88.18 F
Kinshasa
2 décembre, 2025 - 14:07:01
Image default
La uneFlash InfosPolitique

Près d’un million de Congolais signent la pétition contre tout dialogue politique

Sans bruit mais avec une détermination croissante, une mobilisation citoyenne inattendue s’est installée dans le paysage politique congolais. À Kinshasa comme en province, près d’un million de Congolais ont apposé leur signature contre la tenue de tout dialogue politique organisé en pleine législature sans consultation populaire préalable. Lancée le 17 août 2025 par le Front anti-dialogue, cette pétition exprime une contestation directe du rituel politique des pourparlers, souvent perçus comme un mécanisme d’arrangement élitaire plutôt qu’un outil de résolution des crises. Pour ses initiateurs, cette adhésion massive illustre un retour du pouvoir populaire consacré par l’article 5 de la Constitution. À quelques mois du dialogue annoncé à Lomé sous l’égide du processus de Washington, cette vague citoyenne pourrait rebattre les cartes et placer la présidence face à un choix délicat : écouter la rue ou maintenir le calendrier diplomatique.

Lancée le 17 août 2025 à Kinshasa, la pétition appelant à s’opposer à tout dialogue politique organisé sans aval populaire a dépassé le seuil symbolique du million de signatures. Ce mouvement, porté par le « Front anti-dialogue », s’inscrit dans une défiance croissante envers les dispositifs de concertation nationale, jugés par une partie de la société civile comme des opérations de légitimation politique plus que comme des solutions aux crises.

Réunis dimanche à la place Reine Astrid, les responsables du Front ont revendiqué un premier succès. Son coordonnateur, Dieudonné Nkishi, a salué une mobilisation qui, selon lui, « consacre pleinement le pouvoir du peuple tel que garanti par l’article 5 de la Constitution ». Dans son intervention, il a mis en garde contre « tout dialogue éloigné de la recherche du bien commun », exhortant les citoyens à « l’auto-prise en charge » face à ce qu’il décrit comme « une menace venue du Rwanda ».

Le message est également adressé au sommet de l’État : Dieudonné Nkishi demande au président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo de « suspendre toute initiative liée au dialogue politique », alors que les préparatifs se poursuivent pour la rencontre du 27 janvier 2026 à Lomé, annoncée dans le cadre du processus de paix négocié à Washington.

Un signal politique envoyé à la présidence

Cette mobilisation prend une dimension politique explicite. Pour le porte-parole du mouvement, Héritier Ekoto, l’ampleur des signatures démontre « un refus catégorique du brassage, du mixage et de toute forme de dialogue politique mascarade ». Selon lui, la pétition exprime une volonté populaire de rompre avec les cycles de négociations perçus comme répétitifs et improductifs, qui ont marqué les précédentes décennies.

Un moment symbolique est venu renforcer la portée du mouvement : la remise d’un carton contenant l’ensemble des signatures récoltées, présenté publiquement au coordonnateur par le secrétaire général du Front. Un geste pensé pour matérialiser la pression citoyenne à l’approche de l’échéance diplomatique de Lomé.

Alors que la République démocratique du Congo et le Rwanda s’apprêtent à entamer un dialogue national inclusif sous médiation régionale, l’irruption de cette contestation populaire pourrait bien peser dans les choix de Kinshasa. Elle pose une question majeure : la gouvernance nationale peut-elle engager le pays dans un processus de négociation que près d’un million de personnes récusent ouvertement ?

Infos27

ça peut vous intéresser

Laisser un Commentaire

Infos27.CD utilise des cookies pour améliorer votre expérience utilisateur. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En Savoir Plus