Face à une jeunesse nombreuse et souvent reléguée à la marge du marché du travail, le gouvernement congolais veut désormais accélérer. En présentant la restitution de la Table ronde nationale sur l’emploi et l’entrepreneuriat des jeunes, mercredi 26 novembre, les ministres Patrick Muyaya et Justin Kalumba ont esquissé une politique qui se veut structurante, volontariste et durable. Formation dès l’école primaire, financement sécurisé, accès élargi aux marchés publics : l’exécutif promet une réforme « de fond », capable de transformer un potentiel démographique longtemps contrarié en moteur économique. À l’heure où le chef de l’État a fait de l’emploi des jeunes un axe prioritaire de son deuxième mandat, cette stratégie entend rompre avec les dispositifs ponctuels pour bâtir un véritable écosystème entrepreneurial national. Reste désormais à traduire cette vision en actes concrets, province par province, métier par métier.
À Kinshasa, le gouvernement congolais a réaffirmé, mercredi 26 novembre, son ambition d’opérer un tournant décisif en matière d’emploi et d’entrepreneuriat des jeunes. Le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, et celui de l’Entrepreneuriat et des PME, Justin Kalumba Mwana-Ngongo, ont présenté la restitution officielle de la Table ronde nationale organisée du 18 au 20 novembre au Palais du Peuple, sous la supervision du président Félix Tshisekedi.
475 jeunes y ont participé, 305 recommandations ont été formulées et 12 fléaux majeurs ont été identifiés : un diagnostic d’ampleur qui, selon les deux ministres, doit désormais guider l’action publique. « Nous devons introduire le cours d’entrepreneuriat dès la formation de base », a insisté Justin Kalumba, défendant une réforme qui se veut “fondatrice”.
Le ministre a rappelé qu’un premier chantier avait été lancé dès 2019 autour du programme Pronadec, articulé sur trois piliers : capacitation, crédit, contrat de marché, aujourd’hui renforcés.
Un triptyque État–entreprises–formation pour “changer la donne”
Le gouvernement, assure Justin Kalumba, entend consolider un écosystème entrepreneurial encore trop dispersé. La transformation de l’OPEC en ANADEC doit permettre d’accompagner les porteurs de projets, tandis que la création du Fogec répond aux difficultés persistantes d’accès au crédit, en particulier pour les femmes.
Le troisième pilier, l’accès aux marchés, est présenté comme « indispensable » pour garantir la viabilité des PME. Grâce à la collaboration avec l’ARSP, les jeunes entrepreneurs peuvent désormais accéder plus facilement aux marchés publics ou aux chaînes de sous-traitance, notamment dans des secteurs stratégiques comme les hydrocarbures. Le ministre plaide pour une « préférence nationale assumée », destinée à ce que les richesses produites profitent davantage aux Congolais.
Sur le volet de la formation professionnelle, désormais érigé en priorité, le gouvernement projette la création d’une école de métier par province, alignée sur les besoins économiques locaux. « Il s’agit de réconcilier qualification et emploi », a souligné Justin Kalumba, affirmant que la main-d’œuvre doit être préparée « là où elle sera demandée ».
Une volonté politique affirmée dans le second quinquennat Tshisekedi
Au-delà des réformes techniques, Patrick Muyaya a rappelé que la lutte contre le chômage des jeunes s’inscrivait dans une dynamique politique assumée du second mandat présidentiel. La Table ronde, convoquée par Félix Tshisekedi lui-même, est présentée comme un instrument de planification nationale, destiné à aligner la formation, l’emploi et l’entreprise, les « deux pieds et un trépied » selon la formule du ministre de l’Entrepreneuriat.
Le gouvernement assure vouloir rompre avec les programmes dispersés ou épisodiques pour installer une politique lisible, cohérente et durable. « Si une cohérence parfaite est établie entre ces composantes, les résultats seront mécaniquement garantis », a affirmé Justin Kalumba.
À l’heure où près de 70 % de la population congolaise a moins de 25 ans, ce volontarisme gouvernemental est présenté comme une urgence nationale autant qu’une opportunité historique. La mise en œuvre reste toutefois l’épreuve décisive, alors que la pression démographique s’intensifie et que les attentes de la jeunesse demeurent immenses.
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