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Kinshasa
21 novembre, 2024 - 15:33:55
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SociétéLa une

Mimosa à Kinshasa : le cri d’alarme d’une casseuse de pierres face à l’industrialisation du concassage

Elle s’appelle Nathalie Mujinga. Enrôlée, aux délices de son enfance, dans ce business par sa mère, elle est aujourd’hui, l’une des grandes figures des femmes exerçant cette activité artisanale, à la carrière Koweït Mimosa, dans la commune de Ngaliema.

Portrait d’une casseuse de pierres qui, face à l’industrialisation du concassage de pierres depuis plusieurs années, compte renoncer à son métier, jadis très rentable, et en même temps veut la disparition des usines.

“Avant 2009, on travaillait sur cette île dans le fleuve Congo. Mais avec l’installation de l’usine chinoise de concassage des pierres, on nous avait expulsé. Depuis, il y a beaucoup de difficultés. Auparavant on cassait des pierres comme ça, et il y a une affluence d’acheteurs. Mais aujourd’hui tout est difficile.” La voix mélancolique. Sans cache-nez. La tête baissée en train de casser les pierres avec un marteau, Nathalie Mujinga a 33 ans. Elle avait 13 ans en 2003, quand sa mère, casseuse de pierres, l’a prise, comme ses autres sœurs avant elle, pour l’emmener à la carrière Koweït Mimosa, afin de l’enrôler. Aujourd’hui devenue mère de 3 enfants, cette casseuse de pierres ne souhaite pas emboîter le pas de sa tutrice. “Je n’aime pas qu’ils (enfants) viennent là où je travaille. Parce que les enfants deviennent têtus lorsqu’ils commencent à toucher l’argent et ils n’aimeront plus étudier. Je veux qu’ils fassent autres choses dans la vie”, argue-t-elle le regard fuyant.

La concurrence des prix

Casseuse de pierres a MimosaToute petite à l’époque, Nathalie, n’avait pas conscience que son métier allait avoir du plomb dans l’aile, quand elle amassait encore une fortune considérable. Mais dès nos jours, “depuis que les chinois sont là, vendre est devenu difficile, car ils ont des usines, et des camions qui acheminent directement les caillasses aux différents chantiers des acheteurs. Nous n’avons plus des clientèles. Les acheteurs préfèrent les caillasses de l’usine que celles qui sont fait artisanalement”, confie t-elle. En clair, les industriels et casseuses de pierres n’ont pas une clientèle similaire. Les carrières qui appartiennent aux usines fournissent essentiellement les gros chantiers. La filière artisanale approvisionne les chantiers plus modestes. ” On se retrouve quand l’eau diminue dans le fleuve. En ce moment là, quand les gros camions viennent prendre le sable, on trouve quelques acheteurs. Nous nos acheteurs ce sont seulement les personnes qui ont des petits chantiers ou travaux comme faire les pavements, les bétons, etc. On peut voir une personne accompagnée d’un pousse-pousse, cela après des semaines “, explique, celle qu’on appelle autrement “maman mapasa”. Face à une concurrence mieux organisée, le prix des caillasses n’équivaut pas entre les casseurs de pierres et les usines. ” Nous n’avons pas le même prix. Les usines vendent seulement par tonne. Une tonne s’élève à 32 USD, tandis que chez nous c’est 25 USD, voire on vend aussi le sceau des caillasses à 3000 FC ou un Sac à 6000 FC. Mais les acheteurs partent toujours aux usines vu les avantages qu’ils ont en termes de mobilité “, renseigne cette mère de 3 enfants, qui veut le départ de toutes ces usines chinoises. Car, ” on se sent comme si nous sommes dans un pays étranger, avec cette souffrance or nous sommes chez nous”, se compare t-elle, avec un cœur meurtri.

L’appel au soutien

Nathalie explique que suite à une vie précaire qu’elle mène, comme l’ensemble de ses collègues, à la carrière de Koweït Mimosa, une casseuse de pierres d’entre elles, devenue aujourd’hui la femme d’un officier de la police a créé “récemment” une organisation non gouvernementale pour les soutenir en cas de problème. ” Elle s’est associée avec les prêtres, pour ce fait. Car, en voyant la façon dont on souffre, elle se dit qu’elle n’a pas assez des moyens financiers pour aider tout le monde. C’est ainsi que l’idée de cette ONG, Espoir, lui est arrivée à l’esprit.”

Avec la concurrence de l’industrialisation de concassage de pierres dont Nathalie Mujinga, tout comme ses collègues, fait face à la carrière Koweït Mimosa, la solution est loin d’être trouvée entre ces deux vendeurs des caillasses. Cette jeune femme, qui compte renoncer à son métier, jadis générateur de revenus, pour devenir une femme ménagère, a un message à faire passer : ” Depuis 2009, on ne bénéficie plus du suivi de nos autorités étatiques. On demande qu’ils trouvent la solution à notre problème. On les voit qu’à la proche des élections pour chercher des voix. Qui plaidera donc à notre place ?” S’interroge-t-elle.

CK

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