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Assemblée nationale : André Wameso éclaire sur les enjeux liés à l’appréciation du franc congolais

Direct et sans détour, le gouverneur de la Banque Centrale du Congo (BCC), André Wameso, a répondu jeudi 6 novembre 2025 à l’Assemblée nationale sur les enjeux liés à l’appréciation du franc congolais. Face aux inquiétudes persistantes des députés et à la mémoire traumatique de l’inflation passée, il a détaillé l’historique de la dépréciation de la monnaie, les mesures concrètes mises en œuvre depuis 2021 et les perspectives de stabilisation. Entre interventions directes sur le marché des changes, ajustements de la réserve obligatoire et hausse du taux directeur, la BCC montre sa détermination à restaurer la confiance. L’exposé a également mis en lumière l’importance d’une adhésion citoyenne et parlementaire pour consolider le rôle central du franc congolais dans les transactions quotidiennes, traduisant une vision économique patriotique portée par le Gouvernement et la banque centrale.

Le gouverneur de la Banque Centrale du Congo a éclairé, jeudi 6 novembre 2025, les députés sur les enjeux liés au raffermissement de la monnaie nationale, à la suite de la question d’actualité posée par le député national John Efambe Ekamba. Après un premier exercice de redevabilité le 30 octobre devant la Commission Économique, André Wameso a détaillé les mesures concrètes prises pour stabiliser le franc congolais et restaurer la confiance dans la monnaie nationale.

Son intervention s’est structurée autour de cinq axes principaux : la place du franc congolais dans les transactions nationales ; l’explication historique et psychologique du déni de son appréciation et de ses effets positifs ; l’analyse des causes de l’accélération de sa dépréciation depuis 2021 ; les mesures et réactions de la Banque Centrale du Congo ; et enfin, la sensibilisation des acteurs économiques pour consolider l’élan actuel et ouvrir de meilleures perspectives pour le pays.

S’agissant du rôle du franc congolais, le Gouverneur André Wameso a souligné, à l’attention de la plénière, que les dispositions légales et réglementaires accordent une place de choix au CDF. En effet, la Constitution de la République (modifiée par la Loi n° 11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006) prévoit, à son article 1er, alinéa 6, que la monnaie nationale est le franc congolais. Pour sa part, la Réglementation de change stipule, à sa section 3, article 6, alinéa 1, que « les transactions en RDC se dénouent dans la monnaie nationale. Elles peuvent se dénouer en monnaie étrangère en cas d’accord entre les parties ». Autrement dit, l’utilisation du franc congolais est la règle et celle d’une devise étrangère, comme le dollar américain, est l’exception. Les élus du peuple, a-t-il insisté, devraient soutenir cette vision patriotique de la monnaie, en tant qu’émanation et gardiens de la loi.

IMG 20251106 WA0025En ce qui concerne le déni de l’appréciation du franc congolais, André WAMESO a fait allusion au concept de désespoir appris (learned hopelessness), centré sur la perte d’espérance, souvent utilisée en psychologie clinique (dépression, traumatisme social). Ce cas se traduit, chez un consommateur ayant vécu une hyperinflation prolongée, par : une perte de confiance durable dans la monnaie nationale ; une anticipation négative systématique (« les prix finiront toujours par grimper ») ; une incapacité à intégrer les signaux positifs (stabilisation, réforme monétaire, etc.) ; et souvent, un comportement d’évitement (refus d’épargner en monnaie locale, fuite vers une devise étrangère, l’or ou les biens durables). C’est donc une mémoire traumatique économique, mais son mécanisme est psychologique : la généralisation du désespoir entraîne un déni psychanalytique des évolutions encourageantes. Toutefois, l’espoir renaît progressivement, avec le franc qui s’est apprécié de près de 27,0 % en deux mois et se stabilise, tandis que les prix des biens et services enregistrent une baisse progressive, à la grande satisfaction de la population rémunérée en monnaie nationale (militaires, policiers, fonctionnaires, enseignants, députés, etc.).

Au sujet de l’origine de la dépréciation du franc congolais, le Gouverneur de la BCC a rappelé qu’en 2021, les banques commerciales avaient plaidé pour la constitution de la réserve obligatoire dans la monnaie de dépôt, au lieu du franc congolais, étant donné que les dépôts sont essentiellement en devises. La réserve obligatoire étant la part des dépôts que chaque banque doit garder auprès de la banque centrale, sans pouvoir la prêter à ses clients, la dépréciation de la monnaie nationale induisait, de fait, une décote de son coefficient. Laisser les choses en l’état impliquait une injection de liquidité en franc. Par ailleurs, l’effort de guerre, notamment à partir de 2023, a conduit à une consommation des excédents réalisés précédemment.

Alors que le franc congolais dévissait, cette injection supplémentaire entretenait la spirale de la dépréciation de la monnaie nationale (effet boule de neige), le marché des changes étant continuellement alimenté.

Face à cette situation, la BCC avait agi en relevant son taux directeur à 25,0 % pour attirer les banques commerciales, tout en injectant, en cumul, plus de 1,0 milliard de USD. Dans ce contexte, aucune voix ne s’était élevée pour critiquer l’utilisation des réserves de change ni pour décrier la perte du pouvoir d’achat du souverain primaire.

Dès sa prise de fonction, a mentionné le Gouverneur, il a pris les décisions suivantes, sur la base des études menées par les organes de la Banque : intervenir directement sur le marché des changes à travers la cession de 50,0 milliards de USD ; actualiser le taux de change appliqué au stock de la réserve obligatoire sur les dépôts en dollar américain, cristallisée en monnaie nationale depuis décembre 2021, ayant ainsi occasionné une ponction de 371,0 milliards de CDF pour le premier palier et ce, après une réunion avec la corporation bancaire (communication) ; renforcer la transparence du marché des changes et améliorer la gestion de la liquidité bancaire.

En conclusion, André Wameso a rappelé que la Banque centrale du Congo ne détermine pas le taux de change, celui-ci résultant des dynamiques du marché. Le gouverneur a assuré les députés de la volonté de l’institution de poursuivre ses efforts en faveur de la stabilité monétaire, constatée depuis près de trois semaines. Un acquis, selon lui, qu’il convient de préserver collectivement : gouvernement, acteurs économiques et citoyens, chacun devant jouer sa part pour consolider cette embellie. « Épargner et consommer en franc congolais », a-t-il plaidé, insistant sur le caractère patriotique de ce geste. Cette démarche de pédagogie économique, inscrite dans la transparence prônée par la Banque centrale, vise à ancrer durablement la confiance dans la monnaie nationale.

Pitshou Mulumba

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