La République démocratique du Congo s’illustre, ces dernières années, par l’organisation d’États généraux dans divers secteurs stratégiques. Justice hier, entreprises publiques aujourd’hui : ces assises marquent une volonté manifeste de diagnostic collectif et de réforme structurelle. Mais au-delà des cérémonials et discours, quel héritage concret laissent-elles ? La multiplication de ces initiatives ne devrait pas se contenter d’une posture d’introspection temporaire ; elle doit s’imposer comme des jalons décisifs dans la refondation systématique des piliers vitaux de la nation.
Ces États généraux, lorsqu’ils s’en tiennent à un exercice formel de déploration des faiblesses, risquent de verser dans l’inanité. Les maux sont connus : corruption endémique, gestion opaque, inefficacité chronique et déconnexion de leurs missions originelles. Cependant, si ces rendez-vous nationaux se transforment en laboratoires de solutions pratiques et en plateformes de suivi rigoureux, alors ils porteront en eux la promesse d’une transformation durable.
Prenons le cas des entreprises du Portefeuille de l’État. Ces entités, naguère perçues comme des leviers stratégiques de développement, peinent à remplir leurs obligations fondamentales. Leur renaissance passe par des réformes audacieuses, capables d’en inverser la trajectoire délétère. La modernisation des modes de gouvernance, la transparence dans la gestion financière, et l’optimisation des ressources humaines sont autant de leviers incontournables. À défaut, ces entreprises continueront de symboliser le gaspillage d’un potentiel immense, alors qu’elles devraient générer des revenus significatifs pour l’État, créer des emplois dignes et participer à l’amélioration des conditions de vie des Congolais.
Cependant, toute réforme, aussi pertinente soit-elle, se heurte à l’écueil du manque de suivi. Les États généraux ne doivent pas mourir sous le poids des recommandations inachevées ou des engagements sans lendemain. Le véritable enjeu réside dans l’institutionnalisation d’un mécanisme rigoureux de mise en œuvre et de contrôle. Il ne s’agit pas uniquement d’écrire de beaux rapports ou de formuler des promesses ambitieuses ; il faut des actes concrets, mesurables et évaluables.
L’heure est venue pour la RDC d’ériger un modèle d’assises transformantes, où chaque secteur réformé s’aligne sur une vision nationale claire et ambitieuse. Les États généraux des entreprises publiques doivent ainsi sonner le glas d’une époque marquée par l’improvisation et le laisser-aller. Refondons, bâtissons, mais surtout, agissons pour inscrire ces initiatives dans l’histoire comme les vecteurs d’une prospérité partagée et pérenne.
Pitshou Mulumba