Désigné président de la sous-région Afrique centrale de l’Association des Banques Centrales Africaines (ABCA) pour l’exercice 2025-2026, lors du Conseil des gouverneurs réuni du 23 au 28 novembre à Yaoundé, le gouverneur André Wameso se voit confier un mandat stratégique : coordonner l’harmonisation des politiques monétaires dans une région où les défis de convergence demeurent considérables. Alors que seules 12 banques centrales sur 53 respectent les critères macroéconomiques de premier rang, cette désignation marque un tournant pour la RDC, désormais attendue sur un rôle de stabilisateur et de catalyseur régional. Entre urgence climatique, pression sur le coût du capital et impératif d’intégration financière, Kinshasa prend la tête d’un chantier continental qui doit préparer la voie vers une future monnaie africaine.
La Banque centrale du Congo (BCC) s’est imposée, à Yaoundé, comme l’un des nouveaux acteurs moteurs de l’intégration financière africaine. Réuni du 23 au 28 novembre dans la capitale camerounaise, le Conseil des gouverneurs de l’Association des Banques Centrales Africaines (ABCA) a désigné le gouverneur André Wameso à la présidence de la sous-région Afrique centrale pour l’exercice 2025-2026. Une décision lourde de sens, qui traduit la montée en puissance de Kinshasa dans la coordination monétaire régionale.
Durant cette 47ᵉ réunion annuelle, organisée par la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), les discussions ont été largement dominées par l’évaluation du Programme de Coopération Monétaire en Afrique (PCMA). Les chiffres dévoilés ont rappelé l’ampleur du chemin à parcourir : en 2024, seules douze banques centrales sur cinquante-trois ont satisfait aux cinq critères de convergence macroéconomique de premier rang, et seulement trois pays ont rempli les critères de second rang. Un signal d’alarme pour les gouverneurs, qui ont exhorté chaque sous-région à accélérer l’harmonisation de leurs cadres de politique monétaire.
Une responsabilité africaine assumée par Kinshasa
Pour l’Afrique centrale, c’est désormais la Banque centrale du Congo qui aura la charge de piloter la feuille de route, d’assurer la coordination technique et de préparer la région à la 48ᵉ réunion annuelle de l’ABCA prévue au Kenya en 2026. Cette nomination, saluée par plusieurs gouverneurs présents, acte le rôle croissant que la RDC entend jouer dans la gouvernance économique continentale.
André Wameso, qui a participé au Symposium des gouverneurs consacré au thème « Changement climatique et stabilité macroéconomique », a rappelé l’urgence de repenser les modèles économiques face à l’augmentation du coût du capital et aux risques climatiques pesant sur les économies africaines. Pour lui, « aucune stabilité durable n’est possible sans une intégration monétaire mieux organisée et une capacité collective à anticiper les chocs climatiques ».
Cette ligne a trouvé un écho favorable auprès de son homologue de la BEAC, Yvon Sana Bangui, qui a félicité le gouverneur congolais pour sa récente entrée en fonction et pour la vision qu’il porte. Les deux responsables ont reconnu partager des défis macroéconomiques similaires : forte dépendance aux matières premières, vulnérabilité face aux aléas climatiques et nécessité d’approfondir la souveraineté économique. Ils ont convenu de signer prochainement une convention de coopération destinée à renforcer l’échange d’expertise entre les deux banques centrales.
La RDC revendique son rôle dans la souveraineté monétaire africaine
Cette montée en responsabilité intervient dans un contexte où les débats sur la souveraineté monétaire du continent s’intensifient. Membre fondateur de l’ABCA depuis 1965, la RDC affiche désormais clairement sa volonté de peser davantage dans les évolutions institutionnelles qui doivent mener à terme, à une monnaie unique africaine et à la création d’une Banque centrale africaine.
En prenant la tête de la sous-région, Kinshasa se place au centre d’un équilibre politique nouveau : celui d’une Afrique centrale appelée à parler d’une seule voix sur les questions monétaires. Pour la BCC, la mission est double : renforcer la discipline macroéconomique régionale et démontrer que l’Afrique centrale peut être un levier d’intégration, non un frein.
Vers 2026 : une trajectoire sous surveillance
La présidence confiée à la RDC s’étendra jusqu’à la prochaine réunion annuelle, prévue au Kenya en 2026. D’ici là, la Banque centrale du Congo devra présenter l’état d’avancement des réformes régionales, piloter les travaux techniques et porter un discours cohérent sur l’intégration monétaire. Une mission que le gouverneur Wameso a assuré vouloir assumer « avec rigueur, transparence et esprit de coopération ».
À Yaoundé, la RDC n’a pas seulement gagné une présidence. Elle a affirmé une ambition : celle de participer de manière décisive à la construction du futur paysage monétaire africain.
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