà de l’urgence sécuritaire, le président congolais entend transformer les souffrances du pays en levier diplomatique. Le concept de GENOCOST, désignant les violences à des fins économiques dans l’Est, sera au cœur de son plaidoyer. Cette initiative vise à attirer l’attention internationale sur les violences subies par la population congolaise et à inscrire la RDC dans un cadre de justice transitionnelle. La rencontre avec le FONAREV, qui assure les réparations aux victimes de violences sexuelles liées aux conflits, illustre cette démarche de diplomatie mémorielle, articulant justice, reconnaissance et prévention.

Mais la projection de la RDC ne se limite pas à la mémoire et à la sécurité. La participation aux bilatérales stratégiques avec d’autres chefs d’État offre à Tshisekedi l’opportunité de repositionner son pays sur l’échiquier mondial. La RDC, riche en minerais stratégiques comme le cobalt, le coltan ou le lithium, occupe une place centrale dans les chaînes d’approvisionnement technologique mondiales. Sa stabilité, ou son instabilité, a un impact direct sur les ambitions des grandes puissances et des acteurs économiques internationaux. Dans ce contexte, la diplomatie congolaise cherche à faire de ses ressources un atout pour renforcer sa souveraineté et attirer des investissements tout en sécurisant son territoire.

La visite à New York traduit ainsi une stratégie en trois volets : sécuritaire, mémorielle et géopolitique. D’une part, obtenir un soutien international concret pour faire respecter le cessez-le-feu et avancer dans les processus de paix. D’autre part, sensibiliser la communauté internationale aux crimes économiques commis dans l’Est et aux droits des victimes. Enfin, projeter la RDC comme un acteur capable de peser dans les négociations globales, en jouant de son poids stratégique et de ses ressources naturelles pour créer des partenariats équilibrés et durables.

Dans un monde où les alliances se redessinent et où les crises se multiplient, la RDC tente de dépasser son image de théâtre de conflits pour devenir un acteur influent sur la scène mondiale. Si la reconnaissance du GENOCOST venait à franchir une étape concrète, ce serait une avancée symbolique et politique majeure, consolidant à la fois la position internationale du pays et la légitimité de sa diplomatie.

L’Assemblée générale offre à Kinshasa un double défi : convaincre que la RDC n’est pas seulement un pays à sécuriser, mais un partenaire stratégique capable de contribuer à la stabilité régionale et aux équilibres géopolitiques mondiaux. Le succès de cette offensive dépendra autant de l’efficacité du plaidoyer de Tshisekedi que de la réceptivité d’un ordre mondial souvent absorbé par d’autres crises.

Infos27

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