Cela fait trois mois, jour pour jour, que Mike Kasenga, PDG de la société Stever Construct, est incarcéré à la prison de Makala. Poursuivi dans le cadre du dossier « forages », il est accusé de détournement présumé de fonds du trésor public, spécifiquement pour une supposée surfacturation des travaux de construction des stations de forages et de pompage d’eau. Fait troublant : il est le seul à être derrière les barreaux, tandis que deux autres personnalités impliquées, à savoir le ministre honoraire du Développement rural, François Rubota, et celui des Finances, Nicolas Kazadi — le principal accusé — restent libres et apparemment non inquiétés.
Durant ces trois mois, le procureur général près la Cour de cassation peine à établir les preuves de détournement qu’il impute à Kasenga, selon les déclarations de son conseil. En réalité, il a été prouvé que l’argent perçu par le PDG a servi à l’achat de matériels appropriés pour les forages. Une centaine de stations de traitement et de pompage d’eau ont déjà été livrées au gouvernement, et une autre centaine est actuellement en construction. Malgré l’incarcération de Kasenga, la société Stever Construct continue de mener à bien ses projets, avec des stations déjà achevées en attente de réception par le ministère du Développement rural.
D’après des sources proches du dossier, le PG Mvonde exigerait des garanties sur l’exécution des travaux restants. Cela soulève des questions sur les motivations réelles derrière l’incarcération de Kasenga. La société, toujours active, a même récemment écrit au ministre d’État du Développement rural, Muhindo Nzangi, pour demander des indications concernant l’érection de 34 nouvelles stations de traitement et de pompage d’eau. Il est alors légitime de s’interroger : quelles garanties supplémentaires le PG Mvonde attend-il, alors que les travaux avancent et que les équipements sont déjà disponibles ?
Ainsi, la question de la légitimité de la détention de Kasenga se pose avec acuité. Si les accusations de détournement et de surfacturation ne sont pas étayées par des preuves solides, pourquoi le maintenir en prison alors qu’il a un domicile fixe et qu’aucun risque de fuite n’est à craindre ?
Cette situation semble suggérer une forme de pression publique, car, comme l’a souligné le président de la République, Félix Tshisekedi, certains pères de famille se retrouvent trop facilement exposés aux rigueurs de la justice.
Pour de nombreux observateurs, l’incohérence dans le traitement des accusations est frappante : pourquoi Nicolas Kazadi, l’homme ayant donné l’ordre de libérer les fonds pour ces travaux, reste-t-il libre alors que Kasenga, qui a simplement exécuté un contrat signé avec l’État congolais, est emprisonné ? Les accusations pesant sur Kasenga apparaissent donc comme le reflet d’une justice capricieuse, où le PG Mvonde pourrait chercher à faire de lui un prisonnier pour des raisons obscures. Sinon, comment expliquer que ceux qui détiennent des responsabilités dans le contrat des forages échappent aux conséquences de leurs actions, tandis que Kasenga est sacrifié ? Pire encore, le PG Mvonde a permis à un autre acteur clé, le patron de Solektra Sarl — une société sous-traitante — de quitter le pays alors que l’enquête n’est pas close. Quelles garanties a-t-il que cet individu, qui n’est pas congolais, retournera au pays ?
L’affaire prend ainsi une tournure préoccupante, illustrant une justice à deux vitesses.
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