Située dans la commune de Kalamu, l’avenue du Peuple abrite depuis belle lurette un site de transit des déchets, qui sont évacués au centre d’enfouissement de Kinkole par les engins de l’Hôtel de ville de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC). Accueillant plusieurs jeteurs d’immondices dont la plupart des pousses-pousseurs après la collecte auprès de divers ménages, ce lieu accueille également des trieurs (hommes, femmes et enfants) qui ont réussi à se «professionnaliser» en gagnant parfois des objets des valeurs par « chance » et même l’argent dans l’exercice de leur métier.
Touché par l’état de chômage, certains Kinois ont réussi à tirer leurs épingles du jeu. Sans cache-nez, ils sont nombreux à trier les déchets quotidiennement sur l’un des sites de transit de ces immondices, situé sur l’avenue du Peuple, dans la commune de Kalamu, à Kinshasa. Ils bravent les maladies et parfois même le soleil accablant. Mais comment s’y prennent-ils ?
« J’ai commencé ce travail depuis longtemps dans la commune de Makala jusqu’à arriver ici, car cela me paie. C’est comme hier en triant les déchets, j’ai ramassé 50 USD. Ça n’arrive pas chaque jour mais c’est un problème de chance. De fois aussi on ramasse des bijoux jetés par les gens par ignorance. » La voix aigüe, la tête légèrement baissée et debout, Winner Ngoma, l’un des trieurs de déchets, a aujourd’hui 16 ans. Il avait à peine 10 ans quand il a commencé sa « profession ».
« Nous avec l’école, il n y a pas de possibilité par manque de moyens. Nous avons les petits frères à la maison. Avec les petits moyens qu’on gagne sur ce site de transit et ce qui vient de notre mère, on arrive à les scolariser,» argue-t-il à côté de son grand frère, sous des odeurs nauséabondes.
Le site de transit des déchets de l’avenue du peuple dans la commune de Kalamu puise ses racines du projet d’assainissement urbain de la ville de Kinshasa (Pauk), financé par l’Union européenne (UE) et clôturé au mois d’août 2015. Chaque jour des engins de l’Hôtel de ville de Kinshasa y font la ronde pour vider ces immondices, préalablement triées pour les acheminés au centre d’enfouissement de Kinkole. Winner fréquente ce lieu depuis 2021. Mais avant, « je ne triais que les bouteilles en plastiques qu’on vendait par sac à une entreprise qui les collecte, les traite et les recycle. Un sac des bouteilles se négocie à 5000 FC. Mais depuis que cela ne produit plus grand-chose on s’est tourné vers une autre forme de triage » précise-t-il. Cependant, même s’il arrive de fois à épargner son argent auprès de sa mère, cet adolescent confie qu’il ne lui ai jamais parlé explicitement de son travail de prédilection pour lequel il débourse au moins un montant de 500 FC par jour pour accéder à ce site de transit.
Pour réaliser à son travail, Winner comme plusieurs trieurs de déchets sur l’avenue du Peuple dans la commune de Kalamu, a un sac au dos et un bar de fer à la main droite. Face au risque des maladies liées à l’inspiration des odeurs nauséabondes, renvoyées par des immondices non entretenues et qui se déversent parfois sur la chaussée au point de rétrécir la voie, cet adolescent kinois connait bien se protéger : « avant de quitter la maison je prends les antibiotiques, les médicaments de douleur. C’est ainsi qu’on arrive à résister. Ceux qui ne prennent pas se retrouvent souvent confrontés à des maladies énormes jusqu’à les empêcher de ne plus revenir, » a-t-il confié.
Christian Kamba