Le Roi Mohammed VI a exhorté les COP à abandonner la pratique des “petits pas” lors de son discours au Sommet mondial sur l’Action climatique, qui s’est tenu dans le cadre de la 28ème Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques (COP28) à Dubaï. Il a souligné que les conclusions du Premier Bilan Mondial de la mise en œuvre de l’Accord de Paris témoignent d’une mobilisation mondiale autour de la question climatique.
Néanmoins, souligne le souverain, les efforts d’adaptation demeurent fragmentés, progressifs et très inégalement répartis entre les régions, et particulièrement les plus vulnérables aux effets dévastateurs du dérèglement climatique.
« Les mesures audacieuses ne s’organisent pas en demi-mesures, encore moins selon une vision isolée qui ne fait qu’exacerber les risques, amplifier les dommages et accroître les pertes matérielles, naturelles et humaines. La gestion mondiale de la crise climatique ne peut que s’orienter vers une approche plus adaptée aux contraintes nationales, centrée sur une croissance qualitative durable et surtout sur une vision à vocation humaniste », poursuit la lettre royale.
Le Roi Mohammed VI dresse un bilan qui souligne que le changement climatique s’amplifie inexorablement et par conséquent, les COP doivent, depuis ici et dès maintenant, sortir de la logique des « petits pas », qui la caractérise depuis trop longtemps. Cette approche empirique était – et Je le conçois – nécessaire lorsqu’il fallut convaincre de la pertinence de l’action climatique, voire de l’existence même du changement climatique. Mais, aujourd’hui, cette approche techniciste complexifie les termes d’engagement et réduit le défi climatique à un cercle d’initiés, là où il doit être un enjeu pour l’humanité.
Et tout comme il faut croire en l’action climatique, il faut également être convaincu qu’entre les voix de ceux qui se résignent aux « petits pas », et de ceux qui ne jurent que par les « grandes ruptures » – mues par l’idéologie et portées par le dogme, il y a un chemin médian. Un chemin fait de pragmatisme certes, mais aussi de volontarisme, d’ambition et de vision. C’est ce chemin-là que nous devons faire nôtre, si notre dessein est toujours d’être à la hauteur des engagements souscrits à la COP.21 de Paris en 2015, et à la COP.22 à Marrakech en 2016.
Un Pacte pour l’Action
Aussi nécessaire qu’elle soit, la négociation climatique n’est pas – et ne peut devenir – une fin en soi. Il est un temps pour négocier, et il est un temps pour agir. Le voilà venu, ce temps-là ! C’est un Pacte pour l’Action que Je vous propose de lancer, ici et maintenant. C’est à travers ce Pacte pour l’Action que l’humanité peut démontrer par des actes que les objectifs les plus ambitieux ne sont pas pour autant les moins accessibles.
La profonde conviction du Maroc, dont l’engagement climatique est précurseur, se concrétise à travers plusieurs leviers stratégiques et politiques, dont une Contribution Nationale Déterminée rehaussée en 2021. Notre Nouveau Modèle de Développement est conçu dans une optique de durabilité. Notre Stratégie Nationale de Développement Durable est pensée et déclinée dans une perspective de forte inclusion.
Au Maroc, l’essor des Energies Renouvelables et durables, le développement des filières d’hydrogène vert compétitif, notre connectivité grandissante avec les marchés mondiaux et l’organisation d’une coupe du monde de football entre deux continents sont autant de preuves de la vision d’intégration régionale que nous portons.
C’est cette approche, tournée vers l’action, que nous avons préconisée chez Nous, au Royaume du Maroc : Notre ambition s’est manifestée par des actions sectorielles, concrètes, précises ; elle est structurée dans des Plans d’action détaillés et vérifiables, aussi bien pour l’adaptation, que pour l’atténuation et la décarbonation.
Dans un système mondial toujours inéquitable, l’Afrique a reçu 30 milliards USD des flux annuels de financement climatique en 2020, ce qui représente moins de 12% de ses besoins. Pénalisé et défavorisé, le Continent a pourtant tous les atouts pour devenir la solution climatique mondiale, la solution aux grands défis du 21eme siècle. L’absence d’une solidarité agissante ralentit considérablement l’élan de son action climatique.
Les Assemblées Annuelles du FMI-Banque Mondiale à Marrakech ont conclu à un besoin pressant de réformer le multilatéralisme et le financement du développement, deux leviers que l’humanité a créés pour répondre aux défis du 20eme siècle, deux leviers auxquels nous croyons. C’est cette conviction qui anime la présidence marocaine de l’Assemblée des Nations Unies pour l’Environnement.
Fidèle à son engagement africain, le Maroc poursuit inlassablement ses efforts pour la mise en œuvre des décisions du Premier Sommet Africain de l’Action, tenu en marge de la COP22, particulièrement l’opérationnalisation des trois Commissions Climat africaines du Bassin du Congo, du Sahel et des Etats insulaires africains.
Si la solidarité et l’adéquation sont des principes de l’action climatique internationale, prenons garde à ne pas sanctionner le succès.
Je pense, tout particulièrement, à la situation des pays à revenu intermédiaire qui mènent de front la bataille du développement socio-économique et celle du développement durable. Pour ces pays-là – dont Mon propre pays : le Royaume du Maroc – Je plaide pour une attention spécifique et plus soutenue de la Communauté internationale.
Cela ne serait que justice. En effet, il est équitable que les pays à revenu intermédiaire ne soient pas pénalisés par les progrès qu’ils accomplissent. L’on ne peut leur demander de faire plus, tout en leur donnant moins d’accès aux ressources qui conditionnent ces progrès. Bien au contraire, il n’y a point de meilleures « Success Stories » climatiques à promouvoir et à récompenser que celles des pays à revenu intermédiaire.
Au cours de La COP28, quelque 160 Chefs d’Etat et de gouvernement et représentants des Etats-parties feront des déclarations nationales sur le traitement des questions liées au changement climatique et les plans de leur pays pour revoir à la hausse les engagements de réduction des émissions, alors que le monde se réchauffe à un rythme sans précédent.
Avec alyaoum24.com