À la veille de l’élection du président et du rapporteur adjoint du bureau de l’Assemblée nationale, un geste politique inattendu de Christian Mwando a ravivé les tensions au sein d’Ensemble pour la République. En se rendant au siège de l’Union sacrée pour solliciter un appui en faveur de la députée Clotilde Mutita Kalunga, candidate au poste de rapporteure adjointe, le chef de file de l’opposition parlementaire a choisi la voie du dialogue républicain plutôt que celle du repli partisan. Une initiative qui, dans toute démocratie mûre, relèverait de la normalité, mais qui, en RDC, a suscité la fureur d’Olivier Kamitatu, porte-parole de Moïse Katumbi. En qualifiant cette démarche d’« honteuse et déshonorante », Kamitatu a ravivé une fracture interne et mis en lumière la difficulté, pour une partie de l’opposition, d’assumer le jeu démocratique sans céder à la tentation du radicalisme.
Le geste de Christian Mwando n’avait rien d’un calcul de couloir : il s’agissait, selon son entourage, d’éviter que la majorité parlementaire ne choisisse elle-même les représentants de l’opposition au sein du bureau. Une pratique contraire aux usages et aux équilibres démocratiques, que le chef de l’opposition parlementaire entendait prévenir par un contact direct et transparent avec l’Union sacrée.
Mais cette approche pragmatique a déclenché les foudres d’Olivier Kamitatu, figure du katumbisme et porte-voix intransigeant de la ligne dure du parti. Dans une déclaration postée sur X, l’ancien ministre a dénoncé une « démarche honteuse » et affirmé qu’Ensemble pour la République « ne saurait quémander un poste auprès de la majorité ». Une position jugée anachronique par plusieurs analystes, tant le rapprochement ponctuel entre majorité et opposition s’inscrit dans les pratiques normales d’une démocratie parlementaire.
Pour de nombreux observateurs, la réaction de Kamitatu illustre une fracture plus profonde : celle entre une opposition institutionnelle, décidée à jouer son rôle dans le cadre républicain, et une opposition de rupture, plus encline à la contestation permanente. « Ce n’est pas en s’enfermant dans la logique du rejet que l’opposition se renforcera », confie un député indépendant, soulignant que « Christian Mwando a eu le courage d’agir en responsable, là où d’autres préfèrent le confort de la posture ».
Dans un pays encore marqué par la guerre et les manipulations politiques, le geste du chef de l’opposition parlementaire rappelle qu’il est possible de bâtir des ponts sans trahir ses convictions. Ceux qui crient à la trahison oublient que la démocratie repose avant tout sur la reconnaissance mutuelle des institutions et sur le respect des règles du jeu. Kamitatu, en fustigeant ce dialogue, semble s’écarter de cette tradition républicaine qu’il avait jadis incarnée.
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