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5 décembre, 2025 - 16:30:35
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Paix RDC–Rwanda : Tshisekedi arrache à Washington l’engagement que Kigali n’avait jamais consenti

À Washington, le président congolais, Félix Tshisekedi, a placé son pays au centre du jeu régional en paraphant, avec Paul Kagame du Rwanda et sous l’égide de Donald Trump, un accord de paix présenté comme le plus ambitieux jamais conclu entre Kinshasa et Kigali. Loin des déclarations prudentes qui ont jalonné trois décennies de médiations avortées, Félix Tshisekedi a affiché une posture directe, volontaire, presque offensive : « Les accords de Washington ne sont pas un texte de plus. Ils constituent un tournant. » Soutenu par l’engagement américain, renforcé par un volet stratégique sur les minerais conclu séparément avec les États-Unis, le président congolais fait le pari d’une paix durable fondée sur la coopération, la non-ingérence et la lutte concertée contre les groupes armés. Reste désormais à vérifier si Kigali respectera, comme il l’a assuré, la lettre et l’esprit de ce nouveau pacte régional.

S’exprimant au cœur d’un dispositif diplomatique inédit, Félix Tshisekedi a campé, jeudi, la figure d’un chef d’État déterminé à « tourner la page des confrontations » avec le Rwanda. Devant Paul Kagame et Donald Trump, il a livré un discours structuré insistant sur le caractère « fondamentalement nouveau » des accords de Washington.

« Ils ne sont pas un texte de plus », a martelé le président congolais. « Ils rassemblent dans une architecture cohérente la déclaration de principe d’intégration économique régionale, pour offrir au peuple de la région une perspective nouvelle, celle de sortir enfin du cycle des violences, de déplacements forcés, de la méfiance et de la défiance. »

Pour Kinshasa, l’accord marque une double rupture : diplomatique, par l’engagement public et solennel de Kigali ; et politique, par l’implication directe des États-Unis dans le processus.

Un engagement « solennel » de la RDC et une mise en garde implicite

En adoptant un ton mêlant fermeté et ouverture, Tshisekedi a voulu établir un cadre clair : « La République démocratique du Congo prend ici l’engagement solennel de mettre en œuvre en toute sincérité l’ensemble des obligations qui découlent de ces accords. Nous le ferons avec sérieux, avec rigueur et avec le souci constant de la paix, de la sécurité de nos populations, de l’unité et de l’intégrité de notre territoire. » Mais il a également placé Kigali face à ses responsabilités : « Nous espérons qu’avec le même sérieux, la République du Rwanda respectera pleinement la lettre et l’esprit des engagements pris à Washington. Notre main est tendue pour une coopération apaisée, fondée sur le respect mutuel, la non-ingérence et la solidarité. »

IMG 20251204 WA0019Dans l’assistance, Donald Trump a salué un « très bel accord, très détaillé », avant de souligner que « ces deux dirigeants sont très intelligents et prêts à signer un accord ». Le président américain s’est attribué le mérite d’avoir « réussi là où d’autres ont échoué », tout en annonçant la signature parallèle d’un accord bilatéral stratégique entre Washington et Kinshasa sur les minerais.

« Aujourd’hui, la RDC et les USA vont également signer un accord sur les minerais et l’économie, et ça sera une très bonne chose pour nos deux peuples », a déclaré M. Trump.

Kagame reconnaît un tournant après « 30 ans » de médiations

Paul Kagame, plus mesuré qu’à l’accoutumée, a admis la portée du moment : « Cet accord nous donne aujourd’hui tout ce qui est nécessaire pour mettre fin à la guerre. Si cet accord échoue, la faute n’incombera pas au président Trump, mais à nous. Le Rwanda fera tout son possible pour que cela n’arrive pas. »

Le chef de l’État rwandais a également reconnu le rôle déterminant de partenaires extérieurs : « Je tiens à remercier le Qatar. Le rôle du Qatar a été très important. Ce conflit a duré 30 ans ; nous avons vu un nombre de médiations, mais aucune ne nous a départagés. L’approche du Président Trump est pragmatique. »

Un chemin « exigeant » mais une volonté affichée de « paix durable »

En conclusion, Félix Tshisekedi a replacé l’accord dans une perspective de long terme : « Je veux croire que ce jour marque le début d’un chemin nouveau, exigeant, certainement difficile, mais un chemin où la paix n’est plus seulement un vœu. » Et d’ajouter : « Que ces accords de Washington soient, pour nos peuples, le symbole d’un engagement irréversible à ouvrir la page de la coopération et de la stabilité durable dans toute la région. »

Pour Kinshasa, l’enjeu dépasse la paix immédiate : il s’agit de redéfinir les équilibres régionaux autour de la sécurité collective et de la valorisation équitable des ressources stratégiques africaines.

Pitshou Mulumba, Envoyé Spécial à Washington DC

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