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24 novembre, 2025 - 15:46:38
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France : Nicolas Sarkozy sort « Le journal d’un prisonnier », son livre écrit à la prison de la Santé

L’ancien chef de l’État, Nicolas Sarkozy, incarcéré trois semaines à la prison de la Santé à Paris, dans le cadre du procès libyen, a annoncé, vendredi 21 novembre, sortir un livre intitulé « Le journal d’un prisonnier ». Publié aux éditions Fayard, contrôlées par Vincent Bolloré, il sera en librairie, le 10 décembre.  

L’ancien président revient donc en librairie. 216 pages pour raconter 21 jours de prison. Nicolas Sarkozy assure le teasing ou l’aguichage sur les réseaux sociaux. « En prison, il n’y a rien à voir, et rien à faire. J’oublie le silence qui n’existe pas à la Santé où il y’a beaucoup à entendre. Le bruit y est hélas constant. À l’image du désert, la vie intérieure se fortifie en prison », a-t-il écrit sur son compte X.

Avant ce livre, Nicolas Sarkozy avait déjà dit quelques mots de sa détention pendant l’audience qui a abouti à sa libération. « C’est dur, c’est très dur, je dirais même que c’est éreintant », confiait-il. Nicolas Sarkozy parlait de « cauchemar ».

En détention à l’isolement, et protégé par deux officiers de sécurité, ce qui a ulcéré les syndicats pénitentiaires, l’ancien président était « dans une cellule de 9m2, il y’a du bruit tout le temps », avait commenté au début de sa détention son avocat et ami, Jean-Michel Darrois, après son entretien au parloir avec Nicolas Sarkozy.

Détention inédite

Le 25 septembre, Nicolas Sarkozy, aujourd’hui âgé de 70 ans, a été condamné en première instance à cinq ans de prison avec mandat de dépôt assorti d’une exécution provisoire pour association de malfaiteurs, et à une amende de 100.000 euros.

En outre, la justice lui a imposé une interdiction de quitter la France, d’entrer en contact avec les autres prévenus et un certain nombre de personnes, dont le ministre de la Justice, Gerald Darmanin, qui lui avait rendu visite en prison, le 29 octobre, ou tout membre de son cabinet ou cadre judiciaire susceptible de bénéficier d’informations sur les procédures.

Dans l’énoncé des motifs de la condamnation, le tribunal correctionnel de Paris l’a reconnu d’avoir sciemment laissé ses collaborateurs démarcher la Libye de Mouammar Kadhafi pour solliciter un financement occulte de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007.

Écroué le 21 octobre, l’ancien chef de l’État a été libéré de prison, le 10 novembre, par la cour d’appel de Paris, qui a estimé qu’il ne présentait pas de risque de fuite et l’a placé sous contrôle judiciaire. Pour les juges, le mandat de dépôt avec exécution provisoire était justifié par la « gravité exceptionnelle » des faits. Pour Nicolas Sarkozy, il a été motivé par « la haine ».

Celui qui clame son innocence depuis le début de l’affaire a été incarcéré pendant trois semaines à la prison de la Santé, une détention inédite pour un ancien président dans l’histoire de la République française et qui a suscité de vifs débats.

Nicolas Sarkozy a fait appel et jouera son avenir lors d’un nouveau procès, prévu du 16 mars au 3 juin 2026 à la cour d’appel de Paris.

Dix prévenus rejugés

Neuf autres personnes seront rejugées à partir de mi-mars aux côtés de Nicolas Sarkozy. Parmi les prévenus figurent deux de ses anciens proches collaborateurs : Claude Guéant – condamné à six ans de prison mais sous mandat de dépôt – et Brice Hortefeux – qui a écopé, pour sa part, de deux ans de prison -, une peine à effectuer sous bracelet électronique à domicile assortie de l’exécution provisoire.

Autre prévenu à être rejugé, l’intermédiaire, Alexandre Djouhri, condamné à six ans de prison et trois millions d’euros d’amende en première instance, et incarcéré depuis.

D’ici là, une autre échéance judiciaire capitale attend Nicolas Sarkozy. Déjà condamné définitivement dans l’affaire des écoutes, l’ancien président saura, le 26 novembre, si la Cour de cassation valide ou non sa condamnation en appel dans l’affaire Bygmalion, à un an d’emprisonnement dont six mois ferme aménageable, pour le financement illégal de sa campagne présidentielle perdue de 2012.

Un coup de communication  

L’annonce de la sortie du livre de Nicolas Sarkozy suscite des réactions très diverses. D’un côté, l’enthousiasme des supporters de Nicolas Sarkozy qui trouveraient son incarcération injuste. Sur les réseaux sociaux, on peut lire des « bravo Monsieur le président, hâte de vous lire » et autres « j’espère qu’il y’aura des séances de dédicaces », « il peut s’agir d’un récit intéressant à lire ». Puis, de l’autre côté, il y’a ses détracteurs qui parlent d’indécence ou l’accusant de se prendre pour « Nelson Mandela au bout de trois semaines de prison », quand l’ancien président sud-africain a, lui, passé 27 ans derrière les barreaux. « Le récit en prison, on en a entendu tellement d’autres avant que l’on n’apprendra pas grand-chose. Je sais que je ne lirai pas ce livre », « Je n’ai pas envie qu’il gagne du fric en vendant des bouquins et moins on parlera de lui et mieux ça vaudra, je crois ».

Pour le spécialiste en communication politique, Philippe Moreau Chevrolet, interrogé sur RMC, le livre de Nicolas Sarkozy est « une œuvre qui doit permettre à l’ancien président de la République de faire parler de lui ».

« Un livre est un objet marketing. C’est très pratique pour Nicolas Sarkozy de sortir un livre maintenant, juste avant Noël. Ça lui permet de mobiliser ses fans, de se faire entendre à nouveau, d’accéder aux médias, de continuer à se défendre médiatiquement. Ce qu’il fait beaucoup depuis son passage en prison », analyse-t-il.

Donc, le timing de la sortie de ce livre n’est pas le fruit du hasard : le 10 décembre, soit 15 jours avant Noël. Il s’agit d’une opération bien orchestrée, vu la quantité de messages reçus par l’ancien président pendant son passage en prison. « Nous sommes submergés par des lettres de soutien adressées par des milliers de Français », disait son cabinet. Il y’a fort à parier que ce « Journal d’un prisonnier » trouvera son public, un député Les Républicains(LR) s’amuse déjà à l’idée de se retrouver avec « quatre exemplaires du livre de Nicolas Sarkozy en cadeau au pied du sapin ».

Mais la communication à outrance via une médiatisation par trop victimaire ne tue-t-elle pas la sympathie que l’on pourrait avoir envers ce président en mal de reconnaissance et de réhabilitation judiciaire ? La discrétion, en tout cas, n’a jamais déshonoré quiconque, bien au contraire.

Robert Kongo, correspondant en France

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