Suite à l’échec du mini-sommet qui s’est tenu dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba, le 16 février dernier, entre les Présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame, sous la médiation de l’angolais Joao Lourenço, en marge du sommet des dirigeants de l’Union africaine, une nouvelle rencontre entre Tshisekedi et Kagame semble se concrétiser. Les Présidents Kagame et Lourenço ont eu un échange bilatéral concernant la situation sécuritaire en République démocratique du Congo. Les deux chefs d’État ont convenu des étapes cruciales pour aborder les racines du conflit et souligné l’impératif de maintenir les processus initiés à Luanda et Nairobi en vue d’atteindre la paix et la stabilité dans la région. « Il a été décidé que le Président Kagame accepterait de rencontrer le Président Tshisekedi à une date fixée par le médiateur », a déclaré devant la presse Téte António le lundi 11 mars. Le ministre angolais a ajouté que chaque partie doit encore « œuvrer à cette étape ». En tout état de cause, toute opposition de la part du président rwandais était inenvisageable étant donné que l’implication du Rwanda dans la situation sécuritaire dans l’est de la RDC est indéniable. Grâce à l’action diplomatique active de Kinshasa, des pressions ont été exercées au niveau sous-régional, régional, continental ainsi qu’auprès des autres instances internationales afin de contraindre le régime de Kigali à retirer militairement ses troupes du Nord-Kivu pour concrétiser les processus entamés à Nairobi et Luanda.
Il est manifeste que Paul Kagame, dans une situation délicate, n’avait d’autre alternative que de se conformer aux propositions de la médiation angolaise afin de rencontrer son homologue congolais, Félix Tshisekedi. Ce dernier l’accuse ouvertement et avec des preuves irréfutables de maintenir l’instabilité dans l’est de la République démocratique du Congo dans le but de perpétuer le pillage des ressources naturelles congolaises, qui constitue le fondement de l’économie rwandaise.
Ainsi, le président rwandais a expressément donné son accord pour rencontrer le président congolais. Cette annonce a été faite par le ministre angolais des Affaires étrangères, Tete Antonio, à l’issue d’une réunion entre les présidents angolais et rwandais à Luanda. La rencontre entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame, dont le lieu et la date seront fixés par le président angolais, s’inscrit dans le cadre des efforts continus du médiateur désigné par l’Union africaine visant à rétablir la paix et la réconciliation dans la région, en particulier dans l’est de la République démocratique du Congo.
Selon le ministre angolais, le Rwanda a accepté le principe de travailler avec les délégations ministérielles avant cette étape de la rencontre, un principe déjà accepté par la partie congolaise.
Ce rendez-vous intervient moins de deux semaines après la visite de Félix Tshisekedi à Luanda, au cours de laquelle il avait accepté, sous certaines conditions, de rencontrer Paul Kagame afin de discuter de la crise diplomatique entre les deux pays voisins et des agressions auxquelles est confrontée son pays, la République démocratique du Congo, de la part du Rwanda sous couvert des terroristes du M23. Cette rencontre entre les deux présidents constitue une étape importante vers la résolution des tensions entre le Rwanda et la République démocratique du Congo, offrant ainsi un rayon d’espoir pour la paix et la stabilité dans la région.
Pour rappel, à l’issue de la 24e session ordinaire de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) qui s’est tenue le samedi 9 mars à Malabo en Guinée équatoriale, la CEEAC a vivement souligné l’importance d’une mise en œuvre effective du processus de Luanda visant à résoudre pacifiquement la crise dans l’est de la République démocratique du Congo. Ce processus complète celui de Nairobi (Kenya), exigeant un arrêt immédiat des hostilités, le rapatriement des groupes armés étrangers et le respect par les groupes armés locaux du nouveau Programme de Désarmement, Démobilisation, Réintégration Communautaire et Stabilisation (PDDRC-S). Il a également été souligné la nécessité de mettre fin au soutien aux rebelles et de normaliser les relations diplomatiques entre Kigali et Kinshasa.
Pour Kinshasa, il n’est plus temps d’user de discours ambigus. Par conséquent, un appel est lancé aux Africains en général, et plus particulièrement à la CEEAC, afin qu’ils évitent les discours diplomatiques hypocrites et recherchent des solutions concrètes et rassurantes pour mettre fin à cette crise dans l’est du Congo, qui entraîne des conséquences dévastatrices pour toute la région ainsi que pour ses populations.
Les conséquences humanitaires de la guerre dans l’est de la RDC sont inimaginables. Les Nations unies estiment à ce jour déjà plus de 100 000 le nombre de nouveaux déplacés du fait des combats opposant les forces armées de la République démocratique du Congo aux forces M23/RDF du Rwanda.
Vers la fin de 2023, près de sept millions de personnes étaient déplacées en RDC, dont 2,5 millions uniquement dans le Nord-Kivu.
Infos27