Une grossesse peut arriver à terme, et l’enfant naître bien portant, mal portant ou, hélas !, mort-né. Elle peut aussi être interrompue pour une raison ou une autre. Si un ratage retentissant est arrivé aux dernières élections sous Trump aux États-Unis, il n’est pas exclu pour la RDC de le vivre. Mieux de le subir.
La précision à s’imposer est qu’on peut se montrer critique, voire sévère par rapport à la manière dont le processus électoral en cours est mené sans nécessaire être anti-Kadima pour certains, anti-Tshisekedi pour les autres. C’est simplement par expérience et par vigilance.
N’en déplaise alors à ceux qui sont dans le panégyrique même pour un préalable aussi simple que celui de l’affichage des listes électorales.
Cette affaire de manque d’espace a quelque chose d’embarrassant, de gênant, même si force est l’envie d’ajouter de *suspect*.
Normalement, les électeurs se font identifier et enrôler dans les bureaux de leurs circonscriptions électorales. Ceux, par exemple, de la circonscription de Lukunga, à Kinshasa, se sont fait établir et délivrer leurs cartes dans les bureaux des communes de Barumbu, de Kinshasa, de Lingwala, de la Gombe et de Ngaliema.
Ainsi, pour une électrice identifiée et enrôlée à l’école Saint Cyprien, le problème d’affichage ne se pose pas : elle va retrouver son nom sur les listes affichées à Saint Cyprien aussi bien pour la présidentielle et les législatives que pour les provinciales.
Le Bureau Kadima aurait-il changé de procédure pour plus d’efficacité ?
Apparemment, il a cherché à réinventer la roue, et la roue fait des siennes.
C’est possible que certains requérants se soient fait établir des cartes loin de leurs circonscriptions électorales, et que le vrai problème se situe là.
De un.
De deux, la prestation de Denis Kadima sur TV5 n’a pas été de nature à rassurer l’électorat vigilant.
On sait tous que sur le processus électoral en cours pèsent deux hypothèques : la sécurité publique et le financement qui ne sont pas de la responsabilité de la Ceni mais du Gouvernement.
Le flottement perceptible dans sa réponse au sujet du financement ne pouvant passer inaperçu, Denis Kadima n’a pas été rassurant.
On peut d’ailleurs l’affirmer : toute la Communication officielle sur le processus électoral ne l’est pas, si bien qu’on en vient à se demander ce que deviendront ceux des parlementaires, des ministres et des membres du Bureau de la Céni qui se déploient dans les médias pour confirmer à l’unisson la tenue des élections le 20 décembre prochain en cas de report !
Ils vont se décrédibiliser
Du point de vue de la Constitution, tout le monde le sait : seul le Président de la République, sur base de l’article 70 de la Constitution, a la garantie de rester en fonction.
Tous les autres acteurs institutionnels vont se retrouver hors-jeu !
C’est l’occasion, ici, de prévenir l’opinion : jurisprudence oblige, il n’y aura pas de « TST » (TRANSITION SANS TSHISEKEDI) comme ce fut le cas avec « TSK » (TRANSITION SANS KABILA) en 2016.
Comme il y avait eu une « TAK » (TRANSITION AVEC KABILA), il y aura une « TAT » (TRANSITION AVEC TSHISEKEDI).
Seulement voilà : comme sous la Transition 1990-1997, la Transition 2003-2006 (1+4), la Transition 2016-2018, le Chef de l’Etat actuel va devoir composer avec un Premier ministre qui n’appartienne pas à sa famille politique, si jamais il n’y a pas élections le 20 décembre prochain.
De 1991 à 1997, Mobutu avait composé avec Étienne Tshisekedi 1, 2 et 3, Mulumba Lukoji 2, Mungul Diaka, Nguz, Birindwa et Kengo. De 2003 à 2006, Joseph Kabila avait composé avec Ruberwa, Bemba et Z’Ahidi qui n’étaient pas de sa famille politique. De 2016 à 2018, Joseph Kabila avait composé avec les Premiers ministres Badibanga et Tshibala issus de l’Udps.
Conséquence : Félix Tshisekedi va devoir composer avec un Premier ministre qui viendra de l’opposition ! Laquelle ? Lamuka de Katumbi, Muzito ou Fayulu ? Fcc de Kabila? Peut-être l’OR de Constant Mutamba ?
Une chose est cependant vraie : à l’instar de Mobutu et de Joseph Kabila, Félix Tshisekedi perdra une partie de l’autorité dont il dispose actuellement.
L’avant-dernier mot de la fin peut embarrasser d’aucuns : la Constitution ne fait pas du Président de la République le patron de l’Exécutif, comme d’aucuns y croient avec pour seule référence la tenue des conseils des ministres.
Contrairement au Sénégal et à la Côte d’Ivoire où le Gouvernement répond de sa gestion devant le Président de la République, en RDC, c’est plutôt devant l’Assemblée nationale ! C’est à l’article 91.
Le dernier mot est l’intitulé de cette livraison étant : « Le processus électoral a tout d’une grossesse… », on est de plein pied dans le compte à rebours.
A partir du vendredi 20 octobre, il restera deux mois ! D’où nécessité d’une interinstitutionnelle en guise d’ “échographie”…
Omer Nsongo die Lema